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La porte-parole des Wet'suwet'en s'indigne contre l'État

"Le Canada n'a jamais respecté les gouvernements autochtones" Depuis plusieurs semaines, ce peuple s'oppose à la construction d'un gazoduc qui menace son territoire. Porte-parole des Wet'suwet'en, Molly Wickham a un message pour le gouvernement.
Publié le
22
/
02
/
2020

Projet de gazoduc : la porte-parole des Wet’suwet’en s’insurge contre le Canada


De nombreux autochtones canadiens sont dans la rue et bloquent les trains pour protester contre le projet de gazoduc Coastal GasLink. Molly Wickham s’exprime pour Brut.


« Le Canada n'a jamais respecté les gouvernements autochtones. Il a toujours essayé d'éradiquer nos formes de gouvernance, parce que ça n'est pas compatible avec leurs projets d'extraction de ressources et leur recherche de profit et de capitalisation au détriment des droits humains et des besoins humains », s’insurge Molly Wickham, porte-parole de la communauté autochtone Wet’suwet’en.


Depuis début février, de nombreux autochtones canadiens sont dans la rue et bloquent les trains pour protester contre le projet de gazoduc Coastal GasLink, qui doit traverser le territoire du peuple Wet'suwet'en. Brut a interrogé Molly Wickham.


« La fracturation hydraulique pollue gravement et détruit l'ensemble des cours d’eau »


Je vis sur ce territoire avec ma famille, avec mon mari, nos deux enfants, plus un bébé qui arrive. On vit à l'endroit où le gazoduc(target="_blank") doit être construit. Il y a d'autres familles comme nous, des milliers de personnes. On dépend de ce système, on dépend des animaux, de l'eau, on boit l'eau directement dans la rivière, on chasse les animaux tout au long de l'année, on vit de nos pratiques traditionnelles.


Ce projet, et plus généralement tous les "Gaz Naturels Liquéfiés", sont vendus comme des sources d'énergie propre, pas seulement pour le Canada, mais à travers le monde. Nous savons, après avoir fait des recherches, que la pratique de la fracturation hydraulique pollue gravement et détruit l'ensemble des cours d’eau, car il ne s'agit pas de gaz traditionnel.


« Cela affectera notre capacité à faire perdurer notre culture »


On sait que c'est extrêmement problématique, on sait aussi que nos voisins sur la côte n'ont pas envie de voir des navires pétroliers traverser leurs territoires et leurs eaux. Il y a de nombreux impacts environnementaux qui ne sont pas considérés, alors que ce projet avance. Si ce projet se réalise, cela n’affectera pas seulement ma famille et notre capacité à survivre en tant que Wet'suwet'en, cela affectera notre capacité à faire perdurer notre culture. Depuis que ce projet a commencé, on a vu le déclin de la population de saumons, de la population d'élans, à cause de la crise climatique que nous traversons.


« L’État utilise la violence avec excès contre des personnes désarmées et pacifiques »


Voir tous nos territoires saccagés va nous détruire en tant qu'êtres humains. Le mouvement de protestation est composé de représentants autochtones et d'autres citoyens canadiens, des gens qui se considèrent alliés à notre cause et qui reconnaissent l'injustice du système et de l'État colonial. Ils ne veulent pas que ce projet voie le jour, et ils ne veulent pas vivre dans ce genre de société, où les gens sont abusés et où l'État utilise la violence avec excès contre des personnes désarmées et pacifiques.


C'est une grande injustice qui ne touche pas que nous, mais d'autres peuples autochtones à travers le Canada et dans le monde entier. Tout ça continuera d'arriver si nous n'agissons pas. On sait qu'on ne peut pas gagner en utilisant la force. On n'a pas les moyens de nous protéger contre l'armée, contre la réserve militaire, contre l’État, mais on a les moyens de les forcer à nous écouter et de les impacter économiquement.