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Clémentine Vergnaud raconte son combat contre le cancer

"Je regarde par la fenêtre et je me dis : 'Tout ça pour ça, ça va s'arrêter là…'" Clémentine a 30 ans et il y a 1 an, elle a appris qu'elle souffrait d'un cancer très rare, agressif et incurable. Son combat contre la maladie, elle a choisi de le raconter dans un podcast, "Ma vie face au cancer". Un témoignage pour aider les autres, et "pour laisser une trace".
Publié le
27
/
06
/
2023

“Je ne veux pas mourir”

Il y a un an, Clémentine Vergnaud, journaliste pour Franceinfo a appris qu'elle souffrait d'un cancer très rare, agressif et incurable, celui des voies biliaires, un cholangiocarcinome. Après cette annonce, elle explique avoir eu cette réaction humaine et naturelle de se dire qu’elle ne voulait pas mourir, puis qu’elle ne souhaitait pas perdre ses cheveux. “Ça m'a moi-même assez surprise parce que je n'étais pas forcément très attachée à mon image. Mais j'avais cette image du cancer au féminin dont le stéréotype est : plus de cils, plus de sourcils, plus de cheveux. Et je ne voulais pas perdre mes cheveux parce que j'avais l'impression que j'allais perdre mon identité au milieu de tout ça”. Cette crainte a été rapidement écartée par les oncologues au vu du traitement que Clémentine Vergnaud allait suivre. Finalement, elle perdra la moitié de sa chevelure. “Quand tu passes la main dans tes cheveux et que tu as une mèche, c'est... Je me suis effondrée en sanglots. C'était horrible”. Son reflet dans un miroir, elle passait parfois deux ou trois jours sans l’entrevoir. 

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“Je me suis privée d’internet”

Durant un long moment, Clémentine Vergnaud s’est privée d’internet afin de ne pas être tenté d’en savoir plus sur son pronostic vital. “Je me suis privée d’internet sauf qu'il y a un moment où quand les médecins ne sont pas très clairs sur le pronostic, (...) on finit par y aller et chercher la réponse qu'on n'a pas dans le cabinet de l'oncologue. Donc j'ai fini, oui, un soir où j'allais encore très mal et où je faisais une énième infection de la vésicule biliaire et n'arrivant pas à dormir, par chercher sur Internet. Quand vous lisez que le pronostic, c'est 7% de survie à cinq ans, quand on est opérable, et moi, je ne suis pas opérable, donc ça veut dire encore moins, voire zéro, quand on lit qu’on est au stade 4, parce que ça, les médecins n'ont pas voulu le préciser ou l'évaluer, ça fait mal et quand on lit que le stade 4, il a à peu près une survie médiane de 12 à 15 mois et qu'on en est déjà à huit mois, on se dit : ‘Bon voilà, les gars, tout est posé”, confie Clémentine Vergnaud. 

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Elle explique alors avoir ressenti une grande déception et un vide intense. Après son rendez-vous au scanner lui jours suivants, la professionnelle de santé lui explique qu’ils n'avaient aucune réponse concernant son pronostic. “Je lui ai expliqué pourquoi j'avais cherché sur Internet. Je lui ai dit: "Voilà, moi, je n'avais pas de réponse. Ça fait plusieurs mois que je n'ai pas de réponse et au bout d'un moment, je n'ai pas réussi à tenir.” Et tout ce qu'elle a su me dire, c'est : ‘Le pronostic, il n'y en a pas, en aucun. Je suis incapable de vous dire si vous serez en vie dans un an, dans deux ans, dans vingt ans’. Elle ne sait pas et personne ne peut savoir”. Et pour cause, le traitement que suit Clémentine Vergnaud est très récent. “Il a deux-trois ans maximum, que même les études, les fameuses études bien chartées, bien faites, les trois quarts du temps, c'est un recul à cinq ans. Et même ça, ils ne l'ont pas”. 

