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Le réalisateur Romain Quirot raconte son histoire
“Mes parents m’avaient dit : "C’est bien tes rêves de cinéma, tu vas plutôt faire du droit."
Romain Quirot est réalisateur. Brut l’a rencontré alors qu’il prépare le montage de son second long métrage.
“Au début du confinement, j’ai commencé à me dire : vas-y, faut que je fasse un film. Je l’ai nourri pendant 8 mois et je l’ai écrit en 10 jours.
Et la deuxième étape, c’est le storyboard du film où je fais des dessins que je suis à peu près le seul à pouvoir reconnaître.
Je fais du repérage et je fais des petits dessins pour leur dire voilà à quoi pourrait ressembler le lieu. Je leur mets plein de ref.”
Le jeune homme fait quasiment tout depuis son ordinateur portable : l’écriture du scénario et le montage après la réalisation.
“Et du coup, je ne fais pas ça de façon conventionnelle parce que normalement on fait ça bien, on fait ça dans une salle de montage avec un monteur.”
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Cette envie de réaliser, il la ressent depuis qu’il a 7-8 ans.
“J’ai des souvenirs de moi vers 7, 8 ans où je marche comme ça. Je marche comme ça, je longe les murs de chez moi en faisant "frouff", "pfiouf", tu vois, genre une espèce de caméra” explique Romain Quirot en mimant une caméra imaginaire qu'il tient dans sa main et dans laquelle il regarde.
“Et ensuite, mon père avait un caméscope pour filmer des souvenirs de famille. Et un jour, je me dis : mais, en fait, si je prends son caméscope, ça me fait une vraie caméra pour moi, en fait, quoi. Et du coup, j’ai volé son caméscope en secret et j’ai commencé à filmer.”
A partir de ce moment-là, le futur réalisateur ne pense qu’à ça. L’été il travaille pour se payer une vraie caméra. Il propose à sa bande d’amis de faire des vidéos.
“Mes parents m’avaient dit : "C’est bien tes rêves de cinéma, tu vas plutôt faire du droit." Je n’allais jamais en droit, je faisais beaucoup la fête et je regardais beaucoup de films. Et je tournais plein de trucs tout le temps, en fait."
En 2013, il reçoit le Grand Prix du Nikon Film Festival
"Un jour, je suis dans l’amphithéâtre, en pleine épreuve, et là je pose le stylo, je regarde autour de moi et c’est vraiment ça, je vois une meuf faire : yes ! Et je me suis dit : mais jamais je n’aurais ce petit moment de joie parce que j’ai trouvé la réponse, jamais, en fait.
Donc j’ai eu une espèce d’épiphanie, j’ai fait ok, je me casse. Je suis sorti de l’amphithéâtre en mode drama queen, le prof qui m’a couru après avec sa robe de droit dans la rue, enfin, c’était complètement débile, quoi.
Et là, j’ai eu un moment de panique et je me suis dit : qu’est-ce que j’ai fait, en fait ? Comment je vais le dire à mes parents ?
Putain qu’est-ce que j’ai fait, quoi ? Et je suis allé sur Internet et je me suis dit : bon, bah, tu veux faire de l’audiovisuel… Donc j’ai tapé "job audiovisuel" dans Internet et il y avait une annonce d’un obscur site qui s’appelait audiovisueljob.net.
J’y ai répondu à cette annonce en disant "voilà, coucou, je suis étudiant en droit, j’ai fait tous ces courts métrages là, j’aimerais bien travailler." Et je me suis retrouvé dans une toute petite boîte de prod où j’ai fait du montage, j’étais assistant monteur.”
En 2013, Romain Quirot remporte le Grand Prix du Nikon Film Festival pour son film, Un Vague Souvenir.
“Franchement j’étais un peu bouleversé parce que… Pour la première fois, des gens extérieurs, regardent un truc et me disent : "C’est plutôt cool, en fait." Et ça m’a hyper touché.
Ça m’a donné une forme de rage et de me dire : putain, ça vaut le coup et, en fait, tu rêves de faire ça depuis que tu es né et donc il ne faut pas que tu lâches.
C’est une petite mise en lumière qui, à ce moment-là, a été un virage de vie, en fait. Parce que là je me suis dit : c’est ça qu’il faut que je fasse et il faut que je continue à me battre, en fait, parce que sinon je serai malheureux.”
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“Orelsan dit : si t’as envie de filmer, trouve un truc et filme, quoi. C’est aussi simple que ça”
“Entre le Nikon et mon long métrage, mon premier long métrage, qui s’appelle Le Dernier voyage, il s’est écoulé 7 ans. Je me souviens, donc 7 ans pour y arriver, je me retrouve au Maroc, on n’a rien.
On a 1 million pour faire un film de science-fiction, on "bullshit" en disant qu’on a 3 millions, la vérité c’est qu’on a 1 million. Même un film qui se passe dans un appartement à Paris coûte plus cher, quoi.
Je me dis : attends Nikon, tu l’as fait avec rien. Et tu étais plutôt content de ce petit film, je l’aimais bien, moi, ce petit film. Et quand je faisais des films quand j’étais petit, c’était pareil, je faisais avec rien et je kiffais, je prenais du plaisir.
Et entre temps, j’ai eu la chance de faire des pubs et de faire des gros tournages etc. mais ce truc-là, la source de : une caméra, deux copains, c’est la base. D’ailleurs, Orelsan le dit dans une chanson et il a tellement raison.
Il dit : si t’as envie de filmer, trouve un truc et filme, quoi. C’est aussi simple que ça, t’as pas d’excuse.”
Pour le Nikon Film Festival, Matthieu Ponchel et Princia Car ont réalisé un court-métrage en revisitant le slogan “Black Blanc Beur”. Ils nous racontent : “Black Blanc Beur”, il est plus du tout positif ce slogan.