"Je me suis retrouvé dans cet endroit à Villejean, parce que toutes les semaines, on a l'habitude d'aller dans un quartier de Rennes et de faire nos rendez-vous dans les quartiers. Et puis là, avec Nicolas Boucher, un autre élu (MoDem) on avait donné rendez-vous à une personne à Villejean. Et on a cherché un café, un endroit pour se poser. Le Subway était ouvert, donc on est rentré", raconte Charles Compagnon, 52 ans, conseiller municipal d'opposition (Horizons) à Rennes.
"On a commandé nos cafés, et puis on s'est installé à la table qui est devant la porte d'entrée."
"Au bout de quelques dizaines de minutes, on a vu des jeunes rentrer dans le Subway un peu... anxieux, un peu énervés, qui avaient l'air de se mettre à l'abri, ils disaient : bouge pas, reste là, reste tranquille".
"On s'est retrouvés entre la porte d'entrée et ces jeunes qui se sont installés au fond de ce petit Subway."
"Au bout de quelques minutes, j'ai vu arriver une personne avec une arme de guerre, un long fusil noir, qui est arrivé vers nous - comme tout est vitré- je l'ai vu arriver (...). Il a levé l'arme, et là, les jeunes se sont levés en disant quelque chose comme : c'est pas nous ! On n'a rien à voir !. Et là, on s'est jetés au sol, mon collègue m'a attrapé la veste, et ils ont tiré juste au-dessus de moi, et ils ont touché les trois qui étaient derrière moi".
"Lanceur d'alerte"
"Après, nous, on est restés au sol tant que ça tirait, et au bout d'un moment, on s'est relevés, Nicolas s'est relevé en premier, moi je me suis relevé, j'ai regardé que je n'avais pas été touché."
"Ensuite, on s'est occupés des trois jeunes qui avaient été touchés. On les a mis à l'abri dans l'arrière-restaurant, parce qu'on craignait qu'ils reviennent finir le travail. Après, on s'est occupés aussi de mettre derrière le comptoir une petite fille qui était traumatisée et qui hurlait : j'ai peur".
"On a rassuré aussi quelques personnes un peu plus âgées qui étaient au fond du restaurant, et une fois qu'on a mis tout le monde à l'abri, le jeune qui tenait le Subway a fermé le rideau et on a attendu les secours."
"Clairement, quand on était au sol, je me suis dit : ce coup-là, je vais en prendre une."
"Quand j'ai commencé à parler de sécurité pendant la campagne de 2019-2020, je ne pensais pas passer d'un lanceur d'alerte à victime. Je n'ai pas imaginé que quelqu'un qui s'engage en politique et qui décide d'aller dans les quartiers, un jour, doive se jeter à terre pour éviter des balles."