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Intoxication au plomb au château de Versailles : jusqu'à 15 mois avec sursis et 150.000 euros d'amende requis

Une "faillite collective": le parquet de Versailles a requis mercredi des peines allant de 3 à 15 mois de prison avec sursis à l'encontre de six hommes jugés pour ne pas avoir protégé des ouvriers contre une contamination au plomb sur le chantier de l'opéra royal du château de Versailles en 2009.
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Contre l'ancien président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) François Asselin, poursuivi pour blessures involontaires et subornation de témoins, la procureure Nathalie Frydman a demandé 15 mois avec sursis et 20.000 euros d'amende.

C'est sa société, jugée comme personne morale, qui employait sur ce chantier les cinq menuisiers intérimaires, parties civiles au procès: le ministère public a requis 150.000 euros d'amende à l'encontre de l'entreprise.

"Ce sont pour moi les acteurs principaux de ce drame", a estimé Mme Frydman dans son réquisitoire, qui a débuté par des excuses pour la durée de cette procédure. Cinq juges d'instruction se sont succédé depuis plus de 15 ans.

L'employeur n'a pas été tenu pour seul responsable: sur le banc des prévenus, "tout le monde sait qu'il y a du plomb au château de Versailles, ça a été dit et redit, personne ne pouvait l'ignorer parmi les responsables", a poursuivi la procureure. 

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"Un déni de responsabilité"

Jugés depuis lundi devant le tribunal, les prévenus sont "dans un déni de responsabilité où l'on dit 'ce n'est pas moi, c'est l'autre'", a résumé la représentante de l'accusation. 

À l'encontre du maître d'ouvrage, l'opérateur du patrimoine et projets immobiliers de la culture (OPPIC), qui aurait dû selon elle fournir une étude plus précise quant à la présence de plomb, elle a demandé 50.000 euros d'amende.

Le parquet a en outre requis trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende contre le maître d'oeuvre Frédéric Didier, architecte en chef des monuments historiques en charge du château.

"Il manquait Monsieur Pas-Moi sur le banc des prévenus", a ironisé Me Mélinda Voltz dans sa plaidoirie. 

Elle défend un de ces ouvriers pour qui cette intoxication a eu des conséquences dramatiques: il a perdu une grande partie de ses dents et a été un temps SDF, dormant dans sa voiture, faute d'emploi et de revenus. 

"On a bien vu que c'était de la chair à canon qu'on a envoyé au charbon", sans équipement de protection adapté, a ajouté l'avocate devant les prévenus impassibles. 

"Ce n'est pas tant le procès d'un système mais d'un état d'esprit d'une société qui fait passer l'or avant le plomb, et le profit avant toute considération liée à la vie humaine", a fustigé Me Jean-Jacques Neuer, conseil de deux ouvriers.

La défense a plaidé la relaxe. 

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