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La face cachée de la vente de roses racontée par le romancier Oscar Coop-Phane

BRUT BOOK. Offrir une rose en terrasse, c'est a priori romantique (on vous laisse juges). Mais derrière cette fleur, que se cache-t-il réellement ? L'écrivain Oscar Coop-Phane raconte dans son nouveau roman "Rose Nuit" la face cachée et mondialisée de la vente de roses… et la filière qu'il raconte est plus noire que rose.
Publié le
29
/
08
/
2023

Quelle est la vie des vendeurs de roses à la sauvette ? 


On les voit devant les terrasses, devant les restaurants mais finalement, quelle est la vie des vendeurs de roses à la sauvette. Le romancier Oscar Coop-Phane raconte dans son huitième roman Nuit Rose, la face cachée de cette vente de roses qui est finalement plus sombre qu’il n’y paraît. Disponible à la rentrée chez Grasset, l’auteur s'intéresse  au commerce des roses coupées, depuis les terrasses de Paris, les revendeurs qu'on voit dans la rue, jusqu'à leur lieu de production et où elles sont récoltées, en Éthiopie. 

Pour commencer, la plupart de ces hommes viennent  du Bangladesh. Ils quittent tout pour venir à Paris, dans le but d’essayer de faire venir leur famille.  Oscar Coop-Phane explique : “Ils marchent 10 heures la nuit dans Paris, dans le froid, sous la flotte, pour gagner 15 euros. Donc ils vivent en général à plusieurs dans des locaux alors, évidemment, souvent en banlieue, dans des studios tenus par des marchands de sommeil. Ils vivent à six ou sept là-dedans et puis le soir, ils partent tous vendre leurs roses, qu'ils achètent sous un pont à côté de la gare de l'Est. Ces types-là, ils vont aller devant les terrasses où on traîne, nous, dans le 10e, en buvant des bières, mais ils savent d'une certaine manière qu'ils n'y auront jamais accès. Donc c'est vraiment deux mondes qui se croisent, qui se frottent comme ça, mais qui ne pourront jamais communiquer vraiment.”

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Pour écrire son livre, Oscar Coop-Phane s’est rendu en Éthiopie, la source ultime pour comprendre tout le fonctionnement de ce système. La-bas, ce sont essentiellement des femmes, des cueilleuses, en fait, qui coupent des fleurs toute la journée, qui travaillent dans des conditions dégradantes et dégradées. Les hommes pulvérisent généralement des produits avec des protections qui ne sont pas adaptées comme des gants Mappa et un masque anti-covid. “Ils pulvérisent les produits puis ils ont des problèmes de santé assez lourds et conséquents. Et ce que leur proposent les propriétaires des serres pour se protéger des pesticides, c'est de boire un demi-litre de lait par jour. C'est terrible parce que, effectivement, humainement, c'est vraiment sordide. Et de l'autre côté, en termes d'écologie, c'est aussi terrifiant. Parce que, ces serres-là, qui appartiennent jamais aux Éthiopiens, hein, c'est des Hollandais ou des Indiens, pompent toute l'eau qui est là et donc, en fait, tous les agriculteurs autour se retrouvent sur la paille, c'est le cas de le dire, ils ne peuvent plus rien cultiver. Et puis bon, après, ça part en avion-cargo. Donc là encore, pour que vous ayez une idée, en période de Saint-Valentin, il y a sept à huit avions-cargos par jour qui partent d'Addis Abeba avec des cartons de roses qui sont aplaties, frigorifiées et qui arrivent à Aalsmeer, aux Pays-Bas, donc dans ce fameux marché aux fleurs dont je parlais.”  


Le marché aux fleurs d'Aalsmeer


Aalsmeer est le plus grand marché aux fleurs du monde avec  à peu près 1 million de mètres carrés au sol. L'auteur explique que les fleurs sont achetés avec des enchères inversées. “On va partir du chiffre le plus élevé, 100, 99, 98, 97, et le premier qui clique remporte le lot. Les enjeux financiers sont énormes.”

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Que peut-on faire ? 


L’auteur est clair. Il ne sait pas quoi faire pour contrer ce marché qui s’est développé. “Les cueilleuses que j'ai rencontrées là-bas, par exemple, elles étaient ravies de ce travail et pouvaient survivre grâce à ça, quand plein n'ont pas du tout de boulot et donc... Et en même temps... Alors, c'est toute la question, mais c'est la question du capitalisme en général alors, qu'est-ce qu'on fait ? Parce que si on soutient, si on achète, disons, ça peut soutenir des personnes qui en ont besoin et en même temps, on alimente cette machine qui est monstrueuse. J'ai l'impression que pour les fleurs, il commence à y avoir des discours plus écolos, plus humanistes autour de ça. Alors, c'est pas comme la nourriture, comme on se le met pas à l'intérieur de nous, je pense qu'on s'en préoccupe moins. Là, d'un coup, le bio a moins de sens quand on risque pas, nous, d'en mourir. Mais quand même, j'ai l'impression qu'il y a quelques petites poches, j'ai vu pas mal de choses, là, maintenant, où beaucoup de fleuristes disent: "Nous, on fait que des fleurs locales, de saison." Donc il y a un petit mouvement, comme un peu dans tous les domaines marchands, mais je n'ai pas l'impression que... Enfin, en tout cas, les propriétaires des serres n'avaient pas l'air très inquiets.” 


Un style d’écriture 


Dans le livre, il y a trois personnages, alternés d'une manière très simple. On passe de l'un à l'autre puis au troisième, et sur des chapitres volontairement plutôt courts. L’auteur explique que : “J'aime bien, moi, les livres assez courts. Moi, je suis satisfait quand je vais avoir l'impression qu'il n'y a aucun mot en trop, même si je peux avoir envie de jouer sur les sonorités, parce que je trouve que ce qui est intéressant dans la littérature, aussi, c'est vraiment le style et la musique que ça donne. Moi, je pense vraiment les mots comme un rythme. Je sais que certains auteurs vont, eux, avoir vraiment des images. Moi, si vous voulez, que la table soit noire ou bleue, finalement, je m'en fiche un peu en termes d'image, mais si ça sonne mieux "une table noire", elle sera noire. Après, moi, j'ai toujours du mal le type qui écrit derrière. avec les textes ou on sent Et parfois, moi, ça m'arrive de trouver une formule, je suis hyper fier, je me dis "oh ouais, là, c'est super, ces deux mots ensemble, ça envoie", et de la rayer en me disant, même si je trouve que la formule est bonne, je me dis : oui, mais on me voit derrière écrire. Et ça, je trouve ça terrifiant.” 

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