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#MeTooGarçons dans le cinéma : un directeur de casting témoigne
Une vague de témoignages
Directeur de casting “depuis 28 ans”, Stéphane Gaillard explique avoir commencé à recevoir des messages sur son compte Instagram d'acteurs souhaitant le contacter pour lui parler d'un sujet important, sans entrer dans les détails. Lorsqu'il les a rappelés, ils lui ont raconté avoir été victimes d'agressions sexuelles, notamment de la part d'agents. Il précise que ces témoignages se sont rapidement multipliés, jusqu'à atteindre “une dizaine en peu de temps”. Face à ce constat, Stéphane Gaillard a alors décidé de centraliser ces témoignages en créant une adresse email dédiée, "[email protected]".
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Des agressions touchant principalement les jeunes acteurs
Selon Stéphane Gaillard, “la moyenne d'âge des victimes se situe entre 18 et 30 ans pour les agressions sexuelles, et entre 15 et 17 ans pour les viols”. Il explique que dans le cas des mineurs, les agressions se produisent généralement sur les tournages, tandis que pour les majeurs, il s'agit plutôt d'agressions isolées en dehors des plateaux. Stéphane Gaillard souligne que les témoignages qu'il reçoit sont extrêmement détaillés et circonstanciés, allant jusqu'à citer des phrases prononcées par les agresseurs présumés et à identifier des lieux spécifiques comme des appartements où se seraient déroulées des fêtes. Il affirme connaître les "prédateurs" et leurs "systèmes de prédation" bien rodés, et être capable de deviner de qui il s'agit dès la lecture d'un nouveau témoignage.
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“L’ensemble des prédateurs est toujours en activité”
“L’ensemble des prédateurs ont des alliés directs et indirects. Directs, ce sont des agents et des agentes qui silencient leurs clients et clientes. Il y a aussi des directeurs de casting qui silencient les victimes et qui protègent les agresseurs. Il y a aussi toutes celles et ceux qui tournent la tête. Je ne sais pas, je ne veux rien savoir”. Interrogé sur l'omerta qui règne dans le milieu du cinéma, Stéphane Gaillard estime que celle-ci est profondément enracinée dans les fondations mêmes du cinéma, où l'image et la bonne réputation sont primordiales. Il explique que cette loi du silence est entretenue par différents acteurs, comme des agents qui font taire leurs clients, des directeurs de casting qui protègent les agresseurs, et surtout par ceux qui "détournent la tête" et ne veulent rien savoir. Selon lui, le cinéma ne peut pas s'autoréguler et nécessiterait la création d'une instance indépendante pour réguler ce système.
"Le consentement, je ne l'ai jamais donné" — Judith Godrèche
Le témoignage du directeur de casting souligne l'importance de la sensibilisation et de la formation dans l'industrie du cinéma pour prévenir les violences sexuelles. Comme le souligne Judith Godrèche, "il faut que les gens prennent conscience que ce genre de comportement n'est pas acceptable". Des initiatives comme la création de cellules d'écoute et d'investigation peuvent également contribuer à identifier et à sanctionner les abus. L'affaire Me Too a secoué l'industrie du cinéma français ces dernières années, révélant de nombreux cas de violences sexuelles et de harcèlement. Dans ce contexte, le témoignage d'un directeur de casting apporte un éclairage intéressant sur la réalité du terrain.
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Judith Godrèche, connue pour avoir collaboré avec des réalisateurs comme André Téchiné et Jacques Doillon, décrit une situation préoccupante. Selon elle, les abus sont malheureusement fréquents dans le milieu, touchant aussi bien les hommes que les femmes. "Il y a eu beaucoup de dérives, de comportements déplacés, d'agressions", a-t-elle affirmé. Des initiatives comme la création de cellules d'écoute et d'investigation peuvent également contribuer à identifier et à sanctionner les abus.