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Thomas Solignac : les clichés sur l'intelligence artificielle
Les clichés sur l’intelligence artificielle
Thomas Solignac est expert de l’IA. Pour Brut, il met en garde contre certains clichés que l’on peut avoir sur cette technologie.
« L’IA est souvent décevante parce qu'on la fantasme beaucoup », constate Thomas Solignac. À 28 ans, il travaille sur l'Intelligence artificielle dans la société Golem.ai, qu'il a co-fondée. Voici ses réponses aux questions que l’on se pose le plus souvent sur l’IA.
L’IA a-t-elle des attributs humains ?
On s'attend à ce qu'elle ait des attributs comme les humains. Forcément, quand on découvre la réalité, qui est un peu plus simple, on est souvent déçu. Alors que ça fait le travail, mais ce travail est moins fantasmatique, moins rêveur que ce qu'on pourrait voir à la télé.
L’intelligence artificielle, ce n'est pas si différent de ce qu'on connaît dans les programmes normaux. C'est juste un degré de complexité différent. À un moment donné, les problèmes ressemblent à ce que traitent d'habitude les humains, plutôt que les machines.
L’IA va-t-elle prendre le contrôle ?
Le danger qu'on voit dans la science-fiction principalement, c'est celui d'une IA qui prend le contrôle sur l'humain. Mais aujourd'hui, l'IA n'a pas ça. Elle n'a pas d'instinct de survie, elle n'a pas de pensée propre, elle n'a pas toutes ces caractéristiques humaines qui font qu'on aurait peur d'elle.
Par contre, dans sa forme la plus bête et la plus utile, il y a des choses à penser. Par exemple, il y a de l'IA dans les voitures autonomes. C’est ce qui fait qu'elles peuvent conduire toutes seules. Il n'y a pas très longtemps, quelqu'un est mort renversé par une voiture autonome. Là, on a une vraie question sur la responsabilité, sur la qualité des algorithmes qu'on met en place.
La différence avec un conducteur humain, c'est que là, cela va être écrit noir sur blanc. Quelque part dans le code, il y aura écrit noir sur blanc la manière dont l'intelligence artificielle choisit de sauver une personne plutôt qu'une autre. Le fait de devoir écrire cette chose-là, c'est très, très dur humainement et éthiquement. Cela pose de nombreux problèmes.
L’IA a-t-elle uniquement un impact sur les métiers manuels ?
L'IA va prendre de plus en plus de place, sur beaucoup de métiers différents. Surtout des métiers, peut-être, où on ne s'y attendait pas jusque-là. C'est très puissant pour remplacer les chirurgiens, par exemple, parce qu'un chirurgien fatigue. Une opération peut durer sept heures, il y a énormément d'informations à prendre en compte.
Les chirurgiens le disent eux-mêmes : « C’est vrai que parfois, à cause de la fatigue, du temps, on finit par prendre des décisions qui ne sont pas forcément les plus "safe", qui ne sont pas les meilleures à prendre dans une situation donnée. » L'IA, elle ne fatigue jamais, elle prend tous les éléments en compte. On va avoir en fait une IA plus efficace que les chirurgiens, là où, sur d'autres aspects plus manuels, par exemple les infirmières, on va avoir plus de difficultés à les remplacer par une IA.
La recherche et l'innovation vont assez vite, mais la transformation économique, elle, est relativement lente. Il ne faut pas oublier ça. Le fait de changer complètement le rapport au travail, on n'y est pas encore.