Que recèlent les fonds marins ?
Les fonds marins abritent trois sources de métaux qui ont pris des milliers, voire des millions d'années, pour se former.
Les nodules polymétalliques sont des galets de la taille d'une pomme de terre qui résultent de la lente précipitation de minéraux autour de fragments tels que des dents de requins ou des os d'oreille de poisson. Présents à des profondeurs de 4.000 à 6.000 mètres, particulièrement dans la zone de Clarion-Clipperton dans le Pacifique, entre Hawaï et le Mexique, ils contiennent principalement manganèse, fer, cobalt, cuivre et nickel.
Les encroûtements sont des amas rocheux à des profondeurs de 400 à 4.000 mètres, formés par l'agrégation de métaux contenus dans l'eau de mer, avec notamment une zone explorée dans le nord-ouest du Pacifique. Ils contiennent du manganèse, du fer, du cobalt et du platine.
Les amas sulfurés ou sulfures polymétalliques sont des dépôts minéraux riches en métaux (cuivre, zinc, or, argent) autour de cheminées d'où est expulsée de l'eau enrichie en métaux dissous. On trouve ces amas entre 800 et 5.000 mètres de profondeur, au niveau des dorsales ou aux abords de volcans sous-marins, dans les océans Atlantique et Indien.
MÉTIER EXTRÊME — sous-marinier
Pourquoi les exploiter ?
Le cobalt et le nickel sont des éléments essentiels des batteries pour véhicules électriques, et qui viennent aujourd'hui de minerais extraits de mines sur terre avec des coûts environnementaux et humains conséquents, sans compter le raffinage à l'aide de produits chimiques, qui génère des rejets volumineux et toxiques. Les câbles électriques sont en cuivre et la demande va exploser avec l'électrification de l'économie au 21e siècle.
Les partisans de l'exploitation minière sous-marine arguent que récupérer les nodules posés sur le fond du Pacifique n'implique pas d'avaler et de réduire en poussière des montagnes ou des roches du sous-sol, comme dans les mines terrestres.
Quels coûts environnementaux ?
Les abysses, qui jouent un rôle dans le stockage de CO2, sont un milieu méconnu, jusqu'alors vierge d'activités humaines mais riche en vie.
Des activités minières risquent de perturber ou de détruire des écosystèmes dont on ignore presque tout, s'inquiètent les scientifiques et défenseurs de l'environnement.
Selon l'initiative scientifique internationale Ocean Census, seules 250.000 espèces sont connues, sur les deux millions qui peupleraient les océans.
Des activités minières pourraient détruire l'habitat d'organismes benthiques (qui vivent sur, dans ou près des fonds marins), modifier la chimie locale de l'eau, générer de la pollution sonore et lumineuse, voire des fuite de produits chimiques des machines et équipements, s'alarme Greenpeace.
32 Etats, dont l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada, le Mexique et le Brésil soutiennent un moratoire ou une pause dans les eaux internationales, selon la Deep Sea Conservation Coalition (DSCC), une coalition d'ONG. La France prône même une interdiction.
Où en est-on ?
Aucune extraction minière commerciale n'a aujourd'hui lieu dans les fonds marins, mais certains Etats ont lancé, ou s'apprêtent à le faire, l'exploration dans leurs zones économiques exclusives (jusqu'à 200 miles nautiques des côtes, soit 370 km).
Seules les technologies pour récolter industriellement les nodules sont avancées.
Outre le Japon, les îles Cook ont attribué en 2022 des licences d'exploration à trois entreprises dans leurs fonds marins. Elles coopèrent aussi avec la Chine.
En Europe, la Norvège avait prévu d'ouvrir son plancher océanique cette année mais un compromis politique a obligé le gouvernement à repousser l'attribution de permis d'exploration à 2026.
Dans les eaux internationales, en haute mer, c'est l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM) qui autorise ou non l'exploitation des fonds marins. Elle a accordé des permis à de multiples sociétés et pays pour explorer, c'est-à-dire tester leurs technologies, mais pas encore pour exploiter.
Ecartelée entre partisans de l'extraction et défenseurs d'un moratoire, elle peine à accoucher d'un "code minier" en négociation depuis 2014.
Perdant patience, l'entreprise canadienne The Metals Company (TMC) a annoncé en 2025 son intention de contourner l'AIFM et de solliciter les Etats-Unis de Donald Trump - qui ne sont pas membres de l'organisme multilatéral - pour commencer à exploiter des minerais en haute mer.
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