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Deux-Sèvres : perpétuité requise contre l'accusé d'un féminicide

La réclusion criminelle à perpétuité a été requise, mercredi à Niort, au procès d'un homme jugé pour avoir tué son ex-compagne en 2022, ce qu'il nie, un mois après qu'elle eut porté plainte contre lui en disant avoir "très peur".
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"Nous sommes au-delà du meurtre. Il y a eu la volonté d'anéantir la victime, de détruire son corps, de le rendre méconnaissable", a lancé l'avocate générale, Nina Blanchon, lors de son réquisitoire devant la cour d'assises des Deux-Sèvres.

Elle a réclamé que la peine soit assortie d'une période de sûreté de 22 ans, d'une obligation de soins et d'une interdiction d'approcher les filles de la victime, Patricia Gomit.

Cette auxiliaire de vie sociale avait 51 ans quand son corps ensanglanté, présentant de multiples fractures causées par les coups d'un objet contondant, a été retrouvé chez elle, le 11 juin 2022.

Son ex-compagnon âgé de 58 ans, Yunus Cosgun, comparaît depuis lundi à Niort. Elle avait déposé plainte contre lui le 8 mai précédent pour des violences et des menaces de mort, une procédure classée sans suite.

Déjà condamné à 13 reprises, "il a une personnalité de type psychopathique avec une forte impulsivité, sans empathie et sans culpabilité", a décrit la magistrate.

"Tout ce que vous racontez, c'est des conneries. Moi je n'ai rien à voir avec cette histoire. J'aimerais bien savoir qui a tué Madame Gomit", avait déclaré Yunus Cosgun à l'ouverture du procès.

"Je regrette pour la victime, je suis désolé", a-t-il dit avant que la cour se retire pour délibérer mercredi, après avoir persisté dans ses dénégations.

"Seul lui sait ce qu'il s'est passé" mais "il change de version constamment, à chaque audition, à chaque interrogatoire, même pendant l'audience", a pointé l'avocate générale, ajoutant : "C'est son droit le plus strict de mentir (...) Mais nous n'avons pas à le croire."

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"Pas prise au sérieux"


L'accusé soutient avoir été enlevé, alors qu'il se trouvait chez la victime, par plusieurs personnes qui l'auraient obligé à conduire son véhicule jusqu'en Espagne, puis être revenu sur les lieux, une fois libéré, pour s'enquérir du sort de la quinquagénaire selon ses dires.

Des explications qui ne collent pas avec l'enquête, selon l'avocate générale, qui a cité notamment des enregistrements de disputes où le mis en cause disait qu'il partirait à l'étranger s'il tuait son ex-compagne.

"Il y a des preuves dans ce dossier. La vidéosurveillance au distributeur d'argent. Le sang de Patricia sur son short. Son seul ADN retrouvé sur Patricia Gomit. Sa fuite en Espagne", a abondé l'avocat des parties civiles, Me Fabien Arakelian.

"Les preuves font défaut", a rétorqué celui de l'accusé, Me Ambroise Garlopeau, plaidant l'acquittement. "Rien ne permet d'affirmer avec certitude qu'il a bien donné ces coups. Il n'y a rien. Il n'y a pas de témoin. Aucune arme retrouvée et aucun mobile. Il y a des indices mais rien sur les faits", a-t-il insisté.

"S'il était coupable, pourquoi Monsieur Cosgun serait-il revenu sur les lieux du crime ? (...) La plainte de Madame Gomit n'est pas une preuve de culpabilité. Elle a été classée sans suite car l'infraction a été insuffisamment caractérisée", a ajouté le conseil. Ecartant aussi les SMS envoyés par la victime à des proches, auxquels elle confiait ses craintes : "Les messages ne permettent pas de dire qu'il a porté les coups fatals."

Me Arakelian, pour qui "ce dossier comporte tous les marqueurs des féminicides", ne veut pas "faire le procès de l'institution judiciaire" mais estime que la plainte déposée par la victime un mois avant les faits, où elle disait avoir "très peur", n'a pas été "prise au sérieux".

"On aurait pu au moins déférer M. Cosgun, le placer sous contrôle judiciaire", a-t-il déploré.

Le verdict est attendu mercredi soir.

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