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Il veut briser le silence sur la santé mentale dans l'esport
“J'ai eu des passages à vide où j'ai douté de moi. J'ai fait des débuts de dépression. J'ai fait un burn out. Je suis content d'en parler aujourd'hui parce que je pense qu'on n'en parle pas assez, à quel point ça peut être vraiment dangereux”. Richard Papillon, dit Shox, est joueur professionnel de Counter-Strike depuis dix ans. Il alerte sur les dangers de l’esport sur la santé mentale. En juin 2023, le joueur Karel Asenbrener, plus connu sous le pseudo Twisten, s’est suicidé à l’âge de 19 ans. L’annonce a été faite par l’équipe française d'e-sport Vitality. Un drame qui a secoué la communauté de l’esport. “Ça a été quelque chose de très dramatique. Ce qui est sûr, c’est que la pression, elle est chez tout le monde. Et quand on est à haut niveau, on est soumis à l'envers médiatique des réseaux sociaux, qui, d'année en année, est de plus en plus dangereux, notamment pour les jeunes personnes, car on ne nous prépare pas à ça” explique Shox.
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“Il faut parler (des moments difficiles) car si on garde ça pour soi, ça va être de pire en pire”
Dans les commentaires sur les réseaux sociaux, le joueur indique “qu’il y a en général 80 % de méchanceté gratuite, voire de haine, quand les résultats ne sont pas au rendez-vous, ou parce qu'on a fait quelque chose qu'il ne fallait pas, et derrière, si on ne sait pas comment gérer cela, cela peut amener à des fortes dépressions et des choses vraiment gravissimes. C'est un vrai sujet”. Il est arrivé à Richard “shox” Papillon d’aller voir ce qui était dit sur lui. “Quand ça se passe bien, t'es content. Quand ça ne se passe pas forcément bien, tu commences à lire des choses, tu commences même à avoir des menaces... Ça empiète sur ta confiance qui, de base, pouvait commencer à être fébrile. Ça te l'enterre totalement. Et quand tu es tout seul et que tu ne vas pas parler de la situation, tu commences en fait à donner raison à ces gens-là et tu commences à penser qu'ils ont raison”.
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C’est ce qui est arrivé à Richard “shox” Papillon. Il se souvient : “Ça m'a vraiment fait beaucoup de mal. Ça a impacté mon niveau à haut niveau, ça a impacté mon moral, ça a impacté ma vie perso. Je ne savais pas trop comment faire pour, quelque part, répondre à ces gens-là, j'aurais pu répondre quoi que ce soit, ils m'auraient bashé deux fois plus, donc j'ai décidé de ne plus y aller. J'ai fait une coupure pendant plusieurs mois, et c'est ce qui m'a aussi permis d'aller mieux”. Avec le recul, et s’il devait donner des conseils à certains joueurs ou certaines joueuses confrontés à ce moment difficile, il commencerait par les rassurer : “On passe tous, dans la vie, par des moments plus hauts, plus bas. (...) C'est normal, c'est humain. (...) Et il faut en parler, car si on garde ça pour soi, ça va être de pire en pire. Penser qu'on va réussir à traverser ça tout seul, c'est un peu se mettre le doigt dans l'œil. Demander de l'aide c'est totalement normal et nécessaire pour aller mieux”.
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Il conseille aux jeunes joueurs de “se tenir loin, le plus loin possible des réseaux”
Pour le joueur, il est essentiel d’être entouré pour “aller mieux”. “Quand je parle d'entourage, ça ne va pas être les réseaux sociaux, ça ne va pas être les personnes qu'on connaît pas, qui vont vous juger sans vous connaître. Je parle vraiment de la famille et des amis proches”. Ce qui est important est d’“essayer chaque jour d'aller un petit peu mieux”. Il confie avoir pu être mal pendant “des semaines ou des mois”. “J'ai aussi fait appel à des psychologues. Ce ne sont pas des choses qu'on nous apprend à l'école, gérer les émotions, qu'est-ce que la peur, le fait que ce soit normal qu'elle arrive, le bon stress, le mauvais stress, comment respirer... Tout ce genre de choses qui sont des outils pour t'aider. Car la peur, tu l'auras tout le temps. Le stress, tu l’auras tout le temps. On pense que parce que t'as fait ça pendant des années, quand tu rentres dans un stade devant 15 000 personnes, tu ne vas rien ressentir. Mais non, c'est faux. Je pense que c'est pareil pour les joueurs de football à très haut niveau : quand ils rentrent dans des stades de 80 000 personnes, c'est sûr qu'il y a un truc qui se passe dans leur corps, physiquement, que ce soit du stress, de la pression ou quoi que ce soit”.
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Richard “shox” Papillon considère que l’accompagnement psychologique des joueurs n’est aujourd’hui pas suffisant. “On est sur la bonne voie. On en parle déjà de plus en plus, ce qui est une bonne chose. Les coachs mentaux sont de plus en plus présents dans les clubs de haut niveau, puisque c'est reconnu que pour performer, on en a besoin. Et le plus important, je pense à l'avenir, ça va être de perfectionner ça, pas que sur le côté haut niveau de la chose et la recherche de la performance, mais aussi tout simplement sur l'aspect mental et psychologique, sur le fait d'être médiatisé, pour se préserver, pour la santé mentale”. Le dernier conseil qu’il souhaite partager est de rappeler aux jeunes joueurs qu’ils “gardent confiance en eux, surtout en leur valeur, (...) de ne pas faire les choses pour les autres (...) et de se tenir loin, le plus loin possible des réseaux. Et quelque part se créer une bulle avec son équipe et toujours se rappeler : pourquoi est-ce que je fais ça ?”.
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