Cette vidéo sera publiée prochainement

L'histoire de Black Lives Matter

Trois femmes noires, Patrisse Cullors, Opal Tometi et Alicia Garza, ont créé ce hashtag en 2013 après des meurtres de Noirs par des policiers blancs. Aujourd’hui, il est plus que jamais d’actualité.
Publié le
15
/
06
/
2020

Tout commence en 2013. Patrisse Cullors, Opal Tometi et Alicia Garza, trois femmes noires, utilisent pour la première fois l’expression “Black Lives Matter” (littéralement “La vie des Noirs compte”) utilisée sur les réseaux sociaux après l'acquittement du meurtrier de l’afro-américain de 17 ans Trayvon Martin, George Zimmerman. Ecrivaine et militante, Alicia Garza poste alors un message sur Facebook. Le billet d’humeur publié est le suivant : “Black People. I love you. I love us. Our lives matter” (“Personnes noires. Je vous aime. Je nous aime. Nos vies comptent”). Patrisse Khan-Cullors, qui est activiste et artiste, répond : “Black Lives Matter”. Opal Tometi, écrivaine américano-nigériane, complétera le trio en apportant son expertise analytique.

Aux États-Unis, de nombreux jeunes réclament justice pour George Floyd


C’était vraiment bien écrit, comme une lettre d'amour à notre communauté qui disait : "Oui, nous devrions être indignés, nous ne devrions pas rester les bras croisés, nous ne devrions pas prendre cela pour acquis et nous pouvons faire quelque chose." À la fin de son message, elle disait quelque chose comme : "Nos vies comptent, les vies des Noirs comptent." Et notre chère sœur Patrisse a mis un hashtag dessus”, raconte Opal Tometi.

Spike Lee sur la mobilisation massive après la mort de George Floyd


Eric Garner, Mike Brown et Tamir Rice


Patrisse Cullors, Opal Tometi et Alicia Garza encouragent ensuite d’autres personnes à raconter leurs histoires grâce au hashtag #BlackLivesMatter (BLM). La phrase prend de l’ampleur en 2014, après la mort d’Eric Garner, 44 ans, arrêté par deux policiers en civil et étranglé par un policier lorsqu’il est en garde à vue à Staten Island, à New York. Les clés d’étranglement sont interdites à New York depuis 1993. Eric Garner répétera à 11 reprises “I can’t breathe” avant sa perte de connaissance. Il mourra ensuite à l’hôpital. L’ampleur grandit encore après la mort de Mike Brown, un adolescent noir de 18 ans abattu par un policier blanc à Ferguson dans le Missouri, puis après la mort de Tamir Rice, un enfant de 12 ans tué par balle alors qu’il jouait avec un pistolet en plastique à Cleveland, dans l’Ohio. Si les messages rattachés à BLM n’étaient jusqu’ici que présents sur les réseaux sociaux, un mouvement s’organise et les soutiens descendent dans les rues pour dénoncer le racisme des forces de l’ordre américaines. Une première grande manifestation a lieu à Ferguson en août 2014.

Aux États-Unis, George Floyd, un homme noir de 46 ans, est mort asphyxié par des policiers


Trayvon Martin a été jugé pour sa propre mort

Je me souviens qu'à ce moment-là, alors que tout le monde savait ce qui s'était passé et malgré toutes les connaissances, malgré les témoignages, Trayvon Martin a été jugé pour sa propre mort, pour son meurtre. La société américaine, les gens qui en sont témoins, nous avons tous vécu une sorte de traumatisme collectif”, se souvient Opal Tometi. De nombreuses manifestations se tiennent régulièrement, durant lesquelles certains manifestants simulent des “die-in”, c’est-à-dire qu’ils se mettent en scène couchés au sol, comme s’ils étaient morts. D’autres manifestants choisissent de crier leur colère de manière plus radicale. Certains décident d’occuper des centres commerciaux, d’autres bloquent des routes ou des trains. Le mouvement BLM prône toutefois l’action non-violente. Au slogan “Black Lives Matter”, s’ajoutent d’autres slogans comme “I can’t breathe” en référence au cri lancé par Eric Garner et George Floyd quelques minutes avant leur décès. 

Mort de George Floyd : 5 moments-clés


En 2014 toutefois, après le meurtre de deux officiers de la police de New York, le contre-mouvement “Blue Lives Matter” (BLM) voit le jour. Celui-ci exige que les personnes reconnues coupables du meurtre d'officiers de police soient condamnées en vertu des lois sur les crimes haineux.

