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Little Rock : Thomas Snégaroff raconte la photo de la réconciliation

4 septembre 1957. Pour la première fois, 9 élèves noirs intègrent un lycée blanc à Little Rock aux États-Unis. Et cette photo d'une élève noire insultée par une jeune fille blanche puis celle de leur réconciliation 40 ans après font le tour du monde. Mais l'histoire ne s'arrête pas là… Thomas Snegaroff raconte.
Publié le
29
/
11
/
2019

Deux photos, deux femmes, 40 ans d'écart : l'histoire d'une "réconciliation" entre la communauté noire et la communauté blanche, aux États-Unis


Deux photos, prises à 40 ans d’écart. D’un côté, le 4 septembre 1957, c’est la photo de la haine. Elizabeth Eckord, première Noire à entrer dans le lycée blanc de la ville se fait insulter par une jeune fille blanche, Hazel Bryan. De l’autre côté, 40 ans plus tard, les deux mêmes femmes sont prises en photo par le même photographe devant leur ancienne école : c’est la photo de la réconciliation. L’historien Thomas Snégaroff raconte la réalité de cette histoire.


L’idée vient en réalité d’une historienne locale, Elizabeth Jacoway. Une réconciliation entre Elizabeth Eckord et Hazel Bryan pourrait en effet signifier le "fameux pardon de la communauté noire à l’égard de la communauté blanche", afin d’effacer un passé honteux pour les Blancs américains du sud des États-Unis. Cette deuxième photo, intitulée "Réconciliations" a eu un tel succès qu’elle a été imprimée en poster. Les deux femmes ont été médiatisées et son allées jusqu’à participer ensemble à des émissions de télé et même donner des cours ensemble auprès des jeunes filles : "Le happy end que tous les Américains veulent voir." Cependant, l’histoire ne s’arrête pas là.


"On peut pardonner aux autres mais à condition qu’il y ait une sincérité dans les propos échangés"


De la violence, des insultes, des crachats… C’est ce qu’a vécu Elizabeth Eckord tous les jours pendant l’année scolaire 1957 - 1958. En réalité, même après leur réconciliation officielle, Elizabeth Eckord pense toujours que Hazel Bryan était la meneuse principale de ce mouvement raciste au sein de son lycée. En effet, quarante ans plus tard, à chaque fois qu’Elizabeth demande à Hezel ce qu’il s’est passé, celle-ci reste très évasive. De plus, elle apprend que Hezel tient encore parfois des propos racistes dans son cercle familial. Les deux femmes vont finalement s’éloigner, définitivement cette fois-ci. Cependant, en 2000, les fameux posters "Réconciliation" sont épuisés. Alors, la question d’une éventuelle réédition se pose. Hezel donne naturellement son accord rapidement car cela permet, en quelque sorte, de réhabiliter sa mémoire. Mais étonnamment, Elizabeth donne son accord, elle aussi. Mais il y a une condition… Elizabeth veut qu’on ajoute un petit texte en dessous du poster : "Il ne peut y avoir de véritable réconciliation sans une reconnaissance sincère du passé douloureux que nous avons en commun." Ainsi, Elizabeth Eckord transmet un message universel.