L’affaire John List et ses ressemblances troublantes avec l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès 

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‍Xavier Dupont de Ligonnès était aux États-Unis quand l’affaire John List faisait la une des journaux. Un homme qui a également tué toute sa famille, en novembre 1971, avant de disparaître pendant 18 ans. Les ressemblances entre ces deux affaires sont troublantes.
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Nous sommes en 1971 à Westfield, dans le New Jersey. Dans ce somptueux manoir de 18 pièces vit une famille relativement aisée, du moins en apparence.

À son arrivée dans le New Jersey en 1965, John List est vice-président et contrôleur d’une banque.

Avec sa femme Helen, ils ont trois enfants : Patricia, 16 ans, Frederick, 13 ans, et John, 15 ans.

Tous vivent ensemble, avec la mère de John, Alma, dans un manoir victorien qui possède une magnifique salle de bal.

Le jour de la tuerie

Le 9 novembre 1971, John List a 46 ans. Il retrouve sa femme en train de prendre son petit-déjeuner dans la cuisine. Un coup de feu retentit. Helen est morte.

Ni une ni deux, il se rend au troisième étage retrouver sa mère. Un autre coup de feu retentit. Alma est morte.

Pour ne pas éveiller les soupçons de ses enfants avant qu’ils ne rentrent de l’école, John List traîne le corps de sa femme dans la salle de bal et s’empresse de tout nettoyer derrière lui.

Patricia et Frederick rentrent de l’école. Deux victimes s’ajoutent au compteur.

Alors que gisent les corps de sa femme, de sa mère et de ses deux enfants dans la maison, il se prépare à manger comme si de rien n’était et part assister au match de football de son petit dernier, John. Une fois à la maison, il ne l’épargne pas non plus et lui tire une douzaine de fois dessus.

Méthodiquement, il aligne les quatre corps dans la salle de bal, celui de sa mère étant resté à l’étage car il était trop lourd.

Il informe l'école des enfants que lui et sa famille doivent déménager en Caroline du Nord pour s’occuper de la mère d’Helen, qui serait gravement malade. Il annule son abonnement chez le livreur de lait et prévient la poste de ne plus livrer de courrier à son domicile.

Gagner du temps

Le lendemain de la tuerie, John List met son autre plan à exécution : gagner du temps.

Il baisse la température de la maison pour éviter que les corps ne se décomposent. Il allume toutes les lumières et met de la musique. Il se dit qu’en agissant ainsi, les voisins se diront qu’il y a quelqu’un à l’intérieur.

Il se munit d’une feuille et d’un stylo et écrit à son pasteur : “Au moins, je suis certain que tous sont allés au paradis maintenant. Si les choses avaient continué ainsi, qui sait si ce serait le cas.”

Mais de quoi parle-t-il ?

Il se rend ensuite à l’aéroport John-F.-Kennedy, à New York, et y laisse sa voiture pour finalement prendre un bus et se rendre en ville. Un seul objectif : brouiller les pistes.

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Dans sa cavale, rien n’est laissé au hasard.

Il a tout fait pour gagner du temps et ça a fonctionné. Les corps ne sont retrouvés qu’un mois après. Un mois…

Lorsque la police pénètre sur les lieux, la musique est toujours en train de tourner.

L’arrestation de John List

Il aura fallu 18 ans pour que John List soit arrêté, en 1989. Durant ces années, il a refait sa vie à Richmond, en Virginie, sous la fausse identité de Robert Clark, marié à une femme prénommée Delores Clark.

Sa trace a été retrouvée grâce à l’émission America’s Most Wanted qui, avec l’aide des téléspectateurs, tente de résoudre des affaires criminelles jamais élucidées.

Durant son procès, il nie son implication dans cette tuerie, puis finit par avouer.

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John List était un homme criblé de dettes et avait perdu son emploi. Chaque matin, il faisait semblant d’aller travailler. Cela a duré cinq ans. Cinq ans durant lesquels, chaque matin, il enfilait son costume de banquier, disait au revoir à sa famille, se rendait à la gare, montait dans le train et descendait quelques arrêts plus loin. Personne ne sait ce qui occupait ses journées, mais il ne s’était jamais résolu à avouer la vérité à sa famille.

En 1990, il est condamné à la perpétuité.

L’une des justifications apportées pour ce quintuple meurtre est la promesse de leur offrir une vie meilleure dans l’au-delà. “J’ai l’impression qu’une fois au paradis, nous ne nous soucierons plus de ces choses terrestres. Soit ils m’auront pardonné, soit ils ne se rendront pas compte de ce qui s’est passé”, a-t-il déclaré à Connie Chung de Downtown, lors d'une interview à la prison d'État du New Jersey, à Trenton.

Il meurt en 2008, à l’âge de 82 ans, des suites d’une pneumonie.

Les similitudes troublantes avec l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès

L’affaire Xavier Dupont de Ligonnès a éclaté en 2011 et, depuis, ne cesse de fasciner et de déchaîner les passions.

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Pour rappel, Xavier Dupont de Ligonnès, aussi connu sous le pseudonyme XDDL, a également tué toute sa famille en avril 2011, à Nantes, puis a enterré les corps dans son jardin avant de disparaître complètement.

Qu’il soit mort ou vivant, il n’a plus jamais été revu. Cela fait 14 ans.

John List et lui sont deux hommes croulant sous les problèmes financiers, tous deux issus d’une famille très religieuse.

Ils sont aussi très méthodiques dans leur façon d’agir. Dans ces deux affaires, tout semble avoir été calculé, et le mot d’ordre était : gagner du temps avant la découverte des corps.

Le père de famille nantais a également informé les écoles de ses enfants ainsi que l’employeur de sa femme qu’ils devaient précipitamment partir. Dans son cas, c’était pour l’Australie, pour des raisons professionnelles.

À la fin des années 1980, XDDL se rend aux États-Unis avec un ami, un voyage qui durera plusieurs mois.

Cerise sur le gâteau, c'est le moment où l’affaire John List fait la une des journaux télévisés…

Rien ne permet de prouver aujourd’hui un quelconque lien entre ces deux affaires. Le but est seulement de mettre en parallèle les ressemblances entre ces deux cas.

À noter que, même si les ressemblances sont troublantes, ces deux affaires présentent aussi des différences majeures, que ce soit dans le mode opératoire ou dans les motivations de ces crimes qui, dans le cas de Xavier Dupont de Ligonnès, ne restent encore que des suppositions.

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