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Le quotidien de Christophe, brancardier

"Je suis une vraie pipelette et c'est une qualité importante pour mon métier." Prise de poste à 9h et c'est parti pour 17 à 18km de marche dans les couloirs de l'hôpital civil de Strasbourg. Christophe est brancardier, un métier essentiel qui ressemble à ça.
Publié le
11
/
07
/
2023

Dans les meilleurs moments…

Christophe, 51 ans, est brancardier depuis 1994 et exerce au nouvel hôpital civil de Strasbourg. “Je suis une vraie pipelette, si on me dit pas de me taire, je ne m'arrête plus, et c'est une des qualités importantes pour le métier de brancardier : communiquer avec les personnes, les services de soins, transmettre ce qu'on sait aux gens qui arrivent, parler de ses expériences, échanger”. 

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Sa journée débute à 9 heures. Pour rester joignable en toutes circonstances, il se munit d’un téléphone DECT ainsi qu’un smartphone où toutes les demandes de transport du régulateur sont notifiées. “C'est l'infirmière en charge du patient qui nous emmène directement chez lui. Donc c'est elle qui nous assure que l'on transporte le bon patient.” Par jour, les demandes de transports s’élèvent en moyenne autour de 350 à 400. “Il faut les articuler, ces 400 demandes. On ne peut pas se permettre d'être en retard sur une grande moitié, il faut qu'on soit le plus ponctuel possible, parce que si on met beaucoup de choses en retard, ça veut dire qu'en fin de programme, il y a des gens qui n’auront pas eu leurs examens, qui n’auront pas eu leur intervention parce qu’on a été en retard.


Mais les missions de Christophe ne s'arrêtent pas simplement à déplacer un patient d’un point A à un point B. Lors de cette journée de service, il doit transporter quelque chose de très précieux : un rein pour un greffon. Récupéré au service de soins, Christophe doit l’amener jusqu’au bloc opératoire pour qu'il soit préparé pour la greffe de la patiente. 

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Comme dans les pires…

Si certaines de ces missions permettent au patient d'améliorer sa santé, le métier de Christophe peut être aussi beaucoup moins joyeux. “Il y a des gens, on les voit quand ils arrivent, on leur fait leur petit examen d'admission, on ne sait pas pourquoi ils sont là, et puis ensuite, on les revoit plus, c'est les collègues qui prennent en charge. Vous savez pas pourquoi, il y en a certains où vous faites tout son parcours : la radio d'admission, vous l'emmenez au bloc, sa sortie de réa... Et, ouais, le plus tragique, c'est quand on les emmène à la morgue.” 


Pour Christophe, le plus dur est d’avoir suivi un patient ainsi que tout son parcours de soins et de l’amener à la morgue. Car l'hôpital possède sa morgue reliée à des couloirs secrets où les brancardiers transportent les patients décédés à l'abri des regards. Dans sa carrière, il a notamment transporté son père jusqu'à la fin. “Mon papa est décédé là, à l'hôpital, c'est moi qui l'ai emmené. Il m'a dit : ‘C'est toi qui t'occupes de moi jusqu’au bout’. Et je l'ai fait, jusqu'au bout.” Il se souvient d’ailleurs de sa première expérience alors qu’il était fraîchement brancardier à l'hôpital de Hautepierre : “On m'a donné un code service, qui était le code de néonatalité. J'ai pris ça dans les mains, c'était comme ça, il avait cette taille-là, c'était emballé dans un champ stérile. J'ai demandé qu'est-ce que c'était, on m'a dit : "Bah... C'est ton patient pour la morgue.” 

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“On aimerait qu’on ait un réel métier”

Aujourd’hui, Christophe souhaite que son activité soit reconnue comme un réel métier, que “la profession de brancardier ne soit plus une fonction mais quelque chose entre la partie aide-soignante, le module de l'aide-soignant, et la partie du métier d'ambulancier pour créer ce métier”, explique Christophe. “On sait qu'on a une carte à jouer pour aider, justement, les soignants à avoir un petit peu moins de pression et un petit moins d'activité dans les services. On n'a pas la reconnaissance de ça, ni dans le diplôme, qui n'existe toujours pas, ni dans le statut même et le salaire derrière. J'ai 29 ans d'expérience, je suis rentré en 1994, et j'ose même pas vous dire que je n’ai pas 1800 euros net par mois”. 

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