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Le port du masque en Asie de l'Est : d'où vient cette habitude ?
Petit historique du port du masque
En Asie, porter un masque est bien plus normalisé qu’en Europe ou en Amérique du Nord. Explications.
Dans les pays d'Asie de l'Est, porter un masque en public est un geste de protection quotidien. Dans les transports publics, dans la rue, contre la pollution… « Je ne pense pas que le terme respect soit adapté pour décrire la raison pour laquelle les gens portent des masques. Cela relève plus du sens commun pu de l’habitude. Comme une réponse naturelle à la situation » décrypte Mitsutoshi Horii, Professeur de sociologie japonais.
En Chine, la tradition de se couvrir le visage date de la peste mandchoue de 1910
En Chine, la tradition de se couvrir le visage pendant les crises sanitaires date de la peste mandchoue de 1910. Mais le port du masque s’est largement généralisé dans l’est de l’Asie avec l’épidémie de Sras – un autre coronavirus – qui s’est répandu entre novembre 2002 et août 2003.
L’épidémie avait atteint 30 pays et fait 916 morts, dont 300 à Hong Kong. Au printemps 2003, 90 % des Hongkongais affirmaient porter un masque. Lors des crises de santé suivantes, le geste était acquis : en 2009 pendant l'épidémie de H1N1 et en 2015 pendant l’épidémie de Mers. « Les gens ne sont pas particulièrement fiers de porter des masques, c’est plus, encore une fois, du sens commun. Au contraire, ne pas porter de masque peut être considéré comme négligent ou égoïste », explique Mitsutoshi Horii.
Une habitude répandue par les États-Unis lors de grippe espagnole en 1918
Si le port du masque est aujourd’hui associé aux pays de l’est de l’Asie, c’est pourtant une habitude répandue par les États-Unis. En octobre 1918, alors que la pandémie de grippe espagnole décime les populations mondiales, San Francisco met en place la première loi américaine qui rend le port du masque obligatoire en public. Un mois plus tard, l’Académie de médecine de Paris recommande le port du masque dans les rues de la capitale.
« On demandait aux personnes saines de l’Ouest de porter des masques, mais cette pratique a disparu rapidement. Les masques ne sont restés que dans un contexte médical. Ils sont portés par les médecins ou les malades. À l’inverse, les masques ont continué d’être portés par les gens sains en public, au moins au Japon », développe Mitsutoshi Horii. Entre 1918 et 1920, entre 250.000 et 470.000 Japonais seraient morts de la grippe espagnole.
« Dans l’Ouest, je pense qu’il n’est pas accepté socialement de couvrir son nez et sa bouche »
Pourquoi cette pratique est-elle restée au Japon, mais pas dans les pays de l’Ouest ? « Ma réponse simple, c’est que dans l’Ouest, les gens n’aimaient pas couvrir leur nez et leur bouche, tente Mitsutoshi Horii. Des cultures différentes ont des règles et des codes différents sur les parties du corps qui devraient être couvertes ou celles qui devraient être montrées. Dans l’Ouest, je pense qu’il n’est généralement pas accepté socialement de couvrir son nez et sa bouche, alors que c’est plus acceptable au Japon. »
Aux États-Unis, depuis l’épidémie de Covid-19, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies recommandent désormais le port du masque ou d’un tissu qui couvre le visage lorsque la distanciation sociale n’est pas possible. « Si on considère l’importance des États-Unis dans le domaine de la santé, on peut imaginer que beaucoup suivront l’exemple américain. Dans ce cas, ça peut être un tournant », espère Mitsutoshi Horii.