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Climat : un lien entre aridité et instabilité sociale, selon une étude

Les périodes les plus arides ont coïncidé avec des périodes d'agitation politique en Chine, selon une récente étude portant sur des milliers d'années de précipitations, qui établit un lien historique entre stress climatique et chaos.
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Une étude publiée ce mois-ci dans la prestigieuse revue Nature se fonde sur l'analyse des cernes annuels d'arbres, des Juniperus przewalskii ("genévriers de Przewalski"), sur le plateau tibétain, situé dans le sud-ouest de la Chine.


Elle donne un aperçu de la manière dont le stress climatique a façonné les sociétés et les changements de pouvoir durant des millénaires.


"Compte tenu des préoccupations croissantes concernant le changement climatique au niveau mondial, il est essentiel de comprendre les changements historiques et actuels" en matière de sécheresse et de cycle de l'eau, écrivent les chercheurs dans l'étude.


Les variations des isotopes des cernes annuels ont été utilisées pour comprendre les variations des précipitations au fil du temps.


Les chercheurs, dont beaucoup sont de l'Académie chinoise des sciences, ont ainsi pu reconstituer les archives climatiques des 3.476 dernières années.


L'étude estime que "l'essor et la chute de plusieurs dynasties chinoises correspondent au moment de changements significatifs vers des conditions arides, avec trois phases distinctes de baisse des précipitations à long terme après une longue période humide".

Avec Dario Schwörer lors d'une excursion en Suisse

Une étude basée sur trois phases de sécheresse au cours de l'histoire


Durant la première phase de sécheresse (de -110 à +280), lorsque le climat est devenu aride en 14 après J.-C., la famine et les cas de cannibalisme se sont multipliés, entraînant des soulèvements généralisés qui ont finalement abouti au renversement de l'éphémère dynastie Xin (9-23), selon le rapport.


Cette phase a également coïncidé avec les guerres de la période des Trois Royaumes, qui, associées à une famine généralisée causée par la sécheresse, ont entraîné un plongeon de la population chinoise (de 60 à 30 millions d'habitants), selon le rapport.


Après une deuxième période (330-770) qui couvre notamment les dynasties Sui et Tang, une troisième (950-1300) correspond à la dynastie Song et à son déclin.


"Les conditions humides des premières phases de chaque dynastie étaient associées à des périodes de prospérité, tandis que le passage progressif à l'aridité coïncidait systématiquement avec leur déclin et leur effondrement final", note l'étude.


L'année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde et en Chine. Les phénomènes météorologiques extrêmes qui en ont découlé ont causé pour 310 milliards de dollars de pertes, selon le groupe d'assureurs Swiss Re.

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