Commission d'enquête sur Bétharram: un ex-gendarme reparle d'une "intervention" de Bayrou

Crédit : Antoine Gyori/ Corbis via Getty images
Un ex-gendarme, entendu jeudi par la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Bétharram, a répété qu'un magistrat lui avait parlé d'une "intervention" de François Bayrou quand il enquêtait sur des faits de viol visant un religieux de l'établissement en 1998
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Alain Hontangs avait déjà tenu ces propos à la mi-février dans le cadre de l'émission de TF1 "Sept à Huit", puis ultérieurement dans la presse.

Le 26 mai 1998, enquêteur à la section de recherches (SR) de Pau, il devait présenter à un juge d'instruction le père Pierre Silviet-Carricart. Cet ancien directeur de l'institution catholique du Béarn, au cœur aujourd'hui d'un vaste scandale d'agressions sexuelles, était accusé de viol par un ancien élève, le premier à avoir dénoncé de tels faits.

Ce jour-là, à 14h,, "M. Mirande m'attendait devant la porte de son bureau, il m'a dit : la présentation est retardée, le procureur général demande à voir le dossier, il y a eu une intervention de M. Bayrou", a relaté l'ancien gendarme, sous serment, devant les deux corapporteurs de la commission, les députés Violette Spillebout (Renaissance) et Paul Vannier (LFI).

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"Pas le seul" à avoir étéinformé

Mi-février à l'Assemblée nationale, après la diffusion du reportage de TF1, le Premier ministre avait affirmé n'être "jamais" intervenu, "ni de près, ni de loin", dans cette affaire.

"Je ne suis pas le seul enquêteur" à avoir été informé d'une éventuelle intervention, a poursuivi Alain Hontangs jeudi. "Dès le lendemain du reportage de Sept à Huit, un de mes ex-collègues m'a envoyé ce message : j'étais au courant, le juge Mirande me l'avait raconté à l'époque", a-t-il révélé.

Devant la commission d'enquête, Alain Hontangs a dit avoir été "surpris" à l'époque, le procureur général n'ayant pas selon lui à intervenir à ce moment de la procédure. Deux heures plus tard, le juge d'instruction, Christian Mirande, était revenu lui dire que la présentation du prêtre pouvait avoir lieu, le procureur général lui ayant fait savoir qu'il pouvait "prendre toutes les dispositions" qu'il jugeait utiles.

Le père Carricart fut mis en examen et écroué, avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire deux semaines plus tard, au regret du gendarme. Interrogé sur cette décision, Alain Hontangs a exhibé un courrier du 15 juin 1998, adressé par le procureur général de Pau à la garde des Sceaux de l'époque, Élisabeth Guigou.

Le magistrat lui rendait compte de la remise en liberté du religieux, ordonnée par la chambre d'accusation "conformément" aux réquisitions du parquet général qu'il représentait.

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