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Virginie Efira discute avec Augustin Trapenard
Son film, “L'Amour et les Forêts”
Pour cette 76ème édition du Festival de Cannes, Valérie Efira porte deux projets sur le tapis rouge : le film L’Amour et les forêts, réalisé par Valérie Donzelli et Rien à perdre de Delphine Deloget. Dans L'Amour et les Forêts de Valérie Donzelli, elle interprète une femme amoureuse d’un homme à la possessivité maladive. Cette question de l’emprise, Virginie Efira s’est demandée si elle lui était familière : “Dans mon parcours personnel, je me suis interrogée sur peut-être moi, aussi, qu'est-ce qui fait que quand on nous dit qu'on est médiocre, on tend l’oreille. J'ai aimé que le film de Valérie Donzelli regarde à l'endroit, finalement, de la victime et du déni, parce que ça a rapport avec le déni, c'est-à-dire que peut-être qu'on est victime et qu'on ne s'aperçoit pas qu'on est victime”.
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Dans ce film où le rapport de domination est poussé à l’extrême, l’actrice explique que “l'emprise, la violence conjugale, font partie d'un grand continuum des violences faites aux femmes, qui, finalement, ont été perçues et vues comme telles depuis peu de temps. Il y a encore peut-être dix ans, on parlait de crime passionnel, on voyait ça comme quelque chose qui appartenait aux rapports de passion et amoureux, un héritage du code napoléonien où on se disait : ‘Oh, l'homme, quand même, s'il y a vraiment une situation d'adultère, on pourrait comprendre qu'il fasse ci, ça.’ Et c'est assez récent qu'on ait mis des termes comme 'féminicide' et tout ça en place”.
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Le corps, un instrument dans le jeu d’acteur
“Sur l'idée de pouvoir sortir d'un état, dans le film de Valérie Donzelli, il y avait beaucoup de scènes de violence, comme un grand manège de l'horreur, comme des petits trains fantômes. Les scènes étaient assez longues et très dures, et quand ça coupait, je ne sortais pas tout de suite du truc, parce que le corps a reçu une information, quand même”, raconte l’actrice.
Dans l’interview, Augustin Trapenard soulève le fait que Virginie Efira avait, pour ce film, jouait une émotion qu’elle n’avait jamais montré à l’écran auparavant : la peur. “ll y a des émotions qui sont dures à jouer et la peur en fait partie. Heureusement qu'un acteur peut jouer autre chose que ce qu'il connaît, sinon ça serait très limitant. Pour dire des choses très concrètes, par exemple, l'annonce d'une nouvelle terrifiante, qu'est-ce que c'est? Moi, j'ai aussi fait un film, tiré du très beau livre de Angot Un Amour impossible où il y avait des violences très dures, où j'apprenais que ma fille avait été violée par son père. Qu'est-ce que c'est qu'apprendre une chose comme ça? Ou dans Revoir Paris, qu'est-ce que c'est quand on n'a pas vécu de drame, post-attentat? Là, il y a quelque chose qui va forcément vers une représentation. Ça serait fou de croire qu'on peut être juste, quelque part”.
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Le lien entre femmes
Sur les 17 films ces huit dernières années où Virginie Efira a interprété un rôle, plus de la moitié ont été réalisés par des femmes. “Pour moi, j'avoue qu'il y a un rapport puisque c'est des personnages qui sont regardés par tous les biais, mais dont on regarderait aussi la libido, d'être peut-être plus à l'aise sur l'intime, sur le physique, sur le corps, sur la nudité, sur l'introspection de ces trucs-là avec une femme. J'aime être regardée par une femme”. Dans le film L’Amour et les forêts, le spectateur peut aussi percevoir un lien entre femmes, un lien de soeur. Une expression que Virginie Efira n’apprécie pas particulièrement : “C’est un mot que j’utilise pas beaucoup. Je vois la chrétienté qui arrive. Je n’aime pas l'idée de grande solidarité, comme s'il y avait un grand monstre qui nous regardait, qui était prêt à nous dévorer, qu'on était là, solidaires, mais en tout cas, que la compétitivité féminine, ou la rivalité, ou même la jalousie n'existent pas du tout. Dans les films, ce n'est vraiment pas quelque chose que j'aime expérimenter. Ça m'est arrivé de tourner un film où il y avait une rivalité et ce n'est pas du tout quelque chose dans lequel je me sens à l'aise”, termine l’actrice.