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“Je ne veux pas qu'on me dise 't'es une battante'" 

Cette phrase, Clémentine Vergnaud la déteste. Elle explique n’être ni une battante, ni même être courageuse. “Ça m'est tombé dessus, et c'est juste, je pense, humain et presque animal que de vouloir survivre. Et d'ailleurs, dire ça, ça voudrait dire que les gens qui n'acceptent plus les traitements, qui en ont marre des traitements, pour qui c'est trop lourd et qui se résignent à laisser la maladie suivre son cours ne seraient pas forts, ne seraient pas courageux, alors qu'affronter la mort en face et dire ‘ok, viens me chercher, moi, je ne fais rien’, est-ce que ce n'est pas au moins aussi courageux ?”. 

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Pour elle, qualifier une personne malade de courageux renvoie à l’individu concerné une image qu’il est dans l'obligation de supporter. Si beaucoup pensent que les encouragements du type “bats-toi” ou “n'abandonnes jamais” sont nécessaires, Clémentine Vergnaud explique que c’est aussi un poids. “C’est horrible, parce qu’il y a des jours parce qu'il y a des jours où on a juste envie de baisser les bras, parce que ça fait du bien aussi de baisser les bras. On ne baisse pas toujours les bras de manière définitive, mais parfois on a besoin, pendant une semaine, de baisser les bras, de dire que c'est dégueulasse, d'en avoir marre, de pleurer sur son sort. Il y a des fois où on a besoin de tout ça. Donc les injonctions à toute cette force, c'est, je trouve, ce qu'il y a de plus terrible dans la relation à l'autre”. 

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“Il y a toujours cette angoisse de la mort tapie quelque part”

Un an après le diagnostic, Clémentine Vergnaud l’affirme, elle n’est plus la même femme. “ll y a cette perte de l'insouciance, évidemment, cette espèce d'angoisse de la mort qui est toujours un peu tapie quelque part. Et puis, je suis peut-être aussi quelqu'un, comment dire, d'un peu plus libéré. À la fois, j'ai beaucoup plus d'angoisses, mais à la fois je suis beaucoup plus libérée sur certains terrains. J'assume beaucoup plus aussi mon statut de malade du cancer. Oui, ça a libéré beaucoup de choses en moi, y compris ce côté profiter des moments de la vie, que je n'avais peut-être pas autant avant, et que maintenant, je sais les apprécier, ces petits moments. Donc ouais, ça a changé pas mal de choses en moi”, ajoute-t-elle. 

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Son combat contre la maladie, elle a choisi de le raconter dans un podcast, "Ma vie face au cancer". Une décision qu’elle a prise pour elle mais aussi les autres. “Je l’ai fait pour moi aussi parce que j'avais aussi besoin de parler, besoin que les gens entendent ce que j'ai parfois dit et qui n'était pas entendu, ou ce que je n'ai pas osé dire. J'avais ce besoin-là. J'avais, moi, besoin de laisser une trace, parce que j'ai quand même une survie un peu précaire. Je ne sais pas du tout de quoi demain sera fait. Donc je me suis dit : quitte à devoir quitter cette Terre, peut-être dans quelques mois, autant qu'il reste quelque chose de moi qui soit quelque chose de fort ou, en tout cas, d'humain, de vrai. Et puis, pour les autres, à la fois mes proches et ceux que je ne connais pas, parce que je pense que ça peut libérer la parole et j'aimerais vraiment que ça soit le cas. Et j'ai envie aussi que les autres se sentent compris et osent parler de ce qu'ils ressentent”. 

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“Entoure-toi bien”

Pour Clémentine Vergnaud, l’une des clefs est d’être bien entouré. “C'est vraiment une des clefs, d'avoir un entourage à la fois très doux, très entourant, très cocooning et en même temps, qui va à la bataille avec toi, qui parfois te relève quand tu ne vas pas bien. Moi, je ne sais pas si j'en serais là si je n'avais pas eu cet entourage-là. Et vraiment, toutes les fois où j'avais envie finalement, j'ai fini par penser à eux et je me suis dit: ‘Mais ce serait trop con de vraiment baisser les bras et de ne pas profiter de tout cet amour que tu as autour de toi’”.  

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