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Roller derby : Brut a suivi les joueuses de La Boucherie de Paris
Le roller derby, sport féministe et « badass »
C’est le seul sport de contact majoritairement féminin, et n’est pas reconnu par le ministère des Sports. Rencontre avec les rolleuses.
C’est un sport de contact engagé. Présent en France depuis seulement 10 ans, le roller derby réunit 4.572 licenciés au sein de 160 ligues. Créé en 1929 à Chicago, le ce sport prend d’abord la forme de courses d’endurance sur patins à roulettes. Mais c’est dans les années 2000 que le sport tel qu’on le connaît apparaît au Texas. C’est après le film Bliss, sorti en 2009, que les premières équipes européennes voient le jour.
Comment ça se joue ?
Les joueuses sont sur une piste ovale, armées de leurs patins à roulettes. Cinq joueuses de chaque équipe s’affrontent sur de petites périodes - des jams. Le but est de marquer des points. Une joueuse porte une étoile, c’est la jammeuse. Elle doit dépasser les bloqueuses adverses.
Malgré l’image badass du sport, tous les coups ne sont pas permis. Avant de pouvoir jouer, les nouvelles joueuses, appelées « fresh meat », doivent maîtriser les 80 pages de règles. « Je pense qu’il faut avoir un physique, être en forme physiquement. Et avoir une bonne vision du jeu, donc bien connaître les règles. Être aussi assez forte mentalement, puisque ça demande parfois d’être lucide sur certaines phases de jeu, ou de réussir à remonter au score quand ça commence à être un peu chaud », explique Lise-Marie, Joueuse en équipe de France.
« Le sport devient de plus en plus compétitif et il y a moins de folklore »
Le roller derby n’est pas reconnu par le ministère des Sports. C’est le seul sport de contact majoritairement féminin, et certains clichés persistent. « Le côté short à paillettes, maquillage, un peu pin-up, c’est un peu le cliché qu’on a sur le roller derby. Mais c’est juste un aspect visuel. Tu peux pas faire du roller derby à un haut niveau ou de manière assez intense si t’as pas un côté sportif, un côté engagement de soi développé », estime Aline, membre de l’équipe de la Boucherie de Paris.
Mais les choses sont en train de changer, selon Lucile, co-équipière d'Aline : « Le fait que le sport devienne de plus en plus compétitif et qu’il y ait moins de folklore, ça le légitimise, et c’est assez important, parce qu’on a toujours cette image, surtout dans les médias, de filles qui se donnent des coups de poing sur des patins à roulettes alors que c’est beaucoup plus que ça. C’est vraiment stratégique, y a plein de choses à faire. »
Combattre les clichés sur le sport et les femmes
Combattre les clichés sur le sport et les femmes, c’est l’un des objectifs de la WFTDA, la Women’s Flat Track Derby Association. Elle chapeaute le sport au niveau mondial. « On a tendance en tant que meufs à essayer de pas prendre trop de place. Je fais 1,80m, donc forcément, je suis toujours un petit peu comme ça. C’est complètement inconscient. Dans le roller derby, c’est l’inverse : il va falloir justement aller prendre de l’espace, c’est ça, l’objectif », se réjouit Lise, membre de l’équipe de la Boucherie de Paris.
C’est d’ailleurs cette philosophie d’acceptation qui empêche le roller derby d’entrer dans les grandes compétitions internationales ou aux Jeux olympiques, d’après Lucile. « C’est l’un des rares sports qui acceptent qu’il y ait des personnes transgenres dans des équipes féminines, et c’est malheureusement, à l’heure actuelle, un frein pour que le sport devienne encore plus légitime. Là, il y a un conflit entre nos valeurs et le monde du sport dans sa globalité. »