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Le kintsugi, l'art de la réparation à la japonaise
C’est quoi, le kintsugi ?
Brut a rencontré Gen Saratani, un artisan de cette technique traditionnelle japonaise qui consiste à réparer la céramique brisée avec de l’or.
Le kintsugi est un art japonais qui consiste à réparer la céramique brisée avec de l’or. Gen Saratani est un urushi de 3e génération, ou un artisan laqueur japonais. Il a appris cette technique traditionnelle il y a plus de 25 ans, au Japon. Installé à New York aujourd’hui, cet artiste utilise son expertise en laque pour le kintsugi, « Pour les gens d’ici, le kintsugi(target="_blank") a des significations particulières, comme la renaissance et la santé de la famille. Je trouve ça très intéressant », explique Gen Saratani.
Un exemple de l’ancienne philosophie japonaise du wabi-sabi
« Cet art date de la fin du XVIe siècle. Les Japonais ne maîtrisaient pas la fabrication de la porcelaine, mais ils maîtrisaient l’urushi à la place, pour fabriquer des bols et des tasses. Ils ne pouvaient pas réparer la porcelaine quand elle était cassée, ils devaient l’envoyer en Chine et en Corée pour la réparer », poursuit l’artiste.
Le kintsugi est un exemple de l’ancienne philosophie japonaise du wabi-sabi, l’appréciation de la beauté à travers la nature imparfaite et éphémère de la vie. Ancré dans les croyances du bouddhisme Zen, elle rejette la quête incessante de la perfection. Grâce au kintsugi, l’or met en avant les fissures sans essayer de les cacher.
« La pièce peut être plus belle qu’avant d’être brisée »
« À l’origine, le mot kintsugi signifiait simplement réparer la porcelaine. Mais depuis qu’il emploie la technique de l’urushi, qui est plutôt particulière, il permet de créer des motifs uniques en or ou en argent. La pièce peut être plus belle qu’avant d’être brisée, ou on peut lui donner un nouveau sens. Le kintsugi est une méthode délicate qui demande beaucoup de temps, de la patience et de la précision », développe Gen Saratani.
Comment pratique-t-on le kintsugi ? « D’abord, on fabrique une pâte avec de la laque et de la farine. On l’applique soigneusement sur les morceaux cassés. Après quelques semaines de séchage, on retouche les éventuelles fissures avec la pâte. La pièce est séchée de nouveau, puis polie. On applique ensuite une nouvelle couche de laque. Enfin, on le saupoudre avec de l’or ou de l’argent. »
Gen Saratani peut consacrer plusieurs mois à ses réparations. Il est l’un des rares artistes urushi formés à cette technique traditionnelle aux États-Unis. Généralement, les gens lui apportent uniquement des objets de grande valeur. « C’est dommage de jeter quelque chose alors qu’on peut réparer ! »