Raja Meziane, la chanteuse icône de la révolution algérienne

En exil à cause de ses chansons engagées, elle est devenue une icône de la révolution algérienne. Brut a rencontré Raja Meziane.
Publié le
15/3/2020
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Raja Meziane, égérie de la révolution algérienne


La chanteuse a galvanisé les foules avec ses chansons contestataires. L’un de ses tubes a même fait plus de 40 millions de vues sur YouTube.


« Quand on vous associe à une révolution, c’est quand même lourd. J'espère d'être à la hauteur de ce que mon peuple attend de moi », confie la chanteuse algérienne Raja Meziane. Elle est actuellement en exil à cause de ses chansons engagées contre le gouvernement de son pays. 


Vive critique d’Abdelaziz Bouteflika


En 2012, elle sort Revolution, un morceau qui critique le régime du Président algérien, Abdelaziz Bouteflika. « J’ai écrit cette chanson parce que j’ai senti le besoin d’appeler à une manifestation, à une révolution pour pouvoir changer les choses. Ça m’a porté préjudice auprès des institutions de la culture en Algérie. C’est à cause de ça que j’ai été blacklistée partout et sur toutes les télés et les radios », se souvient Raja Meziane.


En 2014, elle refuse de participer à une chanson collective pour l’ex-Président. Ne se sentant plus en sécurité, elle s’installe en République tchèque. « C’était le seul choix qu’on avait. Mon mari a vécu en République tchèque, et c'était la seule direction à prendre. Ça me rend trois fois plus forte et ça me donne encore plus d’énergie pour continuer ce que j’ai toujours commencé, même quand j'étais en Algérie. Je garde espoir. » 


« Le système est aujourd’hui rejeté par tout le peuple »


En mars 2019, quelques jours après le début du mouvement populaire contre le cinquième mandat du Président algérien, Raja sort Allo le système ? « J’appelle ça le système et je dis simplement qu’il n’est plus le bienvenu et qu’il est aujourd’hui rejeté par tout le peuple. Un peuple qui sort depuis un an plusieurs fois par semaine pour demander le départ de ce système qui est là depuis 1962. C'était juste un ras-le-bol, et il n’y a pas 36.000 façons de le faire. »


La chanson est reprise par les manifestants et devient l’hymne de la révolution. Elle a été écoutée plus de 40 millions de fois sur YouTube. « J’ai posté la vidéo vers minuit, et j’ai dormi. Le matin, j’avais reçu des textos de félicitations. J’étais pas vraiment réveillée et je réalisais vraiment pas ce qui se passait. Je m’attendais pas à un tel succès, pour être honnête avec vous. Je l’ai fait pour participer à ce qui se passait, à cette belle révolution, pacifique mais énorme. C’était vraiment pas calculé, parce que pour moi, c’était la suite logique. Si moi, j’y participe pas, je vois pas qui d’autre peux le faire. »


Ce tube vaut désormais à Raja Meziane le titre d’icône de la  « Révolution du sourire ». On la surnomme également « l'égérie de la révolution », « l’icône du Hirak » et « la voix de la révolution ».