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Gravement brûlée, Julie Bourges raconte son accident et sa reconstruction

"Accepter ce qu'il m'est arrivé" Gravement brûlée après un accident, Julie a réussi à se reconstruire grâce au regard des autres. Voici les jours d'après de Douzefevrier.
Publié le
30
/
11
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2020

Le 12 février 2012, la vie de Julie Bourges, 16 ans, bascule. “Douze février 2013, c’est la date de mon accident et c’est la date à laquelle ma vie a basculé.” Avec sa meilleure amie, elle décide de se déguiser en mouton pour le carnaval du lycée. Leurs costumes sont faits de boules de coton. En fin de journée, alors qu’elle allume une cigarette, le costume de Julie s’enflamme. Elle se souvient encore de chaque instant de l’accident. “J’ai 16 ans, c’est le carnaval organisé par mon lycée, avec ma meilleure amie on décide de se déguiser en mouton avec un costume fait à la main, donc du scotch double face collé sur du jean, on pose des boules de coton un peu partout… À la fin de la journée, j’ai ma meilleure amie d’enfance qui me propose de fumer une dernière cigarette, en cachette évidemment, comme ça papa et maman ne le savaient pas. J’allume cette dernière cigarette, la fraise de la cigarette tombe sur mon costume” décrit la jeune femme, avant d’ajouter : “Je me souviens de tout ce qui s’est passé, je me souviens du feu qui monte sur moi jusqu’à ma gorge… Dans ma tête, ce qui se passe, c’est… Reste en vie, en fait. Reste en vie et, OK c’est en train de se passer mais reste en vie”. Prise en charge par les pompiers, elle se réveille d’un coma artificiel trois mois plus tard. 

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« J’étais tout ce qu’il y a de plus normal »

Brut avait déjà rencontré Julie Bourges en 2018. À l’époque, elle venait de se lancer sur Instagram. « Je voulais savoir ce que des personnes extérieures pensaient réellement de ces cicatrices. J’ai fait le pari risqué de croire que les réseaux pouvaient avoir du bon. Et je ne me suis pas trompée », affirmait-elle. Avant son accident, Julie n’avait jamais été exposée au regard des autres. « J’étais tout ce qu’il y a de plus normal. J’étais une jeune fille complètement dans les normes. J’étais gymnaste, super fine, j’avais des longs cheveux blonds, les yeux bleus, une peau parfaite, pas de boutons », se souvient-elle. 


« Aujourd’hui, en fait, presque malgré moi, j’ai un peu ce rôle de docteure et de psychologue sur Instagram », constate Julie Bourges. En 2013, quand elle faisait des recherches sur internet, elle ne trouvait rien sur les grands brûlés. En rendant son histoire publique, elle espère aider les personnes qui traversent le même parcours. « Aujourd’hui, si une adolescente de 16 ans est accidentée, qu’elle est brûlée et qu’elle fait des recherches, elle va potentiellement tomber sur ce que j’ai fait. Elle va tomber sur mon compte, elle va même tomber sur mes collaborations avec certaines marques et elle va peut-être se dire : “OK bah, si elle l’a fait, moi aussi je peux le faire.” »


“La différence c’est que moi, en 2013, j’avais pas d’exemples sur qui m’appuyer. Je ne savais pas sur qui m’appuyer et j’ai dû me faire, entre guillemets, si je peux dire, toute seule. D’où la raison, aussi, de l’ouverture de ce compte Instagram. Aujourd’hui, quand les marques viennent me chercher parce que je suis brûlée, il y a une fierté et, en vrai c’est contradictoire puisque j’ai ouvert ce compte pour avoir des retours positifs par rapport à mon image et aujourd’hui je vis de mon image mais pour moi c’est la plus belle manière d’accepter ce qui m’est arrivé et mon accident, en fait”. 

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« Ce compte Instagram et ma communauté, ça m’a sauvée »

Les années qui ont suivi l’accident ont été pour la jeune femme des années douloureuses, où elle a du faire avec ce nouveau corps : “Pour moi, la plage, ça a vraiment représenté la peur, l’angoisse, l’anxiété. Les pleurs, aussi. Et la douleur, pendant de nombreuses années après l’accident. J’avais peur, en fait, de ne plus jamais pouvoir en profiter comme j’en profitais avant, avec mes copines, j’avais peur de ne plus jamais accepter un maillot, de ne plus jamais accepter mon corps. Aujourd’hui, d’être sur la plage et de me rendre compte que ce n’est plus quelque chose qui me fait peur, forcément c’est un lieu symbolique et c’est quelque chose qui retrace parfaitement mon parcours” commente Julie Bourges.


Partager son ressenti sur Instagram a permis d’aider la jeune femme à avancer dans la vie. “Je pense que j’avais besoin de comprendre pourquoi les gens me regardaient de cette manière, si ça allait durer toute ma vie, et comment j’allais faire, en fait, peut-être pour surmonter tous ces regards. On va se le dire, ce compte Instagram et ma communauté, ça m’a sauvée”. Julie Bourges a eu une longue reconstruction pour soigner ses brûlures de la peau. Elle est l'autrice du livre "Chaque jour compte", publié aux éditions Marabout, dans lequel elle parle de sa résilience. 

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