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MeToo musique classique: des actions engagées dans un milieu fragilisé

Après réception de multiples plaintes, le monde de la musique classique et du lyrique s'empare progressivement des sujets liés à #Metoo.
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Audit, procédures de signalement, mise à l'écart temporaire: le monde de la musique classique et du lyrique, touché par des plaintes ou mises en cause récentes pour violences sexistes ou sexuelles (VSS), s'empare progressivement d'un sujet tabou, affirment plusieurs acteurs du milieu. 

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En juillet, le parquet de Nanterre annonce, après des révélations dans la presse, que Gaël Darchen, 54 ans, directeur de la Maîtrise des Hauts-de-Seine est mis en cause par cinq femmes qui dénoncent des faits de harcèlement moral et sexuel, et d'agression sexuelle. L'enquête est confiée à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes.

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Autre enquête ouverte à Paris, à la Brigade de protection des mineurs, celle concernant le pianiste et professeur Jacques Rouvier, 77 ans, pour harcèlement moral et sexuel sur une mineure en 1999 et 2000.


En mai, des musiciennes et musiciens ont mis en cause, dans un article du Canard enchaîné, le chef d'orchestre François-Xavier Roth pour l'envoi de SMS à caractère sexuel. Celui qui était à la tête de l'Orchestre et de l'Opéra de Cologne, en Allemagne, et en résidence au Théâtre des Champs-Elysées avec sa formation "Les Siècles" s'est mis en retrait de ses fonctions. 

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Deux sociologues, Marie Buscatto, professeure à Paris I Panthéon-Sorbonne, et Ionela Roharik, de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), ainsi que Soline Helbert, chanteuse lyrique, ont mené une enquête en 2020 (336 répondants à un questionnaire en ligne et entretiens), publiée cette année  sur le site internet The Conversation qui publie des articles de recherche.


Principal enseignement: "Les VSS y sont omniprésentes", résume Marie Buscatto. Allant de la blague sexiste à l'acte sexuel non consenti, elles sont récurrentes pour 75% des personnes interrogées et quasi permanentes pour 25%. Elles sont le fait d'hommes pour les trois-quarts.


"L'environnement professionnel de l'opéra est extrêmement propice", résume Soline Helbert (elle préfère parler sous pseudonyme), qui cite plusieurs explications: "des rôles de pouvoir tenus par des hommes", "un milieu où le metteur en scène et le chef d'orchestre sont des demi-dieux", "un secteur extrêmement hiérarchisé avec des chanteurs +en bas de l'échelle+". 


Ou encore "l'hypersexualisation des répertoires et des mises en scène", ajoute la sociologue Marie Buscatto.


Soline Helbert pointe du doigt "une extrême précarité" du métier: "on a toujours peur que notre contrat soit le dernier". Et la concurrence est rude, en particulier pour les chanteuses lyriques, plus nombreuses que les chanteurs: "L'offre de travail reste concentrée sur quelques pays européens et se rétracte".  


Une ancienne pianiste du Conservatoire de Paris décrit pour sa part le milieu du classique comme très "en huis clos", où musiciens et musiciennes peuvent être davantage vulnérables dans la mesure où "ils donnent toute leur vie" à leur passion.

La réponse des institutions

"En quelques années, les directions se sont emparées du sujet", assure Paola Scotton, coordinatrice à la Réunion des opéras de France (ROF, 31 maisons d'opéra, 5 compagnies lyriques): groupes de travail, mise en place de cellules de signalement, remontées et traitement des cas... "Il y a un changement de mentalité".

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La ROF, les Forces musicales (51 opéras et orchestres) et l'Association française des orchestres (44 membres) ont élaboré conjointement une charte tripartite, avec un comité de pilotage s'assurant du suivi de ces questions.


"Aujourd'hui, la grande majorité des opéras et orchestres ont formé leurs équipes aux VSS", indique Claire Roserot de Melin, présidente des Forces musicales. "Le sujet n'est plus un tabou". "Les victimes s'autorisent davantage à parler" et "les personnes qui recueillent la parole sont plus expertes".


Depuis 2021, le ministère de la Culture conditionne ses aides au respect d'un protocole de prévention et de signalement, tandis que l'organisme de protection sociale Audiens propose une cellule d'écoute.


Dans le cas de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, choeur d'enfants de l'Opéra national de Paris depuis 1995, l'institution parisienne a préféré suspendre son partenariat avec elle. 


"Chartes, affichages dans les ascenseurs et les couloirs... sur ce plan, on sent qu'on a fait du chemin depuis 5 à 10 ans. Mais est-ce que l'omerta est en train de reculer? Je n'en suis pas sûre", estime, prudente, la chanteuse Soline Helbert.

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