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Pourquoi faut-il sauver le permafrost ?
La fonte du permafrost peut faire ressurgir des virus ancestraux
Quatre mégavirus ancestraux ont été découverts dans des échantillons de permafrost fondu. la fonte entraîne également de la pollution et des glissements de terrain.
Véritable boîte de Pandore, le permafrost est un sol continuellement gelé qui renferme de nombreux éléments chimiques et biologiques. Il couvre un cinquième de la surface terrestre. Il est principalement situé en Alaska, en Sibérie, au Groenland et au Canada. Mais depuis peu, le permafrost dégèle. En cause : le réchauffement climatique. Si le dégel continue au rythme actuel, les scientifiques estiment que l'ensemble du permafrost aura disparu en 2100.
La résurgence de virus potentiellement pathogènes dans les régions arctiques
Cette fonte a une conséquence inattendue : la réapparition d'organismes gelés depuis des milliers d’années. « Quelques particules virales encore infectieuses peuvent être suffisantes, en présence de l’hôte sensible, à la résurgence de virus potentiellement pathogènes dans les régions arctiques de plus en plus convoitées pour leurs ressources minières et pétrolières », d’après le CNRS.
En effet, quatre mégavirus ancestraux ont été découverts dans des échantillons de permafrost fondu. De même, des milliers de rennes et un enfant inuit de 12 ans sont décédés après infection à l'anthrax. Absente de Sibérie depuis 75 ans, la bactérie à l'origine de l’infection proviendrait du dégel d'un renne auparavant infecté.
Autre effet dramatique de la fonte du permafrost : la libération de ces gaz à effet de serre. « Cette fonte rend mobilisable la matière organique qui était piégée avant. Et comme cette matière organique est mobilisable, elle peut être dégazée sous forme de dioxyde de carbone et de méthane, qui sont des gaz à effet de serre », développe Xavier Morel, ingénieur à Météo France.
Deux fois plus de carbone dans le permafrost que dans l’atmosphère
D’où un cercle vicieux : la libération de ces gaz à effet de serre participe au réchauffement climatique. « Il y a deux fois plus de carbone dans le permafrost que dans l’atmosphère. Donc, si on transformait tout le carbone du pergélisol en CO2, on triplerait la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Là, ce serait la fin du monde tel qu’on le connait », estime Florent Dominé, chercheur au CNRS.
L'impact de la fonte du permafrost n’est toutefois pas encore intégré aux modèles d’anticipation du réchauffement climatique, déjà alarmistes. Et ce n'est pas la seule menace pour les populations locales. La fonte du permafrost entraîne également des glissements de terrains, emportant habitations et infrastructures.
Aujourd’hui, la communauté scientifique tente d’alerter tous les gouvernements. « On le dit déjà : si on réagit pas maintenant, on va droit dans le mur. Mais il faut pouvoir leur affirmer de façon sûre et certaine à quel point et à quelle vitesse on va dans le mur, et quelle est l’épaisseur du mur, à quel point on va se faire mal » résume Vladimir Tchouprov, membre de Greenpeace Russie.