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Les Big Pharma, ces laboratoires pharmaceutiques tout puissants
C’est quoi, les Big Pharma ?
Lobbying, marketing, dissimulations... Arte et Premières Lignes ont enquêté sur les pratiques des géants de l'industrie pharmaceutique pour le documentaire « Big Pharma, labos tout-puissants ».
« Dans la santé, le niveau des prix a peu d’effets sur la demande. J’aurais pu augmenter le prix et faire encore plus de profits, ce qui est mon objectif principal. Nous vivons dans une société capitaliste avec des règles capitalistes et ce que veulent mes investisseurs, c’est que je fasse un maximum de profits. Pas que je fasse un minimum, ni la moitié, ni 70 % : ils veulent 100 % de profits. »
L’auteur de ces propos polémiques, c’est Martin Shkreli, un ancien financier responsable de la hausse de 5.000 % du prix du Daraprim, un médicament utilisé contre le paludisme et une infection causée par le VIH. Aujourd’hui emprisonné, il est devenu le symbole de la financiarisation de l’industrie pharmaceutique.
« C’est un peu les Gafam de l’industrie pharmaceutique »
Luc Hermann, co-réalisateur du documentaire Big Pharma, labos tout-puissants(target="_blank"), a enquêté pendant un an sur les plus grands laboratoires pharmaceutiques qu’on appelle les Big Pharma. « C’est un peu les Gafam de l’industrie pharmaceutique. Ce sont 10, 15 des plus gros laboratoires pharmaceutiques mondiaux, présents sur l’ensemble du marché du médicament. Ils contrôlent et vendent la majorité des médicaments que nous consommons. »
Ces laboratoires dépensent d’importantes sommes en marketing et en lobbying. « Certains sont plus puissants que des États, c’est-à-dire qu’ils ont une capacité de lobbying, un pouvoir financier énorme pour dicter aux différents ministères de la Santé, en Europe ou aux États-Unis, le prix des médicaments, quels médicaments rembourser et dans une course effrénée au profit pour devenir le plus gros laboratoire », affirme le journaliste.
Certains géants de l’industrie pharmaceutique sont accusés d’avoir caché des résultats de leurs essais cliniques. C’est le cas du laboratoire français Sanofi, accusé d’avoir tardé à informer les patients des effets secondaires de l’un de ses médicaments phares : la Dépakine.
« Il y a une forme de cynisme chez les laboratoires pharmaceutiques »
Très efficace contre l’épilepsie, ce médicament est aussi très dangereux pour les femmes enceintes. « Il y a une forme de cynisme chez les laboratoires pharmaceutiques qui cachent, pas tous, certains, les effets secondaires de leurs médicaments. Lorsqu’un laboratoire pharmaceutique a un médicament qui se vend dans le monde entier, c’est très délicat d’annoncer qu’il a un problème. Pour des raisons mercantiles, le laboratoire sait qu’il a un peu d’avance sur ses concurrents sur un médicament, il va essayer d’en vendre le plus possible », analyse Luc Hermann.
C’est le cas de Sanofi, qui savait, assez rapidement, que son médicament était dangereux, affirme-t-il. « Leur défense, devant notre caméra, c’est qu’ils ont informé les autorités de santé. On a vu les courriers : ils ont mal informé les autorités de santé, avec des phrases très alambiquées, extrêmement techniques. La responsabilité du laboratoire, c’est de dire : “Attention, mon médicament a un problème.” Et il faut l’écrire en énorme, il faut même faire une conférence de presse, il faut prévenir les patients. »