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Patron de Publicis, Arthur Sadoun brise le tabou du cancer au travail
“Le soutien qu'on vous apporte, c'est 50 % de la guérison”
Au mois de mars, il a été diagnostiqué d'un cancer. Mais il n’a pas décidé de le cacher sur son lieu de travail. Arthur Sadoun est le patron de Publicis, un grand groupe français de communication. Après une opération, on lui a diagnostiqué un HPV, le cancer lié au papillomavirus. “On m'a dit aussi qu'il fallait que j'aie un traitement préventif qui était fait de radios et de chimios. Je savais que mon corps allait changer, je savais que j'allais plus pouvoir voyager et donc j'ai décidé de le rendre public”, explique-t-il.
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La maladie, vue comme un acte de faiblesse ?
Pourtant, ne pas le cacher dans son environnement de travail n’a pas été si simple que cela. “Ça n’a pas pris très longtemps, mais ça a été une décision très difficile, d'abord parce que j'avais beaucoup de gens qui me disaient : ‘Il ne faut surtout pas en parler, parce que c'est un acte de faiblesse et tu ne peux pas te le permettre quand tu es à la tête d'une boîte comme Publicis’, sachant qu'en plus, mon mandat s'arrêtait quelques mois plus tard. Et puis, mon épouse, ma famille, mes amis proches m'ont dit : ‘Écoute, non, je pense que tu as raison, il faut le dire’, donc je l'ai fait.”
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Selon lui, parler de sa maladie chronique sur son lieu de travail reste malheureusement tabou, certains personnes ayant peur de perdre leur emploi. “C'est les gens, notamment aux États-Unis qui se disent : ‘Wow, j'ai un cancer, si demain je suis viré…’, et vous pouvez être viré en une semaine aux États-Unis, ‘non seulement je vais perdre mon salaire, mais en plus, je perds mon assurance maladie’. Là, c'est la fin. Et puis le deuxième cas, qui touche notamment les jeunes, parce que vous pouvez l'avoir à tout âge, il y a beaucoup d'hommes et de femmes, beaucoup de femmes en l'occurrence avec des cancers du sein qui ont 30-35 ans, qui se disent ‘mais si on sait que j'ai eu un cancer à 35 ans, ça va m'empêcher de progresser dans ma carrière’. Ce n'est pas acceptable, ça !”
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“Après avoir eu peur pour notre vie, on a eu peur pour notre travail”
Arthur Sadoun remarque que l’une des premières préoccupations reste l’avenir professionnel. “Après avoir eu peur pour notre vie, on a eu peur pour notre travail. On a eu peur de le perdre, on a eu peur de ne plus pouvoir progresser, on a simplement eu peur de ne plus être au niveau et de décevoir les uns et les autres, et pour beaucoup d'entre eux, beaucoup trop en tout cas, il y a eu cette décision de le cacher.”
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“Il y avait des parents qui avaient décidé de cacher le cancer de leurs enfants juste pour ne pas donner un signe de faiblesse sur leur lieu de travail. Et ça, j'ai trouvé ça, mais absolument inacceptable. La détresse de ces gens, alors qu'une fois de plus, on doit tous être là pour soutenir les gens qui sont malades et particulièrement sur le lieu de travail, m'est apparue comme insupportable.” Il a alors décidé de lancer Working with Cancer, une initiative permettant aux employés de garantir leur vie professionnelle avec une maladie en entreprises.
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“C'est pas parce que vous avez un cancer que vous êtes au bout de votre carrière”
“On va demander aux plus grands CEO mondiaux, on a Wal-Mart, Carrefour, Bank of America, City, Google, Facebook, on va leur demander de s'engager pour que leurs entreprises soient un endroit où on se sente en sécurité quand on a une maladie chronique. Et deuxième chose qui est vachement importante, et peut-être encore plus en France ou dans les pays justement où on a moins de problèmes de sécurité de l'emploi quand on est malade, c'est du coaching individualisé pour vous dire : c'est pas parce que vous avez un cancer que vous êtes au bout de votre carrière”, détaille Arthur Sadoun.
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Il espère alors que cette charte soit mise en place sur l’ensemble des entreprises : “On veut que toutes les entreprises mondiales lèvent la main et disent ‘on va appliquer cette charte’, que derrière, évidemment, ça se développe sur les petites entreprises, ce qui est en train de se passer avec des actions concrètes.”