En Charente-Maritime, un viol jugé presque 16 ans après les faits

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Quinze ans, sept mois et treize jours. C'est le temps écoulé entre le viol dénoncé par une femme atteinte d'un handicap mental et le procès de son ex-petit ami qui s'ouvre vendredi devant la cour criminelle de Charente-Maritime.
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La victime, âgée 44 ans, en avait 29 au moment des viols et actes de barbarie qu'elle dit avoir subis en septembre 2009.

Trois mois à peine après le début de leur relation, elle se jette par la fenêtre et fait une chute de six mètres pour échapper à son partenaire violent et humiliant selon ses dires. Elle dépose plainte mais une ordonnance de non-lieu est délivrée en 2012.

À l'époque, "il a été considéré que le mis en cause était connu comme quelqu'un de charmant, sans antécédent de violences sexuelles sur son casier judiciaire et qu'elle avait une 'sexualité libérée'", a relaté à l'AFP la veille de l'audience Me François Drageon, l'avocat de la plaignante. 

En 2016, celle-ci découvre dans la presse que son ex-petit ami vient d'être condamné pour viols et violences par concubin sur une autre victime à une peine de 12 ans de réclusion criminelle, qui sera réduite à 10 ans en appel.

Le parquet rouvre alors l'enquête pour élément nouveau mais la procédure prendra encore plusieurs années.

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L'avocat se dit "scandalisé" par son "caractère exceptionnellement long", dénonçant "un système complètement à bout de souffle, matériellement et, parfois, idéologiquement".

"C'est la chronique d'un dossier que l'institution ne voulait pas voir sortir", estime Me Drageon, pour qui la justice a sous-évalué les faits, notamment en raison du handicap mental de sa cliente.

Le parquet n'a pas souhaité faire de commentaires en amont du procès où l'accusé, âgé de 44 ans, comparaît libre, ayant purgé sa peine dans l'autre affaire.

En 2021, le procureur de la République à La Rochelle de l'époque, Laurent Zuchowicz, avait déclaré à Sud Ouest que le dossier n'était "jamais demeuré inactif". 

"Une information judiciaire prend du temps dans la mesure où les vérifications, auditions de personnes situées dans d'autres ressorts ou encore les expertises, nécessitent un certain temps, sans compter les voies de recours offertes aux parties tout au long de la procédure", avait-il expliqué. 

Le procès, à cheval sur un week-end, doit s'achever lundi.

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