D'anciens enfants placés appellent l'Etat à reconnaître ses "défaillances"

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D'anciens enfants placés à l'Aide sociale à l'enfance (Ase) ont appelé mardi l'Etat à reconnaître ses "défaillances" et à mettre un terme aux "violences institutionnelles" à l'occasion de la publication d'un nouveau rapport sur les dysfonctionnements du secteur.
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"Enfants placés, oubliés de la République", "on n'est pas des objets", "stop vos économies sur les vies d'enfants", "tu casses l'Ase, tu répares l'Ase", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par une dizaine de jeunes rassemblés près de l'Assemblée nationale.

Embolisé, le secteur de l'Ase (ex-Ddass) vacille depuis plusieurs années, ébranlé par un manque de budget, une pénurie de professionnels, un épuisement des acteurs de terrain et une justice saturée. 

La situation a fait l'objet de plusieurs rapports, dont le dernier - celui de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale - a été publié mardi matin. La commission y émet plusieurs préconisations, dont une loi de programmation ou encore une commission réparation. 

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"Un milieu extrêmement violent"

"Il faut qu'on soit entendus, que l'Etat accepte qu'il y a eu une défaillance énorme sur nous, et qu'il y ait justice et réparation", indique à l'AFP Quentin, 21 ans, placé de ses 4 ans à ses 19 ans. 

"Cela fait des années qu'on tire la sonnette d'alarme, on ne peut plus rester les yeux fermés sur ces drames, les violences institutionnelles doivent prendre fin", ajoute ce membre du "comité vigilance des enfants placés". 

Un avis partagé par Laurence, 39 ans. Placée de ses 12 ans à ses 18 ans, elle déplore que l'Aide sociale à l'enfance reste la "zone d'ombre dans les politiques publiques" alors que les enjeux sont "immenses" tant "pour les jeunes que pour la société dans son ensemble". 

"La société entière subit ces dysfonctionnements", souligne-t-elle, citant "la délinquance", "des personnes qui sont plus susceptibles de demander des aides sociales", des "personnes qui peuvent être dans des situations précaires et qui peuvent avoir des enfants qui eux-mêmes vont se retrouver dans des situations précaires".

Son passage à l'Ase a été "catastrophique", raconte-t-elle. "Je voulais faire des études, on ne voulait pas me laisser en faire. Et c'est un milieu extrêmement violent. On n'est pas préparé à ce climat." 

Pour Deborah, ancienne enfant placée et désormais travailleuse sociale, "l'urgence est d'apporter une bonne fois pour toutes du crédit aux rapports. On est dans la répétition de constats accablants et pendant ce temps-là quel avenir pour ces enfants ?"

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