"Ça va dépoter!" : la drag queen Piche monte sur scène mercredi 6 novembre 2024 à Paris pour les prémices d'une tournée où elle revendique, avec barbe et perruque, un rap affranchi qui peut être queer et porter "des valeurs".
"Le drag m'a permis de me réapproprier cette stylistique musicale comme plein d'autres choses, de manière générale dans ma vie", analyse Piche, lors d'une rencontre avec l'AFP quelques jours avant son concert au théâtre parisien Les Étoiles, avant une tournée dès mars 2025.
Le rap permet de "défendre des valeurs, des messages", car "c'est un courant musical à la base qui est fait pour les personnes qui sont opprimées, marginalisées, oppressées", relève l'artiste de 28 ans, qui voit l'occasion pour la communauté queer de "se ré-emparer" ces codes.
"Casse le genre, maintenant (...) Sur tes talons hauts tu pourrais bien t'envoler", lance-t-elle dans "Oh ma Piche", l'un des titres de son EP (7 titres) "Festin" pour lequel elle pose en collants résille et gants de boxe et qu'elle défendra devant un nouveau public, avant de prochaines futures chansons.
5 moments marquants de l'univers du "drag"
"Légitime"
Sa voix grave ou plus mélodieuse se pose sur des compositions teintées d'électro, tandis que ses paroles prônent l'affirmation de soi, loin des thématiques élimées du genre, drogue, dèche et succès.
Le rap de Piche ne rentre dans aucune case, mais rien de plus normal pour la drag queen française d'origine gitane et algérienne, qui a l'habitude de l'anticonformisme depuis son plus jeune âge et que son père a rejetée du foyer.
"Pendant longtemps, j'ai eu la sensation que, même en ayant un attrait particulier pour le rap, je ne me sentais pas forcément légitime de pouvoir écouter ce genre musical. Parce que ça ne parlait pas de moi, parce que personne ne me ressemblait dans les personnes qui le pratiquaient", confie Mike Gautier, de son vrai nom.
Dans un milieu majoritairement peuplé d'hommes hétérosexuels et en partie truffé de relents homophobes, Piche ne cherche pas seulement à faire vivre le rap queer mais démontrer que cette esthétique n'est pas réservée à "une catégorie de personnes".
"C'est pour ça que je fais du rap aussi, pour montrer qu'il appartient à tout le monde, qu'on peut tous en faire", explique la rappeuse, trait d'union à paillettes entre deux mondes a priori très éloignés.
"C'est le message d'espoir que j'ai envie de véhiculer dans ma musique et peut-être, je crois, pour l'avenir", estime-t-elle.
Entretien avec Paloma, gagnante du Drag Race France
Perruque et "gros son"
Si elle ose se lancer, c'est grâce à son frère jumeau qui pratique déjà cette musique et l'aide à façonner la sienne.
Auparavant, la drag barbue a mené une carrière de danseuse professionnelle, avant de se faire connaitre du grand public en participant à la deuxième saison du concours télévisé "Drag Race France" en 2023, puis à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques à Paris, aux côtés de ses copines Nicky Doll et Paloma.
Dans ses concerts, la danse sera présente, "forcément". Pour le reste, la rappeuse ne s'interdit rien, du piano-voix au "gros son avec de l'autotune", dans un univers musical qui se veut "respectueux avant tout".
Sa seule crainte se situe au niveau de ses nombreuses "contraintes techniques": costumes, ongles, corset, fausses fesses... Même si le concert ne sera pas un spectacle de drag, l'artiste ne compte pas se départir de son personnage. "La seule chose que j'espère, c'est que ma +wig+ ("perruque", NDLR) restera en place tout le long", sourit-elle.
Dans l'art protéiforme du drag, Piche a trouvé "la liberté totale" de s'exprimer, réaliser ses rêves de jeunesse et se réinventer sans cesse. Hier danseuse, aujourd'hui rappeuse, et demain ? "Je ne suis absolument fermée à rien."
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