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L'incendie de l'usine de produits chimiques Lubrizol à Rouen, un an après
Lubrizol : que deviennent-ils un an après ?
Il y a un an, un incendie se déclare à l’usine Lubrizol de Rouen : c'est le « scandale Lubrizol ». Brut est parti à la rencontre de ceux qui l’ont vécu.
9.500. C'est le nombre de tonnes de produits chimiques qui ont brûlé lors de l’incendie de Lubrizol, à Rouen. L’usine a pris feu dans la nuit du 25 au 26 septembre 2019.
Un danger sanitaire ?
Nathalie Le Meur, pharmacienne biologiste et membre de l’association Rouen Respire, s’en souvient encore très bien : « Pendant toute la matinée, je suis restée à la maison avec l’idée d’avoir la possibilité de fuir avec ma fille. Au fur et à mesure de la matinée, j’ai vu, au départ, l’incendie, puis le nuage qui arrivait sur la colline en face, qui recouvrait, en fait, toute la colline. »
En moins de 24 heures, les habitants de Rouen et des alentours disent ressentir des symptômes dus à l’explosion. Ils se plaignent notamment de difficultés respiratoires. De plus, ils doutent de la qualité de l’eau et des produits locaux.
« On nous a toujours dit qu’on pouvait continuer à boire de l’eau, mais il y avait quand même beaucoup de personnes qui étaient inquiètes et qui ne consommaient plus d’eau du robinet. Il y a eu la peur de l’amiante aussi, parce que 8.000 mètres carrés de toit en fibrociment sont partis en fumée. Et du fibrociment s’est réparti dans les jardins », raconte Nathalie.
Pour elle, c’est sûr : le « scandale Lubrizol » a pollué l’environnement, mais pas seulement. Il a aussi eu des conséquences graves sur l’image de la ville, sur l'agriculture et sur le commerce.
Lubrizol face à la justice
Le 27 février 2020, l'usine Lubrizol est mise en examen pour « déversement de substances nuisibles » et « atteinte grave à l’environnement ».
Pour Christophe Holleville, secrétaire général de l’Union des victimes de Lubrizol, il faut que des responsabilités soient établies. « Le but, c’est que ces gens-là assument ce qu’ils ont fait à la société, à notre région, et que l’État et la justice condamnent lourdement cette entreprise. Afin de lancer un appel à tous les autres sites qui seraient tentés de faire des économies sur la sécurité au risque de tuer des gens, des simples citoyens. Et la seule chose qui peut faire peur à d’autres sociétés du même type, c’est de se dire : “Si on se met pas aux normes, on perdra beaucoup d’argent.” »
Des agriculteurs indemnisés par l’usine
Pascal Henache est maraîcher bio à Sommery. Il vit À 40 kilomètres de Rouen, dans le Pays de Bray. Il souhaite qu’un préjudice moral et d’anxiété soit reconnu. Et pour cause : comme d’autres agriculteurs, il s’est vu contraint de jeter l’intégralité de sa production.
Toutefois, il est indemnisé par Lubrizol. En contrepartie, il s’engage à ne pas poursuivre la firme. « On a mis du temps à signer leur quittance, leur document. Mais pas le choix. On l’a fait parce qu’on avait besoin de survivre et qu’on n'avait pas du tout de pognon pour engager la procédure. Mais si on avait eu un petit fonds, je pense qu’on l’aurait fait », développe le producteur.
Aujourd'hui, les agriculteurs touchés pour l’explosion tentent de continuer leur travail, même si les clients manquent. Quant à l’usine, elle a aujourd’hui remis en marche 70 à 80 % de sa production.