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L'histoire de Sea Shepherd
Pirates ou sauveteurs des mers ? L'histoire de Sea Shepherd (avec Hugo du Tatou)
Un fondateur recherché par le Japon, des actions parfois controversées pour sauver la vie marine... Brut & Le Tatou retracent l'histoire de Sea Shepherd, une organisation de préservation de l'environnement qui fait parler d’elle.
L’organisation Sea Shepherd, c'est avant tout son fondateur : Paul Watson. La défense des animaux est un combat qu'il mène depuis toujours. « Je suis devenu un activiste quand j'avais 10 ans. Je passais mon été à nager en compagnie d'une famille de castors au Canada. Quand je suis revenu l'année d'après, j'ai découvert que les castors n'étaient plus là et qu'ils avaient tous été tués par des trappeurs » raconte Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd. Alors âgé d’une dizaine d’années, il part à la recherche des pièges pour les détruire et libérer les animaux.
Paul Watson s’engage dès ses 19 ans, en 1969. Il rejoint d’abord les rangs d'une association qui deviendra plus tard Greenpeace. Mais Paul Watson est rapidement considéré comme trop radical. La scission arrive au moment de la campagne contre la chasse aux phoques en 1977, où Brigitte Bardot était venue sur la banquise. Lors de cette campagne, Paul Watson saisit et jette à l’eau le gourdin d'un chasseur de phoques qui venait de fracasser le crâne d'un bébé phoque et qui s'apprêtait à en tuer un second. La direction de Greenpeace considère qu’il s’agit d’un acte de violence et de destruction de propriété privée, en violation avec les règles de non-violence de Greenpeace.
Trop radical pour Greenpeace, Paul Watson fonde Sea Shepherd
Exclu de la direction de Greenpeace, Paul Watson décide de créer sa propre organisation en 1977. Il baptise cette association « Sea Shepherd », ce qui signifie « Berger des mers » en français. Une référence aux bébés phoques que l'on appelle blanchons puisqu’ils sont tout petits et blancs comme des moutons.
La première grosse opération, qui fait connaître Sea Shepherd, c'est le sabordage du baleinier pirate le Sierra en 1979, au large des côtes portugaises. « En frappant le Sierra, nous avons gagné un combat pour les baleines en endommageant toute l'industrie baleinière pirate qui fait actuellement l'objet d'une enquête internationale et qui a peur » déclarait Paul Watson peu après l’évènement. Depuis ce premier sabordage, Sea Shepherd affirme avoir coulé une dizaine de bateaux.
En 2018, Sea Shepherd a mené 31 actions à travers le monde, en mer et à terre. En France, l’organisation a par exemple mené une opération de protection des tortues marines à Mayotte. Sea Shepherd dispose aujourd'hui, d’une flotte de 12 navires. La majorité de son budget annuel de 11 millions d’euros est consacré au carburant et à l’entretien des bateaux. Parmi ceux qui travaillent à Sea Shepherd, près de 95 % sont bénévoles, seule une trentaine de personnes sont payées, dont les capitaines des bateaux, les chefs mécanos et les chefs de pont.
Ces dernières années, Sea Shepherd travaille de plus en plus en partenariat avec des gouvernements pour intervenir dans les eaux territoriales. L’organisation met par exemple en place des opérations avec les gouvernements d'Afrique de l'Ouest pour arrêter la pêche des ailerons de requin. Mais « il faut rester lucide et il faut rester humble par rapport à notre impact, parce que ce n'est pas Sea Shepherd qui va sauver l’océan. On n'a pas les moyens de le faire, mais on est un exemple de ce qui est possible de faire pour agir à son niveau » tempère Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France et co-directrice de Sea Shepherd Global.
Le but de l’association Sea Sheperd est donc de pallier au fait qu’il n'existe pas de police en haute mer. De nombreuses lois, règles et réglementations régissent en effet les hautes-mers, mais il n’y a personne pour les faire respecter : « C’est le Far West » estime Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France et co-directrice de Sea Shepherd Global. « Il fallait que quelqu'un agisse. La Charte mondiale de la nature de l'ONU nous a servi d'autorisation pour intervenir, je l'ai d'ailleurs présentée au tribunal avec succès » précise Paul Watson.
Sea Shepherd, des « pirates de compassion »
Trop violents, agressifs, extrêmes, donc parfois contre-productifs… L’association Sea Shepherd est vivement critiquée par ses opposants, mais aussi par des organisations de défense de l'environnement. Mais l’image de pirate que leurs détracteurs leur donnent est loin de déplaire à Paul Watson : « On est des pirates de compassion au service de la vie marine et on s'oppose aux pirates braconniers qui détruisent la vie » a déclaré le fondateur de Sea Shepherd, rapporte Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France et co-directrice de Sea Shepherd Global.
L’association a repris à son compte la symbolique du pirate pour dessiner son logo. À la place des os, le trident de Neptune qui symbolise la combativité et le bâton du berger qui symbolise la protection. Dans le crâne, on trouve un cachalot et un dauphin, en forme de Yin et Yang, pour symboliser l'équilibre marin.
Une question est systématiquement posée aux volontaires potentiels qui veulent rejoindre l’équipage : « Êtes-vous prêt à risquer votre vie pour sauver une baleine ? » S’ils répondent non, ils ne sont pas sélectionnés. En effet, les risques sont inhérents aux missions « parce qu'on s'attaque à des intérêts économiques qui sont importants et qu'on est face à des gens qui n'ont pas de scrupules » explique Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France et co-directrice de Sea Shepherd Global. Mais la majorité des bénévoles de Sea Shepherd reste à terre, dans des structures locales.
Des méthodes qui ne plaisent pas à tout le monde
« Quand nous pourchassons les braconniers au fin fond du monde ou au beau milieu de l'océan, ils ont peur de nous » raconte Paul Watson. Mais la situation est tout particulièrement tendue entre Sea Shepherd et le Japon, l’un des derniers pays à pratiquer la chasse à la baleine. « Je proteste vivement contre une activité dangereuse qui bloque notre flotte et met en danger la vie et les biens de notre peuple » a par exemple déclaré Katsuya Okada, le ministre japonais des Affaires étrangères.
Suite à ce conflit, le Japon a émis un mandat d'arrêt contre Paul Watson pour plusieurs chefs d’accusation : entrée par effraction sur un navire, atteinte aux biens, entrave à l'activité imposée par la force, coups et blessures. Ces accusations font référence à deux attaques perpétrées contre des baleiniers japonais en Antarctique en février 2010. À cause de ce mandat d’arrêt, Paul Watson a été placé sur la notice rouge d'Interpol depuis septembre 2012. C’est-à-dire que les pays membre d’Interpol déterminent s'ils peuvent détenir ou arrêter une personne, pour que le pays requérant puisse ensuite demander son extradition. Paul Watson habite aujourd'hui le Vermont aux États-Unis et ne quitte pas le pays, par peur d’être bloqué à la frontière américaine au moment du retour.
« Nous vivons dans une société qui n'a jamais été aussi instruite dans toute l'histoire du monde. Il n'y a pas d'excuse à l'ignorance. Nous avons accès à la télévision, aux documentaires, à la presse écrite... Tout ce qui se passe dans le monde, tout le monde peut en être immédiatement informé, sauf si on choisit de ne pas l'être. Les gens sont dans le déni volontaire. Ils ne veulent pas savoir (…) Ce n'est plus une question de choix. Si vous voulez avoir un futur, il vous faut agir. » conclut Paul Watson.