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C’est quoi les PFAS ?
Ils doivent leur nom au fait qu’un certain nombre de composé de cette vaste famille est persistant dans l'environnement. On les appelle les “polluants éternels”. “Ce sont des composés fluorés, qui sont utilisés depuis les années 1950 à peu près, parce qu'ils ont des propriétés un petit peu magiques, c'est-à-dire que ce sont des composés qui sont extrêmement stables, très résistants aux températures, très résistants aux autres agents chimiques, qui repoussent l'eau et les graisses, qui ont des propriétés anti-adhésives également. L'ensemble de ces propriétés, finalement, a motivé leur utilisation dans de très nombreuses applications industrielles, par exemple des peintures, des pesticides, des mousses anti-incendie et aussi des applications de la vie courante, par exemple les emballages anti-adhésifs, des poêles anti-adhésives, des vêtements d'extérieur”, explique Pierre Labadie, chercheur en chimie environnementale au CNRS.
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Comment les PFAS entrent-ils dans l’environnement ?
“On peut avoir des émissions sous forme gazeuse pour les PFAS qui sont les plus volatiles, qui ont la capacité la plus grande à passer dans l'atmosphère. On peut avoir également ce qu'on peut appeler du lessivage. Si vous lavez des articles textiles qui contiennent des PFAS, il va y avoir un transfert vers l'eau de lavage, vers les stations d'épuration et vers les cours d'eau, par exemple. Si on prend l'exemple du réseau hydrographique français, c'est-à-dire l'ensemble des cours d'eau, on a une fréquence de détection des PFAS qui est supérieure à 90%”, ajoute Pierre Labadie.
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Les PFAS sont qualifiés de polluants globaux, avec une contamination à l'échelle de la planète, y compris dans les milieux polaires, alors que dans ces milieux, on trouve peu voire pas d’émissions de PFAS. Leur transport se fait donc par l’atmosphère ou par des courants océaniques de très grandes distances.
Est-ce que l’homme peut être contaminé par les PFAS ?
Dans presque tous les échantillons humains analysés, le PFAS est retrouvé un minimum. “Les voies majoritaires d'exposition vont plutôt être la consommation d'eau contaminée ou d'aliments contaminés, puisque, si on prend l'exemple des écosystèmes aquatiques, on peut avoir un transfert des PFAS de l'eau vers tous les organismes. Et donc, si on consomme typiquement des produits de la mer, on peut augmenter notre exposition aux PFAS”, indique Pierre Labadie.
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Est-ce qu’il y a des risques pour la santé ?
Ces polluants peuvent avoir certains effets, les plus connus étant les effets “de type perturbateurs endocriniens, notamment la perturbation de la thyroïde des organismes, des effets cancérigènes qui ont également été mis en évidence et, peut-être le sujet le plus chaud actuellement, c'est l'impact de ces composés-là sur le système immunitaire et notamment sur la réponse vaccinale. On a également mis en évidence des effets sur la fertilité, un impact sur la reproduction”.
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Combien de temps mettent-ils à disparaître ?
Si la production et l’usage de PFAS venaient à cesser, beaucoup seraient pourtant encore en circulation. En conséquence, la source de PFAS va perdurer, selon Pierre Labadie, sur une longue échelle de temps. “Au-delà de ça, on a un stock de PFAS dans l'environnement, dans les sols, dans les sédiments marins... Et ces PFAS-là, ils vont rester. Donc, en fait, c'est une question qu'on va devoir gérer sur des décennies, clairement sur plusieurs générations. Et le puits ultime des PFAS, ça va être les sédiments marins. Et là, en fait, on va avoir un stock de PFAS qui va se constituer et qui sera là sur une très, très longue échelle de temps”.
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Existent-ils des alternatives ?
“Pour un certain nombre d'usages, il existe des alternatives. Par exemple, pour les matériaux de cuisson anti-adhésifs, il existe des alternatives sans PFAS. ll existe également des alternatives pour tout ce qui est vêtements d'extérieur. Il existe d'autres domaines dans lesquels les alternatives sont plus difficiles à trouver. On pense au domaine biomédical, dans lequel on a des usages de PFAS qui, pour l'instant, n'ont pas d'alternative. Un usage qui probablement va être très discuté dans le cadre d'une éventuelle interdiction des PFAS au niveau européen, c'est l'utilisation des PFAS dans les batteries électriques, puisqu'on a un de la promotion des véhicules électriques qui nécessitent l'usage de batteries. Donc là, il y a des choix forts qui vont devoir être faits par rapport à ça”.
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L'Agence européenne des produits chimiques a annoncé le 07/02/2023 qu'elle allait évaluer une proposition de loi déposée par cinq pays du nord de l'Europe visant à interdire les PFAS. Si elle est adoptée, la nouvelle réglementation entrerait en vigueur en 2026 ou 2027. Le gouvernement français a annoncé le 27/06/2023 qu’environ 5000 sites industriels devraient mener une campagne “d’identification et d’alayse” de leurs rejets de substances chimiques PFAS. Le groupe écologiste à l’Assemblée a déposé une proposition de loi visant à interdire les PFAS dès le 1 er janvier 2025, à contrôler sur l’ensemble du territoire national leur présence dans l’eau potable et à s'inscrire dans la loi le principe de pollueur-payeur pour les entreprises responsables de ces pollutions.
