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#TBT : 1975, l'alerte de Paul-Émile Victor sur la pollution

C'était en 1975. Face au désastre écologique annoncé, l'explorateur et ethnologue Paul-Émile Victor définissait 3 catégories de population : les aquoibonistes, les obscurantistes sécurisants et les optimistes. Lui avait choisi son camp. #tbt
Publié le
23
/
07
/
2020

En 1975, l'explorateur Émile Victor alertait déjà sur les dangers de la pollution


Face au désastre écologique annoncé, l'explorateur et ethnologue Paul-Émile Victor définissait 3 catégories de population : les « aquoibonistes », les « obscurantistes sécurisants » et les « optimistes ». Lui avait choisi son camp.


Il y a trois positions qu'on peut prendre devant la pollution. D'abord, une position que j'appellerais « aquoiboniste ». Se demander : « Moi, dans un monde comme celui-là, qu'est-ce que je peux faire ? » C'est une position, à mon avis, inadmissible, parce que c'est une position de perdant, de battu d'avance.


« Il n'est pas trop tard pour faire quelque chose »


Et puis il y a une position qui me paraît beaucoup plus dangereuse, beaucoup plus inadmissible encore, c'est celle de gens que j'appelle les obscurantistes sécurisants. Ceux qui disent : « ll y a toujours eu de la pollution après tout, il y en a peut-être un peu plus aujourd'hui, il ne se passera rien de catastrophique. »


La position prise par les sécurisants est dangereuse. Car il est évidemment beaucoup plus facile de les croire, du fait même que c'est facile de ne rien faire. Elle est dangereuse parce qu'on donne l'impression qu'on n'a pas besoin de faire quelque chose. Et puis enfin, il y a tout de même la position d'un certain nombre de gens dont je suis, dont mes camarades, Cousteau, Tazieff, Leprince-Ringuet, Bombard et beaucoup d'autres... Nous sommes des optimistes, à savoir que nous pensons qu'il n'est pas trop tard pour faire quelque chose.


« On agit sur un plan planétaire »


Et alors, j'ajouterais ceci : si on croit les gens que j'appelle des obscurantistes sécurisants, si on les croit et qu'on ne fait rien et qu'on s'aperçoit dans 15 ans qu'ils ont eu tort, qu'ils se sont trompés, ils auront pris une responsabilité, et nous avec eux, terrible vis-à-vis de ceux qui nous survivront, de nos enfants en particulier. Car il sera trop tard dans 15 ans pour revenir.


Il n'y a pas de doute que si c'est vrai ce qui en train de se faire, dans moins de 25 ans, il sera trop tard pour revenir en arrière. Et ces gens, les sécurisants, ne pourront pas avoir d'autres positions que de dire : « Nous sommes navrés », « Oh, nous nous sommes trompés, nous nous sommes trompés. » Mais on sera dans le merdier ! Alors que si on nous croit, nous, ceux que les autres appellent des « sinistrosés », on agit et pas seulement ponctuellement, pas seulement localement, régionalement, nationalement, mais sur un plan planétaire.


« Il faut tenter ! »


Car c'est sur un plan planétaire qu'il faut aussi agir. Mais il faut également agir du point de vue ponctuel, là où on peut. Si on nous croit, si on agit dès maintenant et que, dans 15 ans, on s'aperçoit trompés, eh bien, il n'y aura pas de mal de fait. Tout ce qu'on aura eu comme résultat, c'est qu'on sera revenu à quelque chose de plus rationnel, de plus raisonnable. On aura peut-être dépensé un peu plus d'argent, mais il n'y aura pas de mal de fait.


Et en tout cas, il y a une chose qui me paraît fondamentale, c'est de dire qu'il faut essayer, car la seule chose dont on soit sûr, au monde, de l'échec à l'avance, c'est celle qu'on ne tente pas. Et, par conséquent, il faut tenter, chez nous comme ailleurs, tout ce qu'il faut. Il faut faire tout ce qu'il faut pour que des maladies de Minamata, comme celle que vous avez vue au Japon, ne viennent pas chez nous.