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11 questions très simples sur le coronavirus

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sans jamais oser le demander... Les réponses du Pr Philippe Juvin.
Publié le
17
/
03
/
2020

Covid-19 : Rémy Buisine pose vos questions à Philippe Juvin, médecin anesthésiste réanimateur


Lors d’une interview retransmise en direct sur notre page Facebook, le chef des urgences de Pompidou a tenu à rassurer.


Les mesures d’Emmanuel Macron sont-elles à la hauteur ?


Le discours d’Emmanuel Macron a été bien complété par celui du ministre de l’Intérieur. Les propositions de Christophe Castaner sont claires : la philosophie, c’est de ne pas se balader, de rester chez soi, et d’avoir le moins de contacts possible. Je pense que c’est à la hauteur.


Ce matin encore, on a vu des images de transports en commun bondés : n’y a-t-il pas des choses à faire là-dessus ?


Il va y avoir quelques jours de mise en route, mais il ne faut pas se faire d’illusions. Les gens vont s’adapter.


On était obligés d’en arriver là pour faire entrer en vigueur les mesures de confinement ?


Il est important de savoir qu’il n’existe aucun traitement contre cet agent infectieux. À l’heure actuelle, il y a deux manières de le faire cesser. On peut laisser la population acquérir le Covid-19. Tout le monde tombe malade, et quand la moitié a contracté le virus, l’épidémie régresse. À partir de 75% de la population infectée, il n’y a plus d’épidémie. C’est ce qui se passait au Moyen Âge avec la peste. Évidemment, si on optait pour une telle option, les urgences seraient débordées, et il y aurait encore plus de morts. La deuxième manière de lutter, c’est de dire aux gens que pour casser la chaîne de contamination, il faut faire en sorte qu’on ne s’infecte pas.


Combien de malades avez-vous en ce moment à Pompidou ?


Plusieurs malades arrivent tous les jours, avec des symptômes plus ou moins graves. Il faut savoir que la moitié de la population qui a le virus, probablement, ne sait pas qu’elle est malade. Mais elle reste contagieuse. Et l’autre moitié, pour 80 %, présente des signes très banals du Covid-19. Une toute petite partie de cette moitié présente une forme très grave et peut décéder.


On en fait des tonnes parce qu’on est face à un virus qu’on ne connaît pas. L’agent émergent, on ne sait pas comment il peut évoluer. Par ailleurs, la maladie est extrêmement contagieuse : tout le monde peut l’avoir.


Comment vont les hôpitaux ?


Certaines villes de France, notamment dans l’Est, sont submergées, comme Mulhouse, où il n’y plus suffisamment de lits. Colmar aussi. À Paris, deux hôpitaux se sont remplis très rapidement de patients graves, parce que c’est là qu’on les a envoyés. Ici à Pompidou, les choses sont plus calmes. On va probablement remplir l’hôpital progressivement. Cette nuit, un nouveau cas de Covid-19 est arrivé.


On voit que la courbe en Italie ne cesse augmenter : à quand le pic en France ?


On n’a pas de boule de cristal. Mais si on regarde les Chinois, on voit que le premier cas a été détecté le 7 décembre. Ils se sont rendu compte que quelque chose se passait, puis ils ont détecté l’origine de la maladie. En janvier-février-mars, la courbe était descendante. Puis il y a eu la phase toute descendante. Donc ça a duré trois mois et demi. En France, le premier cas, c’était il y a un mois. Mais ce ne sont que des hypothèses.


Le nombre de patients décrits tous les jours, c’est un chiffre purement indicatif et faux, c’est la partie émergée de l’iceberg. On ne teste pas tout le monde, et la moitié des patients sont asymptomatiques.


Pourquoi on ne teste pas toute la population ?


La grande difficulté, c’est la désorganisation du système de santé. Nous devons continuer à faire en sorte de pouvoir prendre en charge les patients qui ont le coronavirus, mais tous les autres aussi !!! Aux urgences, on voir des péritonites, des fractures… Si nous sommes submergés, on n’y arrivera pas. Si on fait des tests sur toute la population, les laboratoires se seront encombrés.


Comment on fait un test ?


C’est simple : on introduit un coton tige très fin et très long dans la narine, au fond. Ce n’est pas douloureux, même si ce n’est pas très agréable. On fait deux-trois mouvements pour gratter, on ressort le coton tige, on le met dans un tube qu’on ferme, on met un emballage, un deuxième emballage, et on envoie au labo. Il recherche sur le coton la trace du passage du virus. Ce test prend du temps : les résultats arrivent en 24h.


L’OMS recommande depuis hier soir de tester, tester, tester. Pourquoi ? Parce que si vous savez que vous l’avez, vous serez plus enclin à rester chez vous.


Combien de temps le virus reste-t-il dans l’organisme ?


Nous n’avons pas de certitude. On sait que la durée d’incubation varie entre deux et 12-13 jours (mais vous ne savez pas que vous êtes malade). Ensuite, vous êtes malade, vous pouvez tousser, cracher, avoir des difficultés respiratoires parois plus graves, mais c’est très rare. Ça dure à peu près deux semaines. Après, le virus a probablement disparu, mais comme on ne fait plus de tests, on n’a pas plus d’infos là-dessus. Donc je dirais que le virus reste trois-quatre semaines total dans l’organisme.


Si on est guéri au bout de 14 jours, il est toujours plus raisonnable de continuer à être extrêmement prudent : prendre ses distances, se laver les mains. Car vous pouvez rencontrer quelqu’un qui a le virus. Quelques cas de réinfection ont été décrits (mais on ne sait pas si ce sont des rechutes ou des réinfections).


Quand verra-t-on les résultats des mesures de confinement ?


Le confinement a produit des effets en Chine : il y a eu une diminution réelle du nombre de cas. On a constaté les effets au bout d’un mois et demi. Le Président a parlé de 15 jours, mais il faut s’attendre à ce que ce soit prolongé. Mais il faut comprendre que personne ne sait, on tâtonne !