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Seize ans de réclusion pour trois jeunes dealers toulousains accusés du meurtre de leur fournisseur

Trois jeunes trafiquants de drogue toulousains, issus de milieux favorisés, ont été condamnés mardi à 16 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de leur fournisseur dont le corps avait été retrouvé calciné au printemps 2021.
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L'avocate générale Lisa Bergereau avait requis une peine de 20 ans.


Agés de 18 et 20 ans au moment des faits, les trois jeunes hommes ont reconnu les faits mais assuré que le meurtre n'était pas prémédité, qu'ils avaient paniqué et que le coup de feu était parti accidentellement.


Peu avant 20H00, le 18 avril 2021, le pourvoyeur habituel des trois accusés est enlevé en plein centre de Toulouse, puis tué d'une balle dans la tête à l'arrière de la Peugeot 308 de l'un d'eux.


Une heure plus tard, la voiture est abandonnée en feu, le cadavre à l'intérieur, en rase campagne, près du village de Clermont-le-Fort, à 20 minutes de Toulouse. 

Emprise du cannabis


Dans son réquisitoire, l'avocate générale avait estimé que ce jour-là, "tous les ingrédients (étaient) réunis pour ce que ça se passe mal: consommation de cannabis toute la journée, une arme chargée", "l'orgueil démesuré" de dealers s'estimant victimes d'une escroquerie et une "naïveté mortifère".


Addiction au cannabis, personnalités fragiles, en échec scolaire: psychiatres et psychologues ont décrit des jeunes en perte de repères. Les parents (une institutrice, une avocate, un professeur, un commercial, une cadre de l'aéronautique) semblent désarmés ou sont absents.

Trois dealers toulousains jugés pour l'enlèvement et l'assassinat de leur fournisseur


En détention préventive depuis près de quatre ans, les trois accusés, aux allures d'adolescents, sont restés impassibles à l'énoncé du verdict.


Niant toute préméditation, ils affirment avoir seulement voulu faire peur à Tony Fresneau, surnommé La Dose, avec un fusil à canon scié, récupérer leur argent ou de la drogue, pour se venger d'une vente de kétamine jugée frauduleuse.


Lors de leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont insisté sur la "fragilité" des accusés, les qualifiant de "gamins", "gosses" ou "enfants", qui ont tué "par accident".

"Traumatisés"


"Vous jugez des gamins qui le temps d'un éclair, d'une détonation, ont commis l'irréparable", a plaidé Pierre Dunac, avocat d'un des trois accusés.


"Ces trois-là, ne sont jamais que trois gamins fragiles", "installés dans une petite délinquance dont on n'appréhende pas l'entièreté de la dangerosité". "Le cannabis n'est pas seulement un sédatif au mal-être, ça tue les neurones, ça altère l'envie, l'ambition, on décroche", a-t-il encore déclaré durant sa plaidoirie.


"Ils sont traumatisés par ce qu'ils ont fait. C'est une tragédie", a aussi plaidé Emmanuelle Franck, l'avocate du jeune accusé d'avoir appuyé sur la gâchette.


"Tout était planifié. Pas un faux pas", avait martelé, en regardant les trois jeunes dealers, Brice Zanin, avocat des parents de la victime, qui avait une clientèle "haut de gamme", dont des personnalités et notables de la ville.


"Et on vient vous dire qu'on s'est laissé dépasser, que ce n'était pas prévu. Ça permet de se retrancher dans le +ce n'est pas tout à fait moi+", avait plaidé lundi l'avocat de la partie civile.


Outre la peine d'emprisonnement, la cour d'assises de Haute-Garonne a condamné les trois accusés à une obligation de suivi socio-judiciaire pendant cinq ans, ainsi qu'une obligation de travail et de formation.

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