Dans le livre Yamma, Ouissem Belgacem donne une voix à sa mère Faouzia

"J'ai beaucoup, beaucoup regretté. Être homo n'est pas une maladie…" Quand son fils Ouissem Belgacem lui a annoncé son homosexualité, Faouzia ne lui a plus parlé pendant 2 ans. Aujourd'hui, elle regrette ce temps perdu, et elle a un message pour les parents dans sa situation. 👉 Dans Yamma, Ouissem Belgacem se met dans la peau de sa mère Faouzia pour raconter son histoire hors du commun.
Publié le
15/6/2024
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Dans "Yamma", Ouissem Belgacem, ancien footballeur professionnel, livre un récit intime et poignant sur le parcours de sa mère Faouzia Bouguerra, originaire de Tunisie. À travers ce livre, il lui donne une voix pour raconter son histoire d'amour et de vie, et la manière dont elle a vécu le coming-out de son fils. Il explique : "Je pense que c'est important pour tout enfant, un peu, de comprendre le passé de ses parents avant qu'on arrive sur Terre. Parce que forcément, ce qu'ils ont traversé, ça va grandement impacter leur capacité à être parents, comment ils vont nous élever, les différents rapports qu'on va avoir avec ma mère." En écrivant l'histoire de sa mère, Ouissem dit avoir développé “une empathie incroyable envers elle”. “J’ai compris tellement de choses, comme parfois une distance qu’on pouvait avoir. Quand ma mère m’a raconté son histoire, c'était comme si je remettais le puzzle en place”.

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Le coming out d'Ouissem Belgacem vu par le prisme de sa mère


Dans son premier livre, Ouissem Belgacem avait raconté “l'anecdote de son coming out par son propre prisme”. Dans son second livre, Yamma, il voulait raconter “un peu la même journée, mais par le prisme de sa mère, comment elle l'a vécu”. Faouzia reconnaît avoir commis une erreur : "Quand il m'a annoncé, j'ai sauté au plafond, j'ai dit: 'C'est pas possible.' J'ai perdu plus que deux ans. On ne s'est pas parlé tous les deux." Elle a fait une thérapie, un travail sur elle-même et s'est rendu compte qu'elle allait perdre son fils. "L'amour pour mon fils, il a pris le dessus. Et je l'ai appelé, je lui ai dit: 'Ouissem, tu reviens à la maison. Maman, elle t'aime.'"

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Ouissem Belgacem souligne qu'il ne faut pas “jeter la pierre immédiatement aux parents qui réagissent mal”. Lui-même a mis des années à s'accepter tel qu'il est. Il ne pouvait pas attendre de sa mère “qu'en cinq minutes elle l'accepte, surtout avec les bagages culturels, religieux et sociaux”. Même si le livre est dur par moments, Ouissem Belgacem pense que c'est un livre porteur d'espoir et plein d'amour au final. “C'est une parole assez rare d'entendre une maman franco-tunisienne, musulmane, qui raconte cette histoire-là, moi je ne l’ai pas vu beaucoup” explique Ouissem Belgacem.


“D'être homo, ce n'est pas une maladie. Ce n'est pas un choix. On naît avec"

 

Pour Faouzia, écrire ce livre “était presque comme une thérapie” : "J'ai sorti tout ce que j'avais à l'intérieur. Je n'ai rien maintenant. Je suis soulagée." Quand Ouissem Belgacem a fait son coming out, il espérait que ça ne passe pas aussi mal. “Mais mon cœur était apaisé, disant à sa mère : "Maman, quand tu es prête, tu reviens vers moi." Dans ces moments-là, parfois, le rôle de parent et d'enfant s'inversent. Ma mère, elle ne connaît pas grand chose à l’homosexualité car elle n’y avait pas été confrontée. Elle n’a pas forcément d’amis qui sont homosexuels. Parce que quand on grandit en Tunisie, à la télé, il n’y a pas de représentation. Donc c’est dur de se forger une opinion positive de la communauté gay”.

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Ouissem Belgacem misait sur le temps, "l'éducation" et l'amour pour dépasser les innombrables barrières sociétales, culturelles et religieuses. Et sa mère en est la preuve vivante. Faouzia regrette beaucoup le temps perdu, ces deux-trois ans où elle n'a pas parlé à son fils. Elle s'adresse aux parents : "Qu'ils comprennent leurs enfants. D'être homo, ce n'est pas une maladie. Ce n'est pas un choix. On naît avec." Elle les appelle à aimer leurs enfants qui ont besoin d'amour. Maintenant qu'elle s'est réconciliée avec son fils et l'a accepté, quand elle le voit heureux, elle est heureuse.