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Nora Lakheal : infiltrée chez les djihadistes
Norah Lakheal, une française musulmane des Renseignements Généraux infiltrée au cœur des groupes islamistes radicaux
Elle est la première femme à avoir intégré un groupe d’élite de la lutte anti-terroriste, la SORS. Elle a espionné pendant 18 mois un membre d’un groupe islamiste radical. Elle est française, musulmane et fille d’immigrés, voici l'histoire de Norah Lakheal.
Fille d’immigrés, une enfance à se questionner
Les parents de Norah Lakheal sont arrivés en France au début des années 70, originaires de Tunisie. Sa mère est gardienne d’immeuble. “*C’était plutot un logement insalubre. Je me souviens qu’à cette époque, j’avais la rage du ‘Pourquoi ?’ ‘Pourquoi ça m’arrive à moi ?'" Elle décide d'évacuer son sentiment d'injustice avec le sport, la boxe.
Elle y fait une rencontre qui va changer sa vie. Son professeur de boxe est en fait membre de la BRI, la Brigade de Répression et d’Intervention. Norah raconte ses premières impressions : “Je n’étais pas rassurée. J’avais vécu par procuration la mort de Malik Oussekine. La police, finalement, ce n’était pas nos meilleurs amis.”
L’arrivée dans la Police
Norah Lakheal décide finalement d’intégrer les forces de l’ordre, justement pour “changer les choses, pacifier les rapports entre la population et la police”. Elle est affectée à l’Ecole de Police de Reims, où elle subit plusieurs remarques racistes et discriminantes. À partir du 11 septembre 2001, tout bascule pour Norah.
“Mes collègues ne me considèrent plus comme 'la beurette' ou 'l’arabe' mais je deviens 'la musulmane'“ se souvient Norah Lakheal.
Sa mission au sein des Renseignements Généraux
En 2002, les Renseignements Généraux décident de créer des groupes de recherche spécifiquement rattachés à la lutte contre l’Islam radical en banlieue.
“De façon très pragmatique, il avait été décidé de recruter des gens d’origine maghrébine” explique Jean, son ancien chef aux RG.
C’est un travail de surveillance, de traque et d’immersion qui commence pour Norah. Elle est chargée d’espionner Nasser, un homme qu’elle décrit comme “théoricien, très intelligent, plutôt âgé et qui fédérait énormément”.
Après plusieurs mois de filature quotidienne, Norah est démasquée par Nasser.
“J’ai compris ce que c’était que la peur” se souvient-elle. Malgré tout, l’opération permet de déjouer un projet d’attentat.
Pour Jean, “Le travail de ces fonctionnaires n’a jamais été reconnu à sa juste valeur. Quelque part on trouvait normal de leur faire prendre des risques. On demande souvent aux musulmans de faire entendre leur voix quand il y a des attentats, mais au sein de l’administration, au sein de la police, vous avez des flics musulmans qui font ça tous les jours. Et cet engagement là, il passe totalement inaperçu."