Barakani, Kaweni, Hamouro, Longoni... Des conversations ont été ouvertes sur la messagerie Discord pour plus de 70 communes du département alors que le bilan humain et matériel, encore à déterminer, s'annonce immense sur le petit archipel français situé à quelque 8.000 kilomètres de Paris.
Les internautes y demandent des nouvelles et envoient des photos de leurs proches disparus, dans l'espoir d'une réponse. Parfois, des habitants d'un des villages concernés, qui ont pu accéder à du réseau, envoient des vidéos, permettant d'identifier les maisons détruites et celles qui ont résisté.
Sur les images partagées sur Discord: des routes barrées par des arbres, des salles de classes détruites, des maisons effondrées. Parfois, des messages d'espoir surgissent.
"Des nouvelles à l'instant de Mtsangadoua. Toujours aucun décès à déplorer. Les gens s'entraident et réussissent à avoir un peu de réseau au Coco Beach à M'tsamboro. Ils commencent à s'inquiéter un peu pour l'eau mais gardent malgré tout le +moral+", écrit Marion, qui dit être parvenue à entrer en contact avec sa sœur, habitante de la commune du nord-ouest de Mayotte.
Chido est le cyclone le plus destructeur à Mayotte depuis 90 ans.
Cyclone : course contre la montre pour secourir les habitants de Mayotte dévasté
"On s'inquiète beaucoup"
Depuis la métropole, les réseaux sociaux deviennent un espace de solidarité: on y partage cagnottes de soutien aux villages sinistrés, informations et conseils.
"Si vous avez des nouvelles de Mohamed Ali Madi dit momo, de sa femme Roukya et de leurs filles jumelles Nasma et Nasra, faites-nous signe (...). Nous avons vu leur maison dans un état catastrophique", écrit un internaute sur Discord, sous le pseudonyme Sde.
"Est-ce que vous connaissez quelqu'un qui peut passer voir les proches si on lui donne l'adresse ?", demande Dayanara sur cette messagerie. Une réponse tombe : "Demande à +Mapskartel+ sur Snapchat". Ce jeune homme publie en effet des vidéos: on le voit se déplacer à vélo dans des villages et entrer dans des maisons pour demander des nouvelles des habitants.
"Un des gros défis qu'on a, c'est de savoir comment ça se passe là-bas, on s'inquiète beaucoup pour nos familles", résume pour l'AFP Assani Chamssidine, président de l'Union des associations mahoraises en Gironde.
Depuis Bordeaux, son association se mobilise en partageant les bribes d'informations obtenues.
"On a eu des nouvelles du village de Ouangani, là où il y a ma mère. Tout va bien, il n'y a pas de victimes, juste des dommages matériels. On l'a mis dans notre groupe de discussion pour informer le maximum de monde", indique-t-il, en précisant que la situation sur place peut évoluer.
"Coupée du monde"
"On essaie de s'entraider le mieux qu'on peut, avec les réseaux sociaux, pour avoir des nouvelles, car Mayotte est coupée du monde (...) Et on essaie de créer cet élan de solidarité que les Mahorais savent bien faire depuis longtemps", ajoute ce responsable, âgé de 35 ans.
Cette quête d'informations n'est pas la seule mission que s'est fixée l'association, qui se réunit deux fois par jour depuis le passage du cyclone pour organiser l'aide depuis la métropole.
"On va essayer de voir avec le Crous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires) et différents partenaires pour accompagner les étudiants mahorais installés en métropole à travers un soutien psychologique", ainsi qu'une aide financière, assure le président de l'association.
"Parce qu'un étudiant qui dépendait de sa famille à Mayotte, va vite se trouver impacté. Ses parents ne peuvent pas lui envoyer de l'argent", redoute-t-il. Un appel aux dons est prévu par l'association.
"Il faut un élan de solidarité envers Mayotte, s'il vous plaît", a également prôné sur les réseaux, depuis Metz, l'ex-footballeur professionnel Toifilou Maoulida, dont le village d'origine "a été ravagé". Il a invité à faire des dons en citant plusieurs associations dans son message: "Mayotte et le peuple mahorais ont besoin d'aide."