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L'aventurier de l'extrême Mike Horn raconte ses échecs

"Pour moi, le succès, c'est de rester vivant pour que je puisse réessayer." Il a fait le tour du monde, gravi les sommets de l'Himalaya et même traversé l'Antarctique. Mike Horn est connu pour ses exploits et pourtant, l'échec fait partie de sa vie. Pour Brut, il raconte.
Publié le
13
/
08
/
2020

L’échec selon Mike Horn


L’explorateur a connu de nombreux échecs dans sa vie. Et chacun d’entre eux l’a fait grandir. Pour Brut, il explique comment il en a tiré profit.


« L’échec fait partie de ma vie, comme le succès. Si tu as peur d'avoir des échecs, tu ne peux pas avoir du succès », affirme Mike Horn sans détours. L’explorateur a récemment connu des déconvenues lors d’une expédition en Arctique, et il a perdu ses orteils. Mais cela ne l’a pas découragé, au contraire.


« Si j'ai un échec, je peux perdre ma vie »


La différence entre ce que je fais et peut-être quelqu'un qui travaille dans un bureau, c'est que si j'ai un échec, je peux perdre ma vie. En 2006, quand j'étais au pôle pour la première fois, et à 10 jours du pôle j'ai gelé mes doigts. J’ai amputé mes doigts dans la tente pour essayer d'arriver, d’avancer, et j'ai chopé des gangrènes. Mes doigts ont commencé à puer. Dans la tente, je pensais : « Comment je vais cacher ça ? »


Cet échec, c'est terrible. Je suis à 10 jours du pôle et j'y arrive pas. J'appelle ma femme par téléphone satellite et je dis : « Mais Cathy, j'ai gelé mes doigts, je commence à avoir des gangrènes, des doigts pourris. Ça commence à puer. Mais je pense que pour ne pas échouer, je vais continuer. Avec la possibilité de me faire amputer le bras. »


« Faire la différence entre un projet qui peut éventuellement échouer et toi en tant que personne »


Elle me répond : « Mais tu es complètement taré ou quoi ? Comment tu penses que tu peux faire quelque chose, que tu vas rentrer à la maison un demi-homme ? Un homme sans un bras. Parce que tu as peur de gérer l'échec. Tu as peur de ce que les gens vont dire. » Pour moi, ça, c'est le plus grand échec.


L'échec, c'est ce que tu as essayé de faire. Mais Mike Horn, il reste Mike Horn. Avec l'énergie, avec l'envie de gagner, avec des idées un peu folles, des projets qui peuvent échouer. C'est pour ça que tu dois avoir la possibilité de t'éloigner, de faire la différence entre un projet qui peut éventuellement échouer et toi en tant que personne.


« Il faut vivre les moments présents, il faut faire le maximum de choses avec les gens qu'on aime »


Quand j'essaie de grimper le K2, comme je l’ai fait trois fois, je n’arrive jamais au sommet de la montagne. Chaque fois, quand je rentre, pour tout le monde qui regarde, qui ne vit pas autour de nous, c'est un échec. On n'est pas arrivé à notre but. Mais pour moi, le succès, c'est de rester vivant, de rentrer vivant au camp de base pour que je puisse réessayer.


Il y a aussi des échecs permanents, comme lorsque j'ai perdu ma femme. Ce n'est pas moi qui ai décidé qu'elle ne soit plus là, mais je pense aux attentes que j'ai eues dans la vie. Penser qu'on vivra pour toujours. Ça, c'est un échec dans mes pensées. C'est pour ça que je dis : « Il faut vivre les moments présents, il faut faire le maximum de choses avec les gens qu'on aime. Et il ne faut pas repousser ça dans la vie, parce que ça, c'est le vrai échec. »