Le discours poignant du frère de George Floyd


“Vous allez tous à l'université, mes enfants vont en prison et au cimetière”

Certains ont tenté de minimiser l'importance du mouvement Black Lives Matter en disant "toutes les vies comptent", "les vies des policiers comptent". Nous comprenons cela et nous savons que toutes les vies comptent, mais le fait est que lorsque cette nation a ce genre d’histoires de traitement brutal et inhumain, visant les Afro-Américains, en particulier les hommes, et que nous avons le luxe de le voir filmé, alors cela ajoute une toute nouvelle dimension”, explique Robert A. Pratt, professeur d’histoire à l’université de Géorgie.

George Floyd : un témoignage accablant au procès de Derek Chauvin


Une analyse partagée par les manifestants, comme Shorty Davis, qui protestait après la mort de Freddie Gray, en 2015 : “La vie des Noirs compte parce que vous tuez des Noirs. Toutes les vies comptent, mais vous devez penser à ceux qui sont en train de mourir. Quand vous rentrez tous chez vous, nous, on s'inquiète du retour de nos enfants. Vous allez tous à l'université. Mes enfants vont en prison et au cimetière.

Attentat de Buffalo contre des Noirs-américains : prison à vie pour le tireur


George Floyd, Breonna Taylor et Ahmaud Arbery


La même année, Hillary Clinton reprend la phrase lors d’un discours. Puis, en 2015, l'American Dialect Society fait de #blacklivesmatter son mot de l'année. Pendant l'élection présidentielle de 2016, plusieurs manifestants de Black Lives Matter interrompent les événements de la campagne. Entretemps, le mouvement acquiert une reconnaissance nationale.


En 2020, avec les morts de George Floyd, Breonna Taylor et Ahmaud Arbery et les manifestations qu’elles ont déclenché dans les 50 États américains, Black Lives devient une fois de plus un cri de ralliement pour les manifestants de tout le pays. L’Afro-américain George Flyod est décédé à Minneapolis, asphyxié par un policier blanc. 

Assa Traoré, du collectif La vérité pour Adama, répond à Rémy Buisine


Des manifestations et des émeutes éclatent dans le pays. Nombreux sont ceux qui dénoncent les interpellations brutales, qui peuvent mener à la mort des personnes noires américaines arrêtées. De grandes marques comme Netflix et Twitter reprennent cette expression, et elle est peinte au sol en face de la Maison-Blanche, à Washington D.C. Le maire de New York, Bill de Blasio, a également annoncé que “Black Lives Matter” serait peint dans les rues des cinq arrondissements de la ville. 

Les manifestations de Black Lives Matter vs. le siège Pro-Trump du Capitole


La fondation BLM est présente dans de nombreux pays: aux Etats-Unis, mais aussi au Canada, au Royaume-Uni, etc. En France, des rassemblements en mémoire à Adama Traoré ont été organisées. Durant ces manifestations, certains ont scandé le slogan “Black Lives Matter”. Adama Traoré est mort en juillet 2019 à l’âge de 24 ans, deux heures après son arrestation.

Affaire Adama Traoré : 4 ans de bataille judiciaire


Quel est le but du mouvement BLM ?

Le mouvement Black Lives Matter (BLM) a pour objectif de mettre fin aux violences infligées aux communautés noires, notamment par la police. Comme il l’indique sur son site officiel, il souhaite également mettre un terme au “suprémacisme blanc”. Ce mouvement est initialement consacré à la défense des droits civiques des Afro-américains. Il est aujourd’hui dédié à toutes les communautés “vulnérables”, comme les minorités, la communauté LGBTQIA+, queer, transgenres, etc. Sur son site internet, le mouvement se décrit comme un “collectif de libérateurs qui croient en un mouvement inclusif”.

C'est quoi le suprémacisme blanc ?


Qui est à l'origine de BLM ?

Le mouvement Black Lives Matter est né en 2013 aux Etats-Unis lorsque trois femmes (Patrisse Cullors, Opal Tometi et Alicia Garza) utilisent l’expression “Black Lives Matter” après que le meurtrier de Trayvon Martin ait été acquitté. Aujourd’hui, le mouvement n’a pas de représentation politique spécifique. Il se développe et s’appuie majoritairement sur les réseaux sociaux d’initiatives citoyennes.