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Ryan raconte son agression homophobe
“Le nez, c'est un coup de pied qu'il m'a mis. Dans l'œil, c'est un coup de poing qu'il m'a mis. Et j'ai une bosse derrière la tête, c'est un coup de poing aussi”. Ryan, 19 ans, a été victime d’une agression homophobe alors qu’il était en boîte de nuit à Avignon. Il témoigne : “Samedi soir, on a décidé avec des amis et un garçon que je fréquente de se rendre dans une discothèque à Avignon. Vers 3h30 du matin, je dansais avec le fameux garçon en question que je fréquente. On s'est embrassés et il m’a dit : “Par contre, attention, on est filmés." Je me suis retourné et j'ai vu une personne que je connais bien, qui habite juste à côté de chez moi, nous filmer avec le flash. La phrase exacte que je lui ai dite, c'est: "Si tu pouvais enlever ton flash, ça m’arrangeait”. Il a commencé à devenir virulent dans ses propos, donc une dispute a éclaté. Trois ou quatre fois il m’a répété : "Par contre, tu t'écartes. Plus loin, t'es gay." Les videurs ont vu ça. Bien évidemment qu'ils l'ont viré de la boîte”.
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“Une fois que j'étais au sol, il m’a mis un coup de pied au visage. J’ai vraiment cru que j'allais mourir”
Ryan décide de continuer sa soirée à l’intérieur de la boîte de nuit. “Tout se passait bien. Je décide d'aller au bar avec mon petit ami. Je tombe sur un ami de mon agresseur, qui me jette un verre d'alcool au visage. J'ai demandé à mon petit ami si on pouvait aller devant la boîte, histoire de prendre l'air et que je puisse fumer une cigarette. Ça faisait bien 45 minutes que mon agresseur avait été viré de la boîte. Je sors et, malheureusement, je me suis retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment puisqu'il était devant la boîte. La phrase que je lui ai dite, c'est: "Toi, ne parle pas avec moi”. Je commence à traverser la rue et lui m'a dit: "Je t'encule maintenant ou après ?” C'est les propos qu'il a utilisés. Je continue à marcher et en venant de dos, il m'a mis un coup de poing à la tête. Ensuite je me suis retourné pour essayer de me débattre. Il m’a mis un coup de poing au visage, j'ai perdu connaissance et je suis tombé. Et une fois que j'étais au sol, il m’a mis un coup de pied au visage. Honnêtement j’ai vraiment cru que j'allais mourir”.
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“Je me sens en insécurité permanente parce qu'être un homme gay, on sait qu'on prend des risques”
Ryan poursuit : “J’ai perdu connaissance pendant au moins, je pense, 15 secondes, et après, je me suis relevé, assis sur un banc. Heureusement, j'étais avec le garçon que je fréquente et une amie qui ont tout vu de A à Z. Ils ont appelé la gendarmerie et les ambulances et puis j'ai été amené à l'hôpital d'Avignon par les ambulances”. Les gendarmes arrivent aussi sur place : “Il m'a fait une menace devant les gendarmes en me disant qu'on se reverrait. Parce qu'on habite à cinq minutes l'un de l'autre. Quand je suis rentré chez moi, déjà, il a fallu que j'annonce à ma mère ce qui s'était passé. Je lui ai juste envoyé la photo de ma tête. Elle m'a dit : “Je me doutais qu'un jour ou l'autre, ça arriverait.” Parce que les histoires comme ça, ça arrive à plein de gens. Je ne suis pas le premier, je ne pense pas être le dernier. Le pire, c'est pas forcément physique, parce que je me dis que le physique, ça passe et ça va s'arranger, mais c'est mental. Par rapport à la menace qu'il m'a faite devant les gendarmes, j'évite de sortir de chez moi”.
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“Je veux qu’on parle de mon histoire et que les personnes qui font ça prennent peur”
Depuis, le jeune homme de 19 ans vit dans la peur. “Je ne sors plus en ville parce que j'ai peur de retomber sur lui. Je ne vais plus à l'école pour l'instant, je pense pas y retourner de sitôt. Je me sens en insécurité permanente parce qu'être un homme gay, on sait qu'on prend des risques. Mais là d'autant plus avec ce qui s'est passé... Physiquement, quand je sors, je suis assez extravagant, donc je me suis remis en question sur le fait que je dois peut-être plus faire attention à comment je m'habille quand je sors, etc. Sauf que c'est pas à moi de me remettre en question sur ce genre de choses”.
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Ce qu’il espère aujourd'hui, c’est que son dossier soit traité par la justice : “J’espère que ça va passer en justice. Déjà pour me reconstruire moi-même, pour accepter ce qui s'est passé. Parce que si jamais, c'est classé sans suite, je l'aurai la toute ma vie, je pense. Et puis reprendre confiance. Je veux qu’on parle de mon histoire, qu'on voie ma tête, qu'on voie l'état dans lequel j'étais aussi, parce que j'ai des photos de comment j'étais juste après, que ça puisse être un exemple et que les personnes qui font ça, prennent peur. Je me dis que comme j'ai été assez médiatisé, qu'on m'a vu un peu partout, maintenant, on va réfléchir à deux fois avant de me faire quelque chose”. Enfin, Rayan refuse de vivre dans la peur et de devoir, lui, se cacher après cette agression : “J’assume totalement la personne que je suis. Sur les réseaux sociaux, je me montre au quotidien, le bien comme le mal et ce qui m'arrive. Et donc je montre quand je vais en boîte et que ça se passe bien, je vais aussi montrer quand j’y vais et qu'on m'attend à la sortie”.