Édouard Philippe, coscénariste d'une série... sur une campagne présidentielle

France Télévisions va diffuser une série adaptée du roman "Dans l'ombre" de l'ex-premier ministre Édouard Philippe et de Gilles Boyer.
Crédit : Eric Fougere/Corbis via Getty Images

Le roman de l'ex-Premier ministre Édouard Philippe et de son conseiller Gilles Boyer était sorti en 2011, son adaptation en série arrive à point sur France Télévisions : "Dans l'ombre" narre une campagne présidentielle haletante en 2025, vue depuis le camp de la droite.

Les six épisodes de ce thriller coécrit et réalisé par le cinéaste Pierre Schoeller seront en ligne sur le site de france.tv mercredi, avant leur diffusion sur France 2 à partir du 30 octobre.

Dans cette course à l'Elysée sous haute tension, Paul Francoeur, incarné par Melvil Poupaud, gagne l'investiture de son parti face à Marie-France Trémeau, pourtant favorite, jouée par Karin Viard. Mais la machine s'enraye quand le plus proche conseiller de Francoeur, César (Swann Arlaud), reçoit un coup de fil anonyme l'informant du trucage de cette primaire.

Il s'agit de l'adaptation du roman "Dans l'ombre", écrit par Edouard Philippe et Gilles Boyer il y a près de quinze ans, remis au goût du jour avec notamment l'impact des réseaux sociaux sur une campagne.

Mais les calendriers s'entrechoquent : l'ancien Premier ministre, à la tête du parti Horizons, s'est déclaré début septembre candidat à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2027.

France Télévisions avait approché les auteurs dès 2016... avant que Matignon ne les accapare de 2017 à 2020. Le projet n'a pu reprendre qu'ensuite, lorsqu'Édouard Philippe est redevenu maire du Havre.

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"Pas une série à clé"

Les deux hommes se sont pris au jeu de la série et, de consultants de luxe, sont passés à de véritables coscénaristes, étant même, très occasionnellement, présents en plateau. 

"Nous avons trouvé un modus vivendi", décrit le maître d'oeuvre Pierre Schoeller. Sa réalisation est rythmée et léchée, "l'équivalent de trois longs-métrages en trois-quatre ans", dit-il à l'AFP.   

La série plonge au coeur d'une équipe de campagne, qui doit parer aux coups, aux trahisons et imprévus. Mais pas la peine de chercher qui est qui, prévient Gilles Boyer, actuel eurodéputé.

"Ce n'était pas un roman à clé, ce n'est pas une série à clé", a martelé à France Culture l'ancien directeur de campagne d'Alain Juppé pour la primaire de la droite de 2016, puis conseiller spécial d'Edouard Philippe devenu chef du gouvernement. Et de lancer: "Nous aimerions qu'on accepte qu'on écrive de la fiction".

Les personnages font référence "à des métiers", ceux "qui font tourner la machine derrière les têtes d'affiche", avait-il expliqué en mars au festival Séries Mania à Lille.

Gilles Boyer connaît bien la figure centrale de César l'apparatchik, deuxième cerveau du candidat. Il est toujours calme, parfois cynique, un vrai "guerrier qui sert un maître", comme il se définit dans la série.   

À ses côtés, Paul Francoeur est un candidat charismatique, alliant "charme et ambiguïté" selon Melvil Poupaud. Sa particularité est d'être en fauteuil roulant, après un accident - un personnage construit notamment en étudiant l'ancien ministre allemand Wolfgang Schäuble, en fauteuil après un attentat.

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"Épreuve de loyauté"

Quant à son opposante interne Marie-France Trémeau, elle affiche sa fermeté et tente de le doubler par la droite. Pierre Schoeller avait en tête "une figure féminine forte comme Christine Lagarde". Mais "j'ai pensé qu'elle pouvait être dans le style de Rachida Dati", actuelle ministre de la Culture, "qui affirme sa féminité dans une forme d'agressivité", a déclaré Karin Viard à Télé 7 Jours.   

S'ajoutent une communicante dévouée (incarnée par Evelyne Brochu), une auteure en immersion pour écrire sur la campagne (Maud Wyler) et encore une petite main de l'équipe pleine d'ambition (Baptiste Carrion-Weiss).  

Pour Pierre Schoeller, c'est une première série. Le cinéaste avait déjà creusé le sillon politique avec "L'exercice de l'Etat" sur la vie d'un cabinet ministériel (trois César en 2012 dont un pour Michel Blanc).

Son moteur pour "Dans l'ombre" a été de raconter "une épreuve de loyauté", alors que le poison du doute s'insinue dans l'entourage du candidat. 

Que dit cette série du pouvoir? "C'est la volonté d'un homme qui a une conviction acharnée en lui. Mais il ne peut y aller seul", fait valoir le réalisateur, pour qui "la puissance politique est humaine".  

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