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Les cowboys noirs, les grands oubliés de l'Histoire

Lors de la conquête de l’Ouest, un cow-boy sur 3 était noir. Pour Brut, l’historienne Sylvie Laurent parle de ces oubliés de l’Histoire.
Publié le
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2021

“Il y a un grand travail de rétablissement de la vérité historique”


À la fin de la guerre de Sécession en 1865, le Nord connaît un boom économique et démographique. La viande doit être acheminée depuis le Texas vers le Nord du pays. Pour convoyer les troupeaux, il faut des gardiens de bêtes. “L'augmentation de la demande de la part des consommateurs et le peu de main d'oeuvre à cause de la guerre civile fait que l'on emploie ceux qui travaillaient sur les plantations comme esclaves avant 1865, puis comme émancipés, comme "freedmen" à la fin du conflit, pour participer au transport des animaux. Avec évidemment toutes sortes de discriminations” explique Sylvie Laurent, historienne.
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Si l’image du bouvier blanc est née, c’est à travers les spectacles organisés une fois arrivés à destination : “Lorsqu'ils arrivent à destination, souvent, les cow-boys organisent des spectacles pour mettre en scène leur activité de capture des bêtes folles, etc. Et il y a un mythe qui commence à naître : c’est le mythe de la frontière. Dans ce contexte-là, le cow-boy devient l'image de l’Américain typique qui n'a pas peur, qui est seul, qui ne dépend de personne, qui est autonome et qui se défend contre les sauvages. Et donc les spectacles, puis ensuite le cinéma, vont se mettre en scène comme l'Américain stéréotypique, c'est-à-dire le blanc à cheval qui combat la sauvagerie” décrit la spécialiste.
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Aujourd'hui, les gardiens des troupeaux noirs réintègrent progressivement la mémoire collective. Le film The Harder They Fall raconte l'histoire vraie du Rufus Buck Gang, composé de cow-boys noirs et indiens, et de son ennemi, le hors-la-loi, Nat Love. “Il y a un grand travail de rétablissement de la vérité historique et de lutte contre “la suprématie blanche”. Et donc, il y a tout un grand mouvement de relecture de l'histoire américaine pour essayer de la nettoyer de sa partie mythologique et coloniale. Mais du coup, c'est un peu ambigu. A cette idée de la frontière, sont désormais associés les noirs américains. Or derrière cette mythologie, il y a la réalité du génocide amérindien, de l'extinction des espèces et de la maîtrise de la nature, qui a participé aussi de l'aliénation des noirs eux-mêmes. Donc, il y a quelque chose de très ambigu et donc forcément de subversif et de très intéressant dans cette figure du cow-boy noir” analyse Sylvie Laurent.
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