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La rumeur des tatouages sous forme de décalcomanie imbibés de LSD
La légende des tatouages au LSD
« Attention à vos enfants, ils risquent d'utiliser des tatouages en forme de décalcomanie, qui, en fait, sont imprégnés de LSD ». Ce simple tract, circulant de famille en famille à la fin des années 80, a plongé de nombreux parents dans la panique. L’historien Thomas Snégaroff décrypte pour Brut cette étonnante rumeur.
La rumeur des tatouages au LSD naît en France en 1988. Des familles se transmettent un tract qui dit : “Attention à vos enfants, ils risquent d'utiliser des tatouages en forme de décalcomanie, qui, en fait, sont imprégnés de LSD”. « C'est une rumeur sous forme de panique qui va s'emparer de tas de familles dans le sud de la France, d'abord, puis dans le nord, puis même dans les territoires d’outre-mer » raconte l’historien Thomas Snégaroff.
Cette rumeur aura « une force extraordinaire » estime Thomas Snégaroff. Tout le monde la transmet, même s’ils n’y croient pas forcément, préférant se tromper, mais assurer la santé de leurs enfants. Mais d'où vient cette rumeur des tatouages au LSD ? Selon certains sociologues, cette légende remonterait à une opération de police dans le New Jersey, en 1980, huit ans plus tôt. Les policiers tombent sur un stock de buvards imbibés de LSD.
À l’origine de la rumeur : des buvards de LSD à l’effigie de Mickey aux États-Unis
Or, sur ces buvards, on trouve des têtes de Mickey qui permettent de savoir d'où ils proviennent : « Quels sont, en gros, les dealers qui les ont diffusés, les gangs qui les ont diffusés » précise Thomas Snégaroff. C’est à ce moment-là qu’apparaît « une première indication, très différente de celle qui va devenir ensuite la panique, qui dit : “Attention, des enfants pourraient prendre ces buvards pour des tatouages.” Point final » explique Thomas Snégaroff.
Des années plus tard, en 1986, les premiers tracts, mettant en garde sur des décalcomanies potentiellement imprégnés de LSD, commencent à circuler aux États-Unis. Alors, comment cette rumeur arrive en France ? Selon certains, ce fameux tract est traduit en français quand il arrive au Québec, en 1987. « C'est probablement que du Québec, des voyageurs français le ramènent en France » suppose Thomas Snégaroff.
La rumeur aurait probablement duré jusque dans les années 90. « C'est intéressant de voir le cheminement de la santé publique jusqu'à une théorie assez complotiste qui ne tient pas la route parce qu’on a révélé, finalement, qu'il n'y avait jamais eu de plan concerté d'empoisonnement des enfants » conclut Thomas Snégaroff.