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5 ans après l'agression raciste dans le métro par des supporters de Chelsea
Souleymane Sylla, se reconstruire après une agression raciste
Le 17 février 2015, il a été attaqué par des supporters de Chelsea qui l’ont empêche de prendre le métro. Pour Brut, il raconte.
« Je ne savais pas comment réagir. J’ai essayé d’insister trois fois. Ils n’ont pas voulu me laisser entrer. » Le 17 février 2015, des supporters de Chelsea ont empêché Souleymane Sylla de rentrer dans le métro parisien, en criant « on est racistes, on est racistes, et on aime ça ». Deux ans après l’agression, quatre d’entre eux ont été condamnés à un an, six et huit mois de prison avec sursis. À la suite de son agression, Souleymane a suivi deux ans de thérapie et a créé l’association « Les enfants délaissés ». Brut l’a rencontré.
« J’ai essayé de faire comprendre à mes enfants que tous les Blancs ne sont pas racistes »
Je suis rentré chez moi, je me suis senti humilié, violé. Je me suis senti violé dans ma chair, je pleurais au fond de mon cœur. C’est ma femme qui a vu la vidéo. C’est elle qui m’a appelé en premier pour me dire : « Qu’est-ce qui t’est arrivé, pourquoi tu ne nous as pas dit ? » Je lui ai dit que déjà j’étais mal, que ce n’était pas facile à raconter.
Vos enfants vous voient en train de vous faire bousculer, en train de vous faire agresser par d’autres personnes qui ne sont pas de la même couleur qu’eux, c’est pas facile pour eux. J’ai essayé de leur faire comprendre que ce n’est pas que tout les Blancs ne sont pas méchants, que tous les Blancs ne sont pas racistes. Je leur disais : « Par exemple, vous partez à l’école, votre maîtresse est gentille avec vous, vos amis sont gentils avec vous, ils ne vous frappent pas, ils ne vous agressent pas. » J’ai été obligé de faire ce genre de thérapie par rapport à mes enfants pour qu’ils acceptent, qu’ils comprennent que la vie, ce n’est pas que du racisme.
« Tant qu’il y aura des imbéciles pour empêcher de vivre, on sera là pour les condamner »
J’ai du mal à réaliser que c’était il y a cinq ans. Mais bon, c’est comme ça. Il faut toujours se battre, il ne faut pas se laisser faire. La lutte continue. Et tant qu’il y aura des imbéciles comme ça, qui vont nous empêcher de vivre, on sera là pour les condamner. C’est ce qui a été fait par la justice française.
Actuellement, je m’occupe des enfants défavorisés. Je récupère des habits, je fais des collectes, de grands événements. Depuis mon histoire jusqu’à maintenant, je ne me suis consacré qu’à ces deux choses : la solidarité et mon travail. Franchement, ça m’a aidé à surmonter beaucoup d’histoires par rapport à ça, et je commence à oublier. Mais on essaie quand même de se battre pour que ce genre de choses ne se reproduisent plus.