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Pourquoi les séries et les films nous font désirer la violence ?

"Nous avons été éduqué à minimiser, à rire et à romantiser les agressions sexuelles." Dans les films ou les séries, pourquoi on préfère toujours les "méchants" et pourquoi on trouve que les gentils ne sont pas "sexys" ? Barney Stinson de "How I Met" ou Chuck Bass de "Gossip Girl", ils ont fait rêver des générations malgré leurs comportements. La journaliste Chloé Thibaud nous explique pourquoi.
Publié le
28
/
05
/
2024

Selon la journaliste et autrice du livre “Désirer la violence”, Chloé Thibaud, la fiction a longtemps eu du mal “à érotiser le consentement, la gentillesse et la bienveillance chez les personnages masculins” : "Nous avons été éduqués à minimiser, mais aussi à rire et à romantiser les agressions sexuelles", explique-t-elle. Elle pointe du doigt la scène culte de La Boum, où une agression sexuelle est présentée de manière légère et humoristique. Un garçon fait un trou au fond d’un paquet de pop-corn et le place au dessus de sa braguette ouverte, afin de piéger sa voisine quand elle se sert.

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"Nous avons été éduqués à minimiser, mais aussi à rire et à romantiser les agressions sexuelles"

Chloé Thibaud ajoute que ce phénomène a des conséquences sur la psychologie des spectateurs, qui peuvent finir par penser que les femmes aiment les "bad boys" et que les hommes gentils ne sont pas attrayants. "Nous non plus, en tant que femmes, nous ne respectons pas forcément le non des garçons. Un homme qui nous dit “non”, au lieu de se dire “ok je laisse tomber”, ça va nous donner envie de prendre ce “non” comme un défi et de le changer en “oui”. L’homme qui va nous fuir nous attire davantage que celui qui va nous suivre", reconnaît-elle.

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La journaliste souligne que dans des séries comme How I Met Your Mother ou Gossip Girl, les personnages de "bad boys" comme Barney Stinson ou Chuck Bass ont fait fantasmer les téléspectateurs, malgré leurs comportements problématiques. "La plupart du temps, quand on a un personnage de bad boy dans une série, [...] les scénaristes ont évidemment pensé à expliquer pourquoi est-ce qu'il est aussi méchant. La plupart du temps, je vous le donne dans le mille, c’est à cause d’une femme : une femme qui l’a abandonné à sa naissance, une mère qui ne lui a jamais dit “je t’aime”, etc. Ça réveille chez les spectatrices l’envie de faire changer l’homme qu’elles ont en face d’elles", explique Chloé Thibaud.


Elle remarque que les comédies romantiques présentent souvent le "gentil" comme un personnage peu désirable, au contraire du "bad boy" populaire et viril. Cela a contribué à ancrer l'idée que les femmes préfèrent les hommes au comportement problématique. “Une fois qu’on s’est dit que ce qu’on désirait avant, c’était mauvais pour nous, malsain, violent, sur quoi on fantasme aujourd’hui ? Comment on réapprend à désirer des choses saines pour nous ?” interroge la journaliste. 


Vers une évolution positive avec de nouvelles séries plus saines

Heureusement, la journaliste constate une évolution positive avec de nouvelles séries comme Sex Education ou le reboot d'Ally McBeal, qui travaillent à installer une culture du consentement. "Ça commence à changer, on voit de plus en plus de personnages masculins qui sont à la fois gentils et désirables", se réjouit-elle. Ces séries installent une culture du consentement, “loin de la culture du viol à travers de laquelle j’ai grandi”.

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L'autrice espère que cette évolution se poursuivra, permettant de remettre en question les stéréotypes de genre véhiculés par la fiction pendant de nombreuses années. "C'est un travail de longue haleine, mais c'est important de continuer à déconstruire ces représentations", conclut Chloé Thibaud.


Pourquoi on préfère toujours les méchants et pourquoi on trouve que les gentils ne sont pas "sexys" ?

Selon la journaliste,jusqu'à récemment, la fiction n'a pas réussi à érotiser le consentement, la gentillesse et la bienveillance chez les hommes, valorisant plutôt les personnages de "bad boys" malgré leurs comportements problématiques. Cela a contribué à ancrer l'idée que les femmes préfèrent les hommes au comportement problématique, avec des conséquences sur la psychologie des spectateurs.

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Chloé Thibaud nous livre un regard insolent et pop sur la fascination pour la violence et le désir dans les films et séries. Pourquoi, dans les œuvres de fiction, les personnages de "bad boys" comme Chuck Bass de "Gossip Girl" fascinent-ils plus que les hommes gentils ? La journaliste déconstruit cette tendance, qui a longtemps minimisé et romantisé les agressions sexuelles dans l'histoire du cinéma.


Selon Chloé Thibaud, la société a été éduquée à travers les films et les séries à trouver les hommes violents et toxiques plus "désirables" que les hommes "gentils". Mais l'autrice féministe espère que cette vision des relations amoureuses à l'écran est en train d'évoluer, avec l'arrivée de nouvelles séries plus saines. Après des années de vacances dans la culture des violences, le cinéma et la fiction semblent enfin prendre la mesure de leurs responsabilités.