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Un salon de tatouage dédié à la reconstruction mammaire : 3 ans après

Il y a 3 ans, elle ouvrait le premier salon de tatouages en France dédié à la reconstruction mammaire après un cancer du sein. Brut a retrouvé Alexia Cassar, et voilà où elle en est aujourd'hui.
Publié le
05
/
03
/
2020

Un salon de tatouage pour les femmes ayant subi une mastectomie


L’idée : recréer le mamelon et l’aréole perdus à la suite d’un cancer du sein. Alexia Cassar a lancé son salon en octobre 2017. Brut l’a retrouvée.


En octobre 2017, Alexia Cassar présentait son salon de tatouage unique en France, Téton Tatoo Shop. L’idée : recréer, à l’aide d’un tatouage, le mamelon et l’aréole perdus à la suite d’un cancer du sein et d’une mastectomie. Brut l’a retrouvée. « Quand on a un cancer du sein, il existe deux manières de le traiter : soit on enlève une partie du sein, et dans ce cas-là, on ne touche pas à l’intégrité du sein, soit, parfois, on est obligés d’enlever la totalité du sein. Dans ce cas-là, il faut reconstruire le sein et son volume », explique Alexia Cassar. 


Une alternative à la chirurgie


Elle poursuit : « Pour refaire le mamelon après une mastectomie, il y a plusieurs méthodes. Soit on prend un petit lambeau de la peau sur le sein, qu’on va pincer et qu’on va pouvoir suturer pour donner l’illusion d’un petit mamelon, soit on prend un petit bout du mamelon de l’autre côté et on le met sur le sein. On peut aussi utiliser des greffes. »


Ce type de gestes doit être complété, la plupart du temps, par un tatouage médical. Celui-ci est fait à l’hôpital ou en cabinet d’esthétique. Dans ce cas-là, il n’est pas pris en charge. « Le tatouage est fait avec des pigments semi-permanents, qui ne vont pas rester à vie dans la peau », développe Alexia Cassar. « L’idée du tatoueur américain Vinnie Myers, qui exerce à Baltimore, c’était de remplacer cette technique par une technique définitive qui vient vraiment de l’artistique. On recrée, avec le tatouage 3D, l’illusion du volume, de la forme et du relief du mamelon. »


« Ça m’a redonné une féminité que j’avais perdue »


« Ce que ça m’a apporté, c’est le fait de pouvoir me regarder. Parce qu’avec le cancer du sein, je ne me regardais plus, je ne me supportais plus dans la glace, donc je n’avais plus de miroir… Je me cachais tout le temps, j’étais toujours habillée de la tête au pieds, je ne voulais pas me voir, je n’existais plus, j’étais devenue l’ombre de moi-même. Ces tatouages m’ont donné envie de me redécouvrir et de me remontrer. Et ça m’a redonné une féminité que j’avais perdue », témoigne Corinne, cliente d’Alexia Cassar.


Ces deux dernières années, Téton Tatoo Shop a eu beaucoup de visibilité, si bien que des mutuelles remboursent désormais partiellement ce type de tatouages après un cancer du sein. Alexia Cassar a par ailleurs développé une branche de tatouage de reconstruction artistique. « Les gens viennent maintenant du monde entier. Je suis extrêmement touchée de cet engouement que je reçois mais… On peut faire des centaines de kilomètres pour quelque chose qui est aussi essentiel, ça a du sens, ça a une importance, c’est votre corps », s’émeut l’artiste.


« Je me sens responsable de chaque tatouage que je fais »


Alexia Cassar avoue toutefois que sa technique chez Téton Tatoo Shop a ses limites. « Je me sens responsable de chaque tatouage que je fais. Si je dis non, c’est en toute connaissance de cause, parce qu’il faut savoir dire non dans certaines indications qui découlent de la chirurgie. Connaître ce qui est une belle reconstruction, une bonne reconstruction, c’est pouvoir orienter la personne si le résultat n’est pas fini, il faut être capable de l’envoyer vers un autre chirurgien. C’est vraiment une compétence ultime pour respecter cette clientèle fragile qui n’est pas de la clientèle tout venant d’un salon de tatouage. »