L'histoire du "nageur d'Auschwitz" Alfred Nakache, racontée par Amir

Qui est surnommé le nageur d’Auschwitz ?

“C’est un homme qui a dépassé toutes les frontières et les limites de son propre destin” explique le chanteur et comédien, Amir Haddad, en parlant d’Alfred Nakache. Nageur et joueur de water-polo français, surnommé “Artem” pour le poisson, Alfred Nakache est un champion olympique dans les années 30 et 40. “C’est une histoire folle car il a participé aux Jeux olympiques en 1936 et va reparticiper aux Jeux olympiques après avoir traversé les camps de concentration” commente Amir Haddad, qui raconte son histoire dans la pièce de théâtre “Sélectionné”. 

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À 19 ans, Alfred Nakache participe aux premiers championnats de France de sa vie. Il termine 2e. “L’année d’après, il est déjà champion de France et à partir de là, c’est une succession de titres, de trophées, de records et de victoires et, en fait, ce jeune homme qui avait peur de l’eau jusqu’à l’âge de 10 ans arrive à forcer le destin pour devenir le meilleur nageur de sa génération en l’espace de quelques années”. 

En 1936, arrive un grand événement pour l'athlète : ce sont les Jeux olympiques de Berlin. À ce moment-là, Hitler est déjà au pouvoir et Alfred Nakache est juif. “Il arrive 4e, juste derrière le podium, dans l’épreuve du relais et se consolera d’avoir quand même battu les Allemands, ce jour-là, dans le bassin. Et il retournera donc plutôt fier de cette aventure berlinoise, se disant que sous les yeux d’Hitler, un juif a quand même battu l’équipe allemande” précise le comédien. 

Qui a dénoncé Alfred Nakache ?

Il est arrêté par la Gestapo peu de temps après. Il est dénoncé par Jacques Cartonnet, qui était un nageur contemporain d’Alfred. “Ils ont eu plusieurs occasions de nager l’un contre l’autre. Jacques Cartonnet était très envieux du succès d’Alfred Nakache, qu’il trouvait injuste. Ce métèque venu d’Afrique du Nord qui s’impose dans les bassins français, ça le dérangeait. La jalousie l’a dépassé, il l’a accusé de souiller les piscines françaises”. 

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Alfred Nakache est donc déporté avec sa famille à Auschwitz. “Il va devoir se séparer de sa femme et sa fille à l’entrée du camp. Son statut de champion, sa renommée, va devenir aussi une grande difficulté pour lui car, dans le camp, les officiers nazis vont s’amuser de cette réputation et vont transformer ce grand champion de natation en animal de foire. Ils vont, par exemple, jeter des objets, des clefs, des couteaux, dans des bassins d’égoût en plein hiver polonais, je vous laisse imaginer la météo, et lui demander de plonger récupérer ces objets. Dans leur esprit, ils se disent : il va soit mourir noyé, soit ne pas trouver l’objet, ce qui sera donc une bonne excuse pour l’abattre. Même s’il se sentait humilié, il considérait que ces humiliations valaient la peine, du moment qu’elles lui permettent de sortir du camp et de retrouver sa femme et sa fille à la fin de la guerre”. 

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Comment est mort Alfred Nakache ?

Lorsqu’il sort de camps, il pèse 39 kilos et découvre que son épouse et sa fille ont été tuées. “Après ça, il va quand même se battre pour redevenir champion de France, pour battre un record du monde en relais. Et son rapport au relais est d’ailleurs très touchant parce qu’il estime que gagner ensemble lui permet de se sentir moins seul au monde. Son deuil va se transformer en combat pour une gloire sportive qu’il leur dédiera et pour se prouver à lui-même que les nazis n’ont pas gagné” précise le comédien. 

“La grande nouvelle extraordinaire, c’est qu’il va réussir à se refaire sélectionner pour participer aux Jeux olympiques de 1948. Ce qui est absolument magique, hollywoodien presque, c’est que cet homme qui avait la phobie de l’eau à 10 ans se retrouvera à nager jusqu’à sa dernière heure car il mourra lors de sa nage quotidienne d’un infarctus en pleine mer”. Pour Amir Haddad, “il y a aujourd’hui un devoir précieux de mémoire, de raconte l’histoire qu’Alfred Nakache n’a pas racontée quand il était là, n’a pas osé le faire et on espère que de là où il est, il se réjouit de voir qu’on ne l’a pas oublié”. 

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