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La réalisatrice Julia Ducournau sur l’avenir du cinéma
La perte du cinéma
Elle a notamment réalisé Titane en 2021 et Grave en 2016 et est membre du jury du Festival de Cannes en 2023, Julia Ducournau évoque l’avenir du cinéma, à l’heure où les plateformes de streaming ne font que croître en popularité et vident les salles de cinéma. “Aujourd'hui, on ne peut qu'espérer et se battre, parce que moi, j'ai très peur de la perte du cinéma, du médium cinéma, qui est lié à la salle de fait”.
Cinéma : des salles de cinéma à chez soi
En déplaçant le médium sur une plateforme, un ordinateur ou un écran de téléphone, la réalisatrice souligne un point intéressant, auquel un utilisateur ne penserait pas forcément : le geste créateur. “Tous les cinéastes ne pensent pas comme moi, j'ai l'impression que ça déplace le geste créateur. C'est-à-dire qu'on ne pense plus de la même manière, tout simplement. Par exemple, de 500 personnes, qui est en Dolby partout, en surround (son multicanal), ce n'est quand même pas le même travail que quand on sait que ça va être sur un écran plat, où il y a zéro outil pour travailler les méga basses parce qu'on sait que ces méga basses, on ne les entend pas et que le surround, on ne l'aura pas. Donc même s'il y a des gens qui ont les moyens de se payer du matériel très sophistiqué, et tant mieux pour eux, mais on parle d'une minorité quand même. Donc, du coup, aujourd'hui, je me dis que, oui, le médium cinéma est en danger”, explique la cinéaste.
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La pandémie de Covid-19, un accélérateur
Pour elle, le confinement et la pandémie ont eu un effet accélérateur sur un problème déjà existant qui serait arrivé peut-être un peu plus tard. Et penser que ces plateformes vont disparaître est une réelle utopie, selon Julia Ducournau.
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À travers ce combat, elle tente de montrer que les plateformes et le cinéma sont deux expériences opposées et différentes. Pour elle, le cinéma est “une expérience de la communion, de la sensorialité, avec tout un travail sur le son, l'image immense, de soi, dans son existence, son corps et dans le maintenant. Surtout, c'est une expérience du maintenant. Alors que sur un ordinateur, ce que je fais aussi, je regarde des films de plateformes, et tout ça, on met pause, on appelle, on va se chercher à manger. Et finalement, ce n'est pas une expérience du présent mais un peu plus régressive. Ça ne correspond pas aux mêmes besoins tout simplement, donc je ne suis pas sûre que ce soit pertinent de mettre les deux en rivalité ou en corrélation. Pour moi, c'est deux choses qui n’ont rien à voir. Et je pense qu'on a besoin des deux”.