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Sur ce drôle d'engin, ils font le tour de la Corse pour alerter sur la pollution plastique
“On est jeune et plein de dynamisme”
Coup d'envoi de la huitième édition de la mission CorSeaCare. Sur des radeaux qui permettent aux équipes de naviguer à la force de leurs jambes, Léa, salariée de l'association Mare Vivu et son équipe vont parcourir pendant trois semaines un circuit autour de la Corse. L'objectif : sensibiliser un maximum de personnes à la pollution plastique. Pour Clara, stagiaire pour CorSeaCare, c’est le moment ou jamais de s’engager sur un sujet qui lui tient à cœur. “On est jeunes, on a encore plein de dynamisme et d'énergie. C'est quelque chose qui vient un peu des tripes. Ou alors tu le développes. Mais moi, depuis le lycée, j'ai vraiment envie de m'engager et de trouver un sens dans ce que je fais dans la vie de tous les jours”, explique-t-elle.
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Des protocoles minutieux
La zone entre la Corse et l’Italie étant la zone la plus densément polluée en microplastiques du monde, sensibiliser les Corses à cette pollution est indispensable. Direction Pietracorbara pour une collecte "macro et micro-plastiques", suivie du protocole des raies qui consiste à nager durant 30 minutes et observer le maximum de raies. “On a une petite plaquette immergeable où on note l'espèce de raie par exemple, comme ça qu'après on remonte à une autre association qui s'occupe du suivi des raies de manière plus générale. On fait une sorte de râteau géant où on se met tous à à peu près deux mètres d'intervalle et on va essayer de quadriller toute la zone de plage un peu loin du bord”, explique Léa.
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Résultat après une demi-heure de nage, deux raies pastenagues adultes qui semblent être en bonne santé. “C'étaient bien des adultes, parce qu'on était capables de déterminer le sexe, donc ça veut dire qu'elles sont en bonne santé et qu'elles peuvent être en capacité de se reproduire. Ça permet d'avoir une idée à l'échelle globale des populations de ces espèces-là”, indique Paul Bénévole, membre de l'expédition.
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Juste avant, les équipes s’étaient dispersées en deux groupes pour la collecte de plastique. “On a deux protocoles qui sont sur 100 mètres, donc on déroule un fil de 100 mètres pour avoir la distance. En parallèle, il y a une équipe qui va ramasser les gros déchets et une autre équipe qui va faire un protocole plus minutieux avec des tamis, des pinces à épiler, pour trouver les microplastiques sur des zones définies”. Ces données sont ensuite remontées aux partenaires scientifiques de l'association afin d’observer une vision de la pollution plastique sur les plages corses. Des fragments de plastiques, des granulés de plastique industriels, des morceaux de biomédias, les plages de l'île renferment de nombreux déchets néfastes pour la planète et les océans. “Nous, on ne fait pas de nettoyage de plage, parce qu'on part du principe que l'urgence, elle est de fermer le robinet des déchets qui vont finir à l'eau. Et donc pour ça, il faut étudier quels types de plastiques on trouve. Si c'est des plastiques à usage unique, dans ce cas-là, est-ce qu'on peut mettre des lois, des réglementations en place ? Et disons que les solutions curatives, de type ‘ramasser les déchets’, c'est vraiment une goutte d'eau dans l'océan”, explique Léa.
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Lauryn et Émilie, en service civique à Mare Vivu, se chargent d'interroger des personnes pour sur les plages pour recueillir des données qui pourront être exploitées par la suite pour l’association et les scientifiques. “Ils nous permettent de savoir s'il y a beaucoup de pollution plastique ou non aussi. La dame nous expliquait en arrivant qu'elle avait été à une plage à Farinole la semaine dernière et qu'elle avait vu beaucoup d'une sorte de plastique, du coup, on s'est dit : ‘Est-ce que ce n'est pas un container qui s'est échoué ?’ Là, par exemple, à travers un sondage, nous, ça nous permet de recueillir des données pour nous, mais en même temps, on parle des problèmes, des solutions. C'est un moyen, aussi, de faire de la prévention”, expliquent-elles.
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Un travail de l’ombre
Chaque saison, l’association échantillonne dix plages. Après avoir récupéré le plastique, ces déchets sont catégorisés, triés, comptés et rentrés sous forme de données. “Les chiffres, après, ils vont nous servir à convaincre des élus à aller porter un plaidoyer”, ajoute Léa. Leurs actions, c’est un travail de l’ombre, pour essayer de faire changer le monde. “Je ne sais pas si on aboutira à quelque chose, à un réel changement. Peut-être qu'il est trop tard. Il y a des gens qui disent que c'est trop tard, que ça ne sert déjà plus à rien, ce qu'on fait. Mais moi, je ne pense pas à plus tard. Je me dis qu'aujourd'hui, je suis contente de faire partie de ceux qui essaient et que je me sens bien dans cette place-là. Et même si ça ne marche pas, moi, ça m'aura apporté plein de choses et j'aurai été contente de le faire dans tous les cas. Il y a beaucoup à faire, et ce n'est pas pour autant que ça nous décourage, mais c'est juste qu'on a conscience de ce à quoi on s’attaque. On s'attaque à un problème qui est immense, qui est beaucoup plus grand que nous. Donc c'est vrai qu'il faut en avoir conscience et se dire que, voilà, ce n'est pas avec deux collectes et trois sondages qu'on va réussir à faire changer toutes les mentalités de la Corse, mais en tout cas, on essaye”.
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Pour Léa, contribuer à ces collectes et ce mouvement est très important pour elle. Elle garde l’espoir qu’en portant cette volonté de faire passer leurs valeurs, ils arrivent à engager des personnes avec eux. “Ça peut être des enfants, des adultes, des Corses, des touristes et qu'ensemble, on arrive à faire un petit peu un mouvement de foule qui fasse bouger les choses